Les Pin-Ups du Festival - Jafar Panahi - Cinéma de la plage - Christophe Honoré - L'ACID
Compétition officielle - Cannes Classics célébre Kubrick - Festival de Cannes 2011
LES PIN-UPS AU PALAIS DES FESTIVALS, par Gérard Crespo (11/05/11)
Ne cherchez pas Lady Gaga, Marion Cotillard, Mélanie Laurent ou Carla Bruni en ce jour d'ouverture du Festival. Les véritables divas se trouvent dans le hall du théâtre Debussy qui accueille la Collection Kobal pour célébrer à travers une exposition l’univers glamour des pin-ups. À partir d’archives de diverses provenances a été rassemblée une fabuleuse collection de photographies : une occasion rêvée pour découvrir tout l’éventail des postures aguicheuses de grandes stars ou starlettes espiègles, en tenue de panthère, fine guêpière ou maillot de bain, sur fond de satin ou plage de sable fin. Gene Tierney, Yvonne De Carlo, Grace Kelly, Jane Russell, Doris Day, Rita Hayworth, Brigitte Bardot, Ava Gardner, Marilyn Monroe, Carole Lombard, Elizabeth Taylor, Joan Crawford, Esther Williams ou Leslie Caron raviront les cinéphiles et nostalgiques. Une attrayante galerie de vedettes masculines (Tony Curtis, Errol Flynn, Cary Grant, Randolph Scott...) complète une collection somptueusement riche et décorative.
JAFAR PANAHI ET MOHAMMAD RASOULOF EN COMPETITION OFFICIELLE, par Gérard Crespo (07/05/2011)
Depuis un an, Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof sont devenus les emblèmes de la répression artistique en Iran : les deux cinéastes ont été arrêtés le 1er mars 2010, soupçonnés de préparer un film hostile au gouvernement, après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad. Ils ont été condamnés à six ans de prison assortis de vingt ans d'interdiction de filmer et de quitter le territoire pour cause de "participation à des rassemblements et propagande contre le régime."
Ces derniers mois, chacun a pu tourner un film, dans des conditions encore à éclaircir. Ceci n'est pas un film, de Panahi et Mirtahmasb, sera présenté en séance spéciale. Au revoir, de Rasoulof, s'ajoute à la sélection d'Un certain Regard.
"Le film de Panahi est son journal de bord, il raconte sa vie durant ces derniers mois, confie Thierry Fremeaux, délégué général du festival. Durant 75 minutes, on voit un homme de conviction, qui assume son destin, mais on sent aussi le réalisateur inquiet. Celui de Rasoulof est une fiction de 1h40, l'histoire d'une jeune femme, avocate, interprétée par Leyla Zareh, qui cherche à quitter l'Iran et subit tous les tracas administratifs. C'est un film urbain, absolument magnifique."
"Panahi et Rasoulof sont cinéastes, leur geste nous dit qu'ils ne peuvent pas s'empêcher de tourner, poursuit Thierry Frémaux. Si nous avons retenu ces deux films, c'est avant tout parce qu'ils sont très beaux. Mais les programmer a du sens, évidemment : que Panahi et Rasoulof les adressent à Cannes, en même temps, la même année, alors qu'ils connaissent la même infortune est un signe très fort : Cannes comme institution internationale qui les protège, la communauté mondiale du cinéma comme une sorte de fraternité allant de soi."
Jafar Panahi, 50 ans, est l'une des figures les plus influentes de la nouvelle vague iranienne : ses films pointent les inégalités et l'absence de liberté en Iran. Interdits dans son pays, ils sont régulièrement appréciés dans les festivals internationaux dont Cannes : Le ballon blanc a obtenu la Caméra d'or en 1995 et Sang et or a été l'un des moments forts de la section Un certain Regard en 2003.
Plus jeune (né en 1973), moins connu mais tout aussi critique à l'égard du régime, Mohammad Rasoulof a réalisé plusieurs films dont La vie sur l'eau, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, en 2005.
CINEMA DE LA PLAGE : DEMANDEZ LE PROGRAMME !
Chaque soir, du 15 au 24 mai, le Cinéma de la Plage, projection en plein air du Festival, offre au public l'occasion de voir une sélection de films. La séance, accessible à tous dans la limite des places disponibles, débutera chaque soir à 20h30 sur la Plage Macé, sous réserves de conditions météeorologiques favorables. Chaque film sera précédé d'un court métrage.
Jeudi 12 Mai
100 000 DOLLARS AU SOLEIL de Henri Verneuil - 1965
Vendredi 13 Mai
LE BATEAU de Wolfgang Petersern - 1981
Samedi 14 Mai
ET VOGUE LE NAVIRE de Federico Fellini - 1984
Dimanche 15 mai
BOLLYWOOD, LA PLUS BELLE HISTOIRE D'AMOUR de Rakeysh Omprakash Mehra, Jeffrey Zimbalist - 2011
Lundi 16 Mai
OURAGAN SUR LE CAINE de Edward Dmytryk - 1954
Mardi 17 Mai
ATLANTIQUE, LATITUDE 41° de Roy Ward BAKER - 1958
Mercredi 18 Mai
LE MAGNIFIQUE de Philippe de Broca - 1973
Jeudi 19 Mai
LE CRI D'UNE FOURMI de Sameh Abdel AZIZ - 2011
Vendredi 20 Mai
Reprise
CHRISTOPHE HONORÉ EN CLÔTURE DU FESTIVAL, par Gérard Crespo (28/04/2011)
Les biens-aimés de Christophe Honoré sera projeté en clôture de la Sélection officielle du 64e Festival de Cannes, hors-compétition. Le film relate deux histoires sentimentales en chansons d'amour, sur fond d'intervention des chars russes à Prague, d'ambiance londonienne eighties, d'attentats du 11 septembre et de romanesque parisien actuel. Le cinéaste a écrit lui-même le scénario et l'on sait qu'Alex Beaupain, son collaborateur habituel, a composé la musique originale.
C'est le quatrième film présenté par Christophe Honoré à Cannes, après 17 fois Cécile Cassard (Un Certain Regard 2002), Dans Paris (Quinzaine des Réalisateurs 2006), et Les chansons d'amour (Sélection officielle en compétition 2007). Le cinéaste avait aussi réalisé Ma mère (dont la non-sélection cannoise en 2004 fut longuement commentée), La belle personne (téléfilm sorti en salles, d'après La Princesse de Clèves) Non ma fille, tu n'iras pas danser et récemment Homme au bain, interprété par l'acteur porno François Sagat.
Ancien chroniqueur aux Cahiers du cinéma, auteur dramatique et scénariste, Honoré a pour thèmes de prédilection les secrets de famille, la maladie, l'amour et la mort, dans des œuvres hantées par l'ombre tutélaire de la Nouvelle Vague et de Demy. Il a en outre donné de beaux rôles à Isabelle Huppert, Romain Duris, Grégoire Leprince-Ringuet, Léa Seydoux, Marina Foïs, Marie-Christine Barrault, Guy Marchand, sans oublier la regrettée Marie-France Pisier.
Les bien-aimés réunit trois acteurs ayant déjà tourné sous la direction d'Honoré : Louis Garrel, Ludivine Sagnier et Chiara Mastroianni, ainsi que Catherine Deneuve, pour qui le cinéaste avait écrit le scénario de Après lui, de Gaël Morel (Quinzaine des réalisateurs 2007). À ce casting prestigieux mais prévisible, il faut ajouter deux artistes dont la présence est plus insolite : le cinéaste Milos Forman (Vol au-dessus d'un nid de coucous, Amadeus), et le chanteur de variétés Michel Delpech, dont la ritournelle Quand j'étais chanteur avait transformé en karaoké la fin des projections du film de Xavier Giannoli en 2006...
L'ACID DEVOILE SA PROGRAMMATION DE LONGS ET COURTS METRAGES, par Gérard Crespo (28/04/2011)
L'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion), a annoncé sa programmation des neuf longs métrages et des courts métrages diffusés à Cannes à l'occasion du Festival. Chaque année, les cinéastes de l’ACID accompagnent une trentaine de longs métrages, fictions et documentaires, dans plus de deux cents salles indépendantes et dans les festivals en France et à l’étranger. L'an passé, la sélection cannoise comprenait notamment Robert Mitchum est mort d'Olivier Babinet et Fred Kihn, sorti en salles récemment.
Longs métrages
Black Blood de Miaoyan Zhang
Bovines de Emmanuel Gras
Goodnight nobody de Jacqueline Zünd
Le Grand'Tour de Jérôme Le Maire
Noces éphémères de Reza Sekanian
Palazzo delle aquile de Stefano Savona, Alessia Porto, Ester Sparatore
Rives de Armel Hostiou
Rue des cités de Carine May, Hakim Zouhani
Les vieux chats de Pedro Peirano, Sebastian Silva
Courts métrages
Odeon Dancing de Kathy Sebbah - Pandore de Virgile Vernier
Courts métrages "Talents Cannes Adami 2011"
Christine de Gilles Porte - Deep inside de Marc Gibaja - Devine de Laurent Perreau - Encore heureux de Laurent Calbérac - Scène de vestiaire de Frédéric Malègue - Yasmine la révolution de Karin Albou
COMPETITION OFFICIELLE : QUI SUCCEDERA A L'AUDACIEUSE PALME D'OR BURTONIENNE ? ,
par Jean-Baptiste Doulcet (27/04/2011)
Cette année, le Festival de Cannes s'annonce brillant ; qu'il s'agisse d'une compétition foisonnante de films prometteurs d'où émerge la présence de quatre réalisatrices, qu'il s'agisse de la sublime affiche dans la grande tradition du festival (quelque chose de glamour, d'érotique et de moderne - Faye Dunaway par Jerry Schatzberg -), ou bien d'un jury subtilement équilibré (dont font aussi partie... 4 femmes), tout concourt à un rendez-vous de haute volée comme on en n'avait pas vu depuis un certain temps. Qui donc succèdera à l'audacieuse Palme d'Or burtonienne de l'an passé, qui consacra Apichatpong Weerasethakul et son mystique Oncle Boonmee... ?
La compétition semble très riche et éclectique : il ne devrait pas y avoir de sucre de Cannes mais plutôt un véritable équilibre entre 19 œuvres : films sombres (Sleeping Beauty, L'Apollonide) ou lumineux (Le gamin au vélo, Le Havre), tourmentés (Melancholia, The Tree of Life) ou spirituels (Footnote, Pater), comédies de la violence (We need to talk about Kevin, Hara-Kiri) ou de l'existence (Habemus Papam, La source des femmes), films de genre (Drive, La peau que j'habite) ou OFNIs (Polisse, This must be the place)...
Hanezu No Tsuki, de Naomi Kawase (Japon)
Après une Caméra d'Or en 1997 pour le trop méconnu Suzaku et un Grand Prix mérité en 2007 avec La Forêt de Mogari, Naomi Kawase revient en compétition une troisième fois après y avoir aussi présenté Shara en 2003. Elle y a aussi reçu un Carrosse d'Or en 2009 pour l'ensemble de son œuvre... Alors que son précédent film, un documentaire méditatif sur l'accouchement naturel (Genpin) est resté inédit en Europe après son passage au festival de San Sebastian et de Toronto, la cinéaste s'impose de nouveau comme la relève du cinéma japonais avec une œuvre mystérieuse sur l'évolution du temps ; Hanezu No Tsuki se déroule durant la période Asuka (Vème et VIème siècle, arrivée du bouddhisme et influences des cultures coréennes et chinoises dans la société), pour remonter, vraisembablement, jusqu'à aujourd'hui. Réflexion sur le temps qui passe ? Sur la place de l'homme dans la Nature? Sur le rapport d'un temps à l'autre? Naomi Kawase oppose régulièrement dans toute son œuvre le Japon rural et ancestral au Japon contemporain et urbain. Gilles Jacob a annoncé en conférence de presse que le film prenait des résonances avec la tragédie japonaise de mars dernier. Alors que Kawase semble avoir traversé une phase de totale fascination pour la question de la maternité et de la vie (Naissance et maternité, moyen-métrage autobiographique et familial tourné en vidéo en 2006, est une œuvre ultra-personnelle qu'il faut découvrir absolument), la voilà de retour face à un sujet de nouveau ambitieux, que l'on espère traité avec tout le tact et la poésie dont elle a su faire preuve dans ses précédentes œuvres, dont notamment La Forêt de Mogari, fable tendre sur le deuil et la présence de Dame Nature.
The Tree of Life, de Terrence Malick (Etats-Unis)
Tout a à peu près été dit depuis déjà deux ans sur ce film... Quel plaisir en tout cas de retrouver l'ambition poétique de Malick sur grand écran ! Malheureusement, on peut être superstitieux ou sceptique ; superstitieux car un film projeté à Cannes et qui sort parallèlement en salles la même semaine (le 18 mai) ne parvient que rarement à gagner une Palme ; sceptique car, à trop faire de bruit, à trop défier notre attente (involontairement via Internet et ses viviers de rumeurs, de sur-publicité, de trop-plein, ou volontairement via le marketing créé officiellement autour de cette attente), non seulement le film a plus de chances de nous décevoir que de nous surprendre, mais de plus la Palme d'Or semble trop aisée, trop prévisible... Comme tout le monde n'attend plus à Cannes que de découvrir The Tree of life alors que la compétition est remplie de films tout aussi alléchants, il se peut que le bruit provoqué par le retour du cinéaste soit vite disparu aussitôt le film présenté. Reste que si les promesses de la bande-annonce et des ambitions de Malick sont tenues, The Tree of life pourrait être une œuvre inoubliable, tout comme les quatre précédents films du réalisateur. Espérons au moins que sa présence ne passera pas inapercue au palmarès, un Prix de la mise en scène étant tout à fait de envisageable pour cet esthète de la nature humaine fondue dans la nature végétale, aquatique, terrienne, récompensé par ce même prix en 1979 (sa première et dernière venue à Cannes jusqu'ici) pour Les moissons du ciel...
Il était une fois en Anatolie..., de Nuri Bilge Ceylan (Turquie)
C'est l'un des chouchous du festival et des sélectionneurs depuis maintenant 16 ans. Après une première venue en compétition du court-métrage avec Koza en 1995 (passé un peu inaperçu, qui l'eût cru ?), ce cinéaste turc hors du commun a signé le fameux Nuages de Mai en 1999, regard porté sur un village d'Anatolie, film semi-autobiographique doté d'une véritable portée universelle. Son arrivée en compétition en 2003 est un franc succès : Uzak y remporte à la fois le Grand Prix et un double prix d'interprétation masculine, dont un à titre posthume. Apôtre d'un esthétisme contemplatif reflétant les troubles existentiels et les maux de son pays, Nuri Bilge Ceylan retourne en compétition en 2006 pour Les Climats, l'un des chefs-d'œuvre de cette décennie injustement oublié par le jury, puis en 2008, année qui voit Sean Penn, alors président du jury, lui décerner un très juste Prix de la mise en scène pour Les trois singes. On a envie de ne dire qu'une chose : il ne manque à Nuri Bilge Ceylan qu'une Palme d'Or à son tableau de chasse cannois. Représentant de la Turquie à Cannes depuis de nombreuses années (au détriment, malheureusement, de certains auteurs prometteurs), ce cinéaste pour le moins antonioniste si l'on peut dire, signe cette fois un récit de soir d'été, entre un avocat et un médecin. L'intimisme fulgurant qu'on lui connaît est souvent manié à une pudeur et un véritable art du non-dit et du silence expressif. Le décor lyrique de l'Anatolie est aussi un retour à l'œuvre qui nous a permis de découvrir cet auteur avant qu'il ne devienne, peu à peu, l'un des plus grands cinéastes modernes : Nuages de Mai, dont la simplicité narrative et l'expression psychologique la plus pure était rendue par la grâce du langage formel et de sa vérité comique. Cinéaste de la nostalgie, du ressenti, de l'émotion humaine dans toute sa diversité, Nuri Bilge Ceylan est à deux pas d'un sommet qui se pourrait bien être en forme de Palme.
Pater, de Alain Cavalier (France)
Surprise. Personne n'attendait vraiment la venue d'Alain Cavalier cette année en compétition, la liste des films français pouvant prétendre à la sélection étant plutôt fournie (L'Artiste de Hazanavicius, finalement hors- compétition, Hors Satan - L'Empire de Dumont finalement programmé à Un Certain Regard, ou encore Poulet aux prunes de Satrapi). Pourtant, c'est bien le réalisateur de Thérèse (Prix du Jury 1986) et Irène que voilà ici. Bonne idée d'autant plus que ce penseur cinématographique, caractéristique peut-être un peu vulgaire certes mais néanmoins vraie, n'était pas en compétition depuis Libera me en 1993.
En 2005, Un Certain Regard projeta Le Filmeur, œuvre qui a rendu les festivaliers unanimes face à l'intelligence et l'émotion déployée, Alain Cavalier semble en dehors des sentiers battus, renoncant définitivement au système de production et de réalisation imposé. La matière même de ses films remet en cause la notion de mise en scène, de narration, d'acteur. Ce qui est joué et ce qui ne l'est pas, ce qui est réel et irréel, mis en scène ou non, voilà sur quoi se penche l'essentiel des travaux de Cavalier dont la beauté naturelle (au sens de ce qui n'est pas recréé) a de quoi en fasciner plus d'un. La sélection de ce metteur en scène en compétition n'est pas anodine ; c'est une remise en cause du cinéma lui-même que Cannes se propose de servir, tout comme Valse avec Bashir, il y a trois ans, osait définitivement surprendre la tiédeur d'un cinéma balisé en mélangeant l'art pictural du coup de crayon à la pensée documentaire et autobiographique. Annoncé comme une bizarrerie totale, Pater est une interrogation concrète (?) sur le rapport qu'a un cinéaste avec son comédien (Vincent Lindon dans son propre rôle). On parle même de Cavalier himself dans le rôle du... président de la République. Pater laissera-t-il pour notre plus grand plaisir filtrer la satire de notre France contemporaine ? La réponse se fait furieusement attendre, et l'anti-spectacle du cinéma de Cavalier, la nouveauté et les codes qu'il emprunte pourraient bien en faire un sérieux candidat à un quelconque Prix de la mise en scène...
This must be the place, de Paolo Sorrentino (Italie)
Pour le coup, Sorrentino est LE chouchou de cette compétition.
À l'exception d'un film tout à fait inconnu et d'un long-métrage tourné pour la télévision, les quatre films réalisés ensuite par ce cinéaste italien se sont tous retrouvés en compétition. Le premier, Les conséquences de l'amour, contait sous un angle enfin renouvelé le monde de la mafia italienne. Résultat ; un film ultra-esthétique, avant-gardiste, surréaliste parfois, tout en rupture de tons et en longs silences poético-existentiels. Ensuite, L'ami de la famille fâcha sévèrement les festivaliers : comédie existentielle encore, potache et érotique, véritable réinvention des codes de l'humour satirique propre à la comédie italienne. Incompris, le cinéaste retourna chez lui bredouille. En 2008 Sean Penn, alors Président du jury ici-même, lui accorda avec ses compagnons jurés, le fameux Prix du Jury pour Il Divo. Une consécration pour Sorrentino qui, par ailleurs, tombait pile au moment où la critique s'exclamait d'un renouveau du cinéma italien qui, finalement, n'a pas vraiment eu lieu. Encore ultra-stylisé, entre deux tons (la comédie loufoque et le clip survolté), Il Divo faisait preuve d'une énergie rock'n'roll et d'une aisance de mise en scène étonnante. De là est née la collaboration que voici aujourd'hui, ironie du sort, à Cannes, entre Sorrentino et Sean Penn. Si ce dernier gagnait un Prix d'interprétation pour ce grimage magnifique en rock-star sur le déclin, la boucle serait bouclée ! Difficile pourtant d'imaginer le film repartir avec un prix autre que celui de l'interprétation, tout simplement parce que l'énervement que le style très singulier de Sorrentino procure à certains ne semble pas encore prêt à être surpassé. Et la Palme semblerait trop polémique vis-à-vis du cinéma lui-même... à moins que Sorrentino abandonne son esthétisme hystérique et fluide pour quelque chose de plus intimiste. Récit d'une vengance contre un ancien criminel de guerre nazi, This must be the place réunit en tout cas un beau casting ; aux côtés de Sean Penn se profilent les ombres de Harry Dean Stanton et de Frances McDormand, actrice culte des frères Coen...
Le Havre, de Aki Kaurismäki (Finlande)
Il est souvent là, à sa place, mais souvent boudé par le public européen : Aki Kaurismäki compte pourtant parmi les auteurs les plus singuliers du monde du cinéma. La petite mélodie douce-heureuse qu'évoquent ses films poétiques n'a pas beaucoup de concurrents aujourd'hui ; le sens des grands espaces et des clowns tristes sont typiques du style Kaurismäki. Même son Grand Prix gagné en 2002 pour L'homme sans passé semble oublié de tous. En 2006, le cinéaste finlandais clôt sa trilogie prolétarienne en offrant un film somptueux : Les lumières du faubourg. Le film est en compétition, mais personne ne semble le remarquer... Le premier chapitre de cette trilogie tragi-comique commence en 1996 avec Au loin s'en vont les nuages, également en compétition, suivi de L'homme sans passé qui permet aussi à sa comédienne et muse Kati Outinen de remporter le Prix d'interprétation. Aujourd'hui, Le Havre sort de cette trilogie, mais le style bien particulier de Kaurismäki devrait être au rendez-vous ; prolos tristes, vieillis (la maladie qui apparaît), en dehors d'une société qui les exclut (il est question d'un jeune immigré africain dans le film), confrontés à de sales affaires puis sauvés par la beauté de l'amitié ou de l'amour. Pour peu, on dirait la structure aujourd'hui oubliée des films de Charlie Chaplin !
À souligner : le cinéaste a tourné ce film en France (comme son titre l'indique !), et l'on retrouve au casting certains excentriques que l'on aime justement retrouver : Jean-Pierre Darroussin, la fameuse Kati Outinen, André Wilms, homme de théâtre, ou encore... le rocker Little Bob, et sa femme... Est-ce que ce conte universel de la liberté saura enfin amener Kaurismäki sous les projecteurs qu'il mérite?
Michael, de Markus Schleinzer (Autriche)
C'est l'un des deux premiers films de la compétition. Une histoire sombre de pédophilie narrant les cinq derniers mois de vie commune entre un enfant et Michael, 35 ans. Le réalisateur Markus Schleinzer n'est pourtant pas ce que l'on pourrait appeler un petit nouveau ; il est tout simplement le directeur de casting des films d'Haneke depuis La Pianiste, couronné tout comme Caché et Le ruban blanc, Palme d'Or. Il serait amusant de voir ce film récolter le gros lot juste après que Haneke l'ait enfin gagné pour un film notamment impressionnant de par son casting d'enfants... Michael promet une ambiance lourde qui pourrait faire du bruit durant le festival, et comme le cinéma autrichien est globalement d'une rigueur formelle et d'une sécheresse émotionnelle totale, il se peut que cette œuvre troublante soit la claque inattendue de ce cru 2011. N'oublions pas aussi que la dernière Palme d'Or attribuée à un premier film remonte à 1989, quand Steven Soderbergh présentait Sexe, mensonges et vidéos... Un Prix important pourrait ainsi rappeler l'importance des nouvelles cinématographies, celles qui fleuriront et ouvriront l'horizon du cinéma de demain. On peut aussi s'attendre, par logique face au poste de directeur de casting qu'a tenu le réalisateur pendant des années, à une interprétation viscérale des deux comédiens (Michael Fuith dans le rôle de l'adulte, David Rauchenberger). Constatons enfin que la sélection de Michael met en avant une génération autrichienne naissante alors même qu'une jeune génération atteint une certaine renommée (encore incertaine mais acquise au fil de festivals mondiaux), comme les films de Jessica Hausner (cette année présente en tant que jury de la Cinéfondation et des courts-métrages) ou d'Ulrich Seidl.
La peau que j'habite, de Pedro Almodovar (Espagne)
Objectivement, La peau que j'habite serait le film le mieux placé cette année pour décrocher la Palme d'Or, ou rien. Almodovar est un habitué cannois, en compétition ou hors-compétition, décrié ou primé (Prix de la mise en scène pour le magnifique Tout sur ma mère en 1999 et le Prix du scénario et de l'ensemble de l'interprétation féminine pour Volver en 2006, passé à deux doigts d'une Palme d'Or). Le cinéaste espagnol, revenu en 2009 avec Etreintes brisées, synthèse renversante de sa filmographie et chouchou de la presse, était reparti injustement bredouille, et Almodovar un peu fâché d'être un type apprécié, invité, réinvité, mais jamais sacré. Autant dire que la Palme s'imposerait cette fois, pour le film ou en tant que récompense rétrospective. De plus, cela permettrait au festival de montrer qu'un film de genre peut être primé, palmé, etc. On reproche souvent à Cannes de soutenir une élite de cinéma très rigoureuse ou, tout au mieux mélodramatique. Mais le grand nom d'Almodovar semble convenir parfaitement à ce récit de vengeance sombre et sanglant, a priori loin des comédies coloristes et hystériques de son auteur. Antonio Banderas, en grand revenant (il n'avait pas tourné avec le maître espagnol depuis 1989, date de sortie de Attache-moi), a avoué que le cinéaste avait choisi une certaine sobriété stylistique pour ce récit très attendu adapté de Mygale, écrit par un pape de la littérature contemporaine, Thierry Jonquet. Le film sortira en septembre dans son pays d'origine et entraîne de véritables questionnements face au style du cinéaste et la manière dont il a pu aborder un film si noir et apparemment si violent... Les premières images sont un régal, et la série collector d'affiches place le film vers une ambition assez haute, notamment dans la contradiction que s'est imposé Almodovar avec les codes parfois trop répétés de son style. Banderas pourrait aussi attraper au passage un prix d'interprétation dans ce rôle de chirurgien esthétique qui veut à tout prix venger le viol de sa fille. Une crise identitaire et une belle mise en abîme semblent de rigueur connaissant la richesse des récits d'Almodovar. Pour finir, La peau que j'habite a, paraît-il, ne pas failli voir son nom dans la liste car le film n'était pas dans les temps et le récit repose sur un twist final apparemment démentiel que les artistes se refusent de divulguer avant la première projection officielle qui aura lieu à Cannes. Cette fois, Almodovar semblerait tenir une véritable chance d'être sacré, et cela tombe bien, il le mérite depuis fort longtemps.
Polisse, de Maïwenn (France)
La bonne surprise du festival. Alors que Maïwenn semblait ignorée dans le paysage cinématographique français malgré la singularité que tout le monde lui reconnaît, la voilà comme une fleur dans la compétition, avec un film attendu de nouveau comme une reality fiction autour du quotidien de la Brigade de protection des mineurs. Son premier film Pardonnez-moi, choc entier empli d'une rage dévorant peu à peu l'écran, incarnait un avenir de cinéma qui s'est accompli aux bras du Bal des actrices, fantaisie sucrée-salée sur les comédiennes françaises, portraits caricaturaux ou sensibles montrant les affres et les doutes de nos plus belles comédiennes. Cette fois, Maïwenn, qui semble décidemment talentueuse pour rassembler une troupe d'acteurs alléchante (Viard, Duvauchelle, Foïs, son copain Joey Starr) et se mettre elle-même en scène, opte pour une réalité non personnelle qui devrait pourtant mêler humour et drame, lumière et ombres, bref, une comédie acide qui pourrait bien faire valser le festival dans les étoiles. Si on peut demeurer sceptique face à la récompense suprême que pourrait remporter le film (la plupart de ses concurrents sont si ambitieux qu'ils semblent l'écraser), il n'en reste pas moins attendu comme l'un des probables moments forts du festival, qui pourrait se retrouver confronté à un Prix du Jury. Soyons optimiste, d'autant qu'il n'y a aucune raison de ne pas l'être. Signalons que Karin Viard, actrice talentueuse et tant aimée du public comme de la critique, véritable vétéran pourtant encore jeune du cinéma français, ne fait ici que sa première véritable entrée dans un film en compétition, chose étonnante quand l'on sait le nombre de films qu'elle a tournés. On l'avait certes aperçue dans La Haine de Kassovitz en 1995 (Prix de la mise en scène), mais Polisse sera son premier rôle de compétition. Une œuvre qui s'annonce audacieuse, inventive, parcourant une large palette d'émotions, et surtout loin des schémas francisants de la narration. Toute cette petite troupe pourra éventuellement rappeler la verve mi-comique mi-existentielle de Tournée de Mathieu Amalric, reality fiction remplie de femmes magnifiques et présentée l'année dernière à Cannes où lui fut attribuer un fameux Prix de la mise en scène...
Melancholia, de Lars von Trier (Danemark)
Neuvième venue du cinéaste danois en compétition, un record semble-t-il. Décrié depuis quelque temps à cause de ses exubérances sur le net (vendre un camping-car sur eBay par exemple), accusé de misogynie prononcée (le choc Antichrist qui, pourtant, me semble au contraire féministe), hué parfois pour les dogmes cinématographiques qu'il imposa, sans jamais les respecter ensuite, Lars von Trier est un fils éternel de Cannes que l'on apprécie de revoir tout le temps car on sait que son cinéma fera comme à l'accoutumée des vagues et secousses. On peut regretter le côté "club fermé" de la sélection qui semble obligée de sélectionner von Trier comme si un pacte avait été signé entre lui et Gilles Jacob, son "papa" dixit le cinéaste danois. Entouré d'un casting plutôt américain dans son ensemble, mais tourné en Suède, Melancholia représente toujours le Danemark avec cette nouvelle histoire mystique où il est question de sacrifice d'une vierge, d'une planète inconnue qui va s'écraser sur terre à l'aube, et d'une dernière nuit en forme de mariage et de fêlures familiales.
À la vue de la bande-annonce, on s'attend à du grand art pictural, proche souvent des peintures légendaires flamandes ou des mythologies wagneriennes (et Wagner comme bande-son, c'est quand même suffisamment évocateur !). Melancholia tirerait même vers le fantastique puisque quelques plans évoquent clairement le genre au-delà des fantasmes que l'on connaît à Lars von Trier. Sorte de dernière nuit douce avant la disparition du monde, le film est tout à fait alléchant d'autant plus qu'Antichrist avait nourri de par sa seule polémique tout le festival de Cannes en 2009, repartant par ailleurs avec un Prix d'interprétation pour Charlotte Gainsbourg, de nouveau au rendez-vous ici. Mais c'est Kirsten Dunst qui tient le rôle principal aux côtés de John Hurt, Kiefer Shuterland et Charlotte Rampling. Sa venue en Marie-Antoinette il y a cinq ans en avait fait rêver plus d'un ; est-ce cette fois l'heure de la gloire? Sous-estimée et plutôt rare sur les écrans, la jeune comédienne américaine se voit offrir une seconde fois pour Cannes un rôle fort et, quand on connaît quels rôles tiennent les femmes dans les films de von Trier, et jusqu'où le cinéaste pousse ses méthodes de dictateur de casting, on peut imaginer vaguement que la performance ne passera pas inaperçue.
À propos de Palme d'Or, n'oublions pas de signaler que le maître danois illuminé en a déjà gagné une en 2000 pour Dancer in the dark, ainsi qu'un Grand Prix pour Breaking the waves en 1996. Rentrera-t-il dans le club des doubles palmés ? Peu probable au vu des nouvelles recrues dont s'est doté la sélection cette année, et qui a priori ne concourront pas pour rien...
Sleeping Beauty, de Julia Leigh (Australie)
C'est sans doute la plus belle promesse de la compétition, le film le plus alléchant, sensuel, érotique, réflexif, profond. Produit par la Néo-zélandaise Jane Campion qui voit en ce film australien un chef-d'œuvre de la nouvelle génération (c'est un premier film !), Sleeping Beauty est un conte charnel sur la dépossession du corps ; ou l'histoire de Lucy, étudiante en galère qui intègre un club de prostitution pour arrondir ses fins de mois. Et de devenir sleeper (dormeuse, une véritable branche actuelle de la prostitution) ; son contrat stipule qu'on la drogue pour qu'elle s'endorme toute une nuit avec un client qui fera d'elle ce qu'il veut sans qu'elle puisse se rappeler de quoique ce soit le lendemain. Mais le client doit laisser certaines pulsions en lui puisqu'il lui est interdit de pénétrer la dormeuse ou de la frapper. On imagine déjà comment un univers sombre à ce point peut devenir un véritable échiquier d'enjeux dramatiques forts. Emily Browning, en ce moment à l'affiche du hideux Sucker Punch, interprètera cette presqu'adulte baignant encore entre l'enfance et la vie adulte. La bande-annonce est épatante ; la lumière sublime de Geoffrey Simpson rappelle dans certains plans le trouble suscité par Mulholland Dr. de Lynch tandis que l'attrait pour le corps des femmes rappelle souvent la sensibilité de Campion. Sleeping Beauty (titre original du conte de La belle au bois dormant) est en tout cas dans une position avantageuse pour la consécration ; un premier film féminin soutenu par de grands noms, réalisé par une ancienne romancière dont Le Chasseur, son premier roman, vient d'être adapté au cinéma. Il s'agit aussi d'une cinématographie très peu représentée dans cette section du festival de Cannes ; l'Australie, qui pourrait ainsi décrocher sa première Palme d'Or.
Le gamin au vélo, de Luc et Jean-Pierre Dardenne (Belgique)
On ne les présente plus ; doublement palmés (une Palme pour chacun ?), les frères belges sont de nouveau de retour avec une œuvre paraît-il plus légère et lumineuse, centrée sur l'image d'un enfant qui devient adolescent, à la recherche d'un père qui l'a abandonné. Il sera aidé, entre son foyer et ses balades en vélo, par sa rencontre avec Samantha (Cécile de France), qui l'accueille comme une mère. On retrouve ici les thématiques proches aux frères Dardenne entre un cinéma rural, simple, mettant en scène des personnes en marge du système, en lutte contre le monde qui les entoure. Chronique d'une famille invisible, Le Gamin au vélo est aussi l'occasion de parier sur un jeune comédien qui fait ses premiers pas ; Thomas Doret. Les Dardenne ont toujours su révéler de jeunes inconnus (Jérémie Rénier dans La Promesse, devenu depuis un acteur qui compte), ou Arta Dobroshi dans Le silence de Lorna (Prix du scénario en 2008). Olivier Gourmet, leur acteur fétiche (et lauréat grâce à eux d'un Prix d'Interprétation ici-même en 2002 pour Le Fils), apparaîtra ici dans un plus petit rôle. Quant à Cécile De France, elle pourrait remonter sa côte de popularité après le ratage du dernier Eastwood, Au-Delà, dans lequel elle campait une présentatrice victime du tsunami. Sa présence nouvelle chez les Dardenne pourrait être une collaboration fructueuse comme le laisse penser la très belle bande-annonce du film. Un doute s'installe tout de même ; dur de gagner un prix pour un film dont la sortie en salles se fait en parallèle de sa présentation à Cannes, et même si cette raison n'est aucunement fondée, le passé nous a souvent montré que cela était souvent vrai. Alors qu'en est-il d'une troisième Palme d'Or ? Les frères Dardenne sont en tout cas les seuls cette année à prétendre à ce record... Constatons, en attendant le résultat des courses, que depuis la Palme d'Or de Rosetta en 1999, tous leurs films se sont vus présentés en compétition, et d'aucun n'est passé à la trappe du palmarès... Que diable va-t-il en être de ce Gamin au vélo ?
Hara-Kiri : Death of a samouraï, de Takashi Miike (Japon)
Takashi Miike, véritable punk de la réalisation gore et hystérique, vient pour la première fois en compétition à Cannes, après avoir surpris ceux qui ne le connaissaient pas avec Gozu en 2003, à la Quinzaine des Réalisateurs. Il est des cinéastes très particuliers, considérés par certains comme un metteur en scène de "seconde zone" , et par d'autres comme un auteur à part entière. Ses films ne peuvent que partager, comme en témoigne Audition, le plus connu du grand public, variation supra-glauque et ultra-gore sur un drame social. Connu en tout cas pour la gratuité de ses hallucinations sanglantes et l'extrémisme de son langage, Miike est un cinéaste énergique et prolifique (entre deux et trois films tournés chaque année), dont la sélection officielle à Cannes est plutôt surprenante, mais prouve encore une fois avec le film d'Almodovar que le cinéma de genre n'a pas dit son dernier mot. Epopée de samouraïs en 3D (le seul film à lunettes de Cannes cette année), histoire de vengeance en même temps que remake d'un grand classique éponyme de Kobayashi datant de 1962. Le style du cinéaste pouvant parfois être amené à une certaine forme d'épure et de sobriété, on ne sait pas trop à quoi s'attendre ici... Il représente en tout cas aux côtés de Naomi Kawase le Japon en compétition cette année, remplaçant les figures adorées des festivals mondiaux telles que Hirokazu Kore-eda ou Shinji Aoyama dont les nouveaux films sont cette fois passés à la trappe du comité de sélection. Un renouveau cannois plutôt savoureux qui donne à la compétition un charme de variété, de diversité de genres qui s'harmonisent finalement entre eux. Plus concrètement, que pourrait remporter ce Hara-Kiri ? Tout dépend en fait du style adopté par Miike ; s'il choisit une ultra-violence graphique et sadique comme dans la majorité de ses films, il se peut que l'œuvre reste à la porte des grandes récompenses même s'il n'échappe pas aux possibles prix d'interprétation ou, d'un point de vue plus stylistique, de mise en scène. Mais si Hara-Kiri penche plutôt du niveau de la fresque épique et poétique, peut-être a-t-il plus de chances de repartir les mains pleines... Reste à savoir si un festival parfois élitiste est prêt à récompenser un film en 3D. Et à cette question, personne ne pourra réellement répondre...
Drive, de Nicolas Winding Refn (Etats-Unis)
Voilà une surprise que l'on n'attendait pas, ou un film de commande qui prend peu à peu les traits d'une œuvre personnelle et à coup sûr personnelle... Tout d'abord donné à Neil Marshall, le projet devait se tourner avec Hugh Jackman. Mais pour diverses raisons, Ryan Gosling a volé le rôle et chuchoté à l'oreille de la production le nom d'un certain Danois nommé Nicolas Winding Refn. Ou quand l'un des plus fascinants acteurs américains de la jeune génération s'entoure d'un cinéaste réputé pour son style hors norme entre Kubrick et von Trier. Sa trilogie Pusher, films-références de tout cinéphile qui se respecte, en a ébloui plus d'un dans sa radiographie au cordeau des trafics de drogue au Danemark, sorte de Parrain underground et trash. Ensuite, Refn livra une bombe : Bronson, portrait dégénéré d'un criminel aujourd'hui encore sous les barreaux, tourné à la fois comme un opéra, un one-man-show et une réflexion esthétique sur la violence viscérale. Suite à ce chef-d'œuvre qui ne passa pas inaperçu est venu le plus dérangeant Valhalla Rising, épopée mystique et occulte d'un viking muet dans des plaines montagneuses non identifiées : une œuvre insaisissable, sauvage et profondément religieuse à la fois, tout en symboles et en gros plans divins dans une véritable atmosphère brumeuse... Etonnant de voir que Refn est enfin remarqué par Cannes pour un film de commande américain qui est le premier tournage outre-Atlantique du cinéaste. Film d'action tarantinien ? Le sujet laisse rêveur et n'est pas sans rappeler vaguement le Boulevard de la mort de Tarantino, présenté en compétition en 2007. L'histoire d'un cascadeur hollywoodien qui, la nuit, sert de chauffeur pour des braquages qui vont tourner au vinaigre, jusqu'à ce que sa tête soit mise à prix... Difficile d'imaginer ce que va donner cet étrange objet en sachant que Refn réalise le film. Pouvant être considéré comme l'un des auteurs les plus radicalement singuliers du cinéma contemporain, qu'est-ce que ce récit d'action lambda a bien pu lui inspirer ? Un film contemporain ultra-violent sur la voiture et Hollywood ? Une mise en abîme du monde cinéma et du monde criminel, un film d'aventures, une comédie ?
À vrai dire, il est difficile de savoir, peu de renseignements ayant été filtrés. Attendons-nous en tout cas à une très grosse surprise, et au pire des cas, certainement un peu de vroum-vroum et d'huile de moteur sur le si propre tapis rouge de Cannes.
Habemus Papam, de Nanni Moretti (Italie)
Soutenu depuis maintenant longtemps par le Festival de Cannes, Nanni Moretti a commencé à être selectionné en 1978 (Ecce Bombo), accédant directement à la compétition. La logique de sa filmographie voudrait que Habemus Papam reparte avec un prix ; en effet après Ecce Bombo le cinéaste italien reçoit un prix de la mise en scène pour Journal Intime en 1994, film très doux et personnel sur son combat contre la maladie. Son film suivant, Aprile, toujours très cathartique, repart bredouille du festival. Ensuite, La chambre du fils remporte la Palme d'Or 2001, clouant au sol le pourtant impressionnant Mulholland Dr. de David Lynch. En 2006, Le Caïman, comédie satirique sur le pouvoir berlusconien, ne convainc pas assez le jury. Habemus Papam devrait donc être primé en toute logique (une deuxième palme ?) puisque ses films sont gagnants une fois sur deux... Notons que Moretti, considéré comme l'un des plus grands dramaturges et comiques du cinéma italien actuel, avait aussi remporté le Grand Prix du Jury à Venise en 1981 pour Sogni d'oro. Et alors que le film sort en salles en septembre chez nous, il est déjà distribué en Italie où les critiques semblent élogieuses. Mais la bande-annonce ne nous en apprend que très peu : et il est possible qu'à l'inverse de son précédent film (Le Caïman), le cinéaste ait préféré une douce fable populaire plutôt qu'un tir à boulets rouges sur l'institution religieuse du Vatican. En effet le film narre l'arrivée d'un pape élu soudainement en proie aux doutes les plus profonds. Comédie existentialiste, marivaudage de la comedia dell'arte (genre que De Niro, le président du jury, apprécie depuis longtemps...), Habemus Papam est aussi l'occasion pour Moretti de se remettre en scène en interprétant ici le rôle du psychiatre envoyé par les autorités religieuses pour remettre ce cardinal fraîchement élu Pape dans le droit chemin... Une mise en abîme du rôle psychanalytique du réalisateur face à son acteur ? Pas improbable... Michel Piccoli est de la partie, et son rôle mi-comique mi-dramatique pourrait le renvoyer vers les sphères du Prix d'interprétation, déjà obtenu à Cannes en 1980 sous la direction de Marco Bellocchio (Le saut dans le vide). Une deuxième palme pour Moretti, ou un second prix d'interprétation pour Piccoli ? Assurément, leur duo pourrait être une équipe gagnante...
La source des femmes, de Radu Mihaileanu (France/Maroc)
C'est un peu un mystère dans cette compétition... Car à part représenter justement le cinéma maghrébin, on se demande pourquoi cette production mi-française mi-marocaine fait partie de la course à la Palme d'Or alors même que son réalisateur est mal-aimé de la critique avec de gros films populaires sans grande subtilité. Ceci dit, Radu Mihaileanu a pour immense talent de savoir conquérir un public large et de toucher à l'universalité dans chacun de ses sujets. Sa dramaturgie étendue, maniant aussi bien le drame que la comédie, laisse souvent à ses films l'empreinte d'un véritable souffle populaire qui peut donner le meilleur (le beau Va, vis et deviens) comme le pire (le très moyen Concert avec Mélanie Laurent). Disons juste que l'on n'attendait pas Mihaileanu ici pour représenter une branche du cinéma français. Et à vrai dire on ne sait pas trop quelle est l'identité du film ; pour quel pays concourt-il ? La volonté semble plutôt être noble et s'identifier à un World cinema franco-arabe. En cela un prix serait largement justifié (en admettant que le film soit tout de même de qualité !), symboliquement, politiquement, et peut-être tout simplement dans la sensibilité du jury. Autrement cette fresque a tout les atouts d'une fable féministe puissamment ancrée dans une double actualité, d'autant plus qu'elle est comme souvent pour le cinéaste puisée d'une histoire vraie ; il s'agit d'une actualité concernant la richesse d'un métissage culturel et plus précisément cinématographique ainsi que celle d'une volonté féminine qui continue d'avoir son importance pour tous les publics aujourd'hui. De plus en plus populaire, Mihaileanu (qui se trouve pour la première fois ici à Cannes, toutes sections confondues) semble ici arriver à son apogée face à la relation que ses films ont avec le public. On ne peut définitivement pas lui prédire de prix tant sa sélection partage, entre la crainte d'un divertissement mielleux ou l'espoir d'une comédie flamboyante comme on en voit rarement. En attendant, réjouissons-nous du casting, puisque l'on retrouvera à la fois Sabrina Ouazani et Hafsia Herzi, deux espoirs repérés par le grand Abdellatif Kechiche (à quand une sélection cannoise ?), ainsi que Leïla Bekhti, César du meilleur espoir féminin cette année pour Tout ce qui brille. Elles incarneront un groupe de femmes dans un village d'Afrique du Nord, décidant de faire la grève de l'amour à leurs compagnons après que l'une d'entre elles ait choisi de se rebeller contre la corvée d'eau que les hommes leur impose.
Footnote, de Joseph Cedar (Israël)
Repéré en 2008 avec son premier film, Beaufort (Lion d'Argent du meilleur réalisateur à Venise), ce jeune cinéaste israélien rentre dans les rangs d'honneur de la compétition avec un film que Gilles Jacob a qualifié lors de la conférence de presse de comédie intellectuelle. Fable spirituelle moderne, Footnote est aussi l'occasion de changer la donne des réalisateurs israéliens et de laisser la place à la nouvelle génération de cette cinématographie en pleine ressource. Les chouchous du festival comme Gitaï ou Nadjari passent cette fois à la trappe pour une comédie profondément légère, si ce n'est l'inverse, véritable attente qui pourrait bien créer une surprise lors du palmarès : en effet, il est plutôt rare de voir le cinéma israélien en haut des podiums malgré sa vitalité actuelle. Footnote est donc un prétendant sérieux, d'autant plus que le sérieux général des palmes d'or serait brisé par un vent de fraîcheur et la réhabilitation d'un cinéma d'auteur plus entraînant et spirituel. Un teaser est disponible sur le net, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le montage étonne ; une succession de gros plans et de bruits amplifiés qui n'en disent que très peu sur le récit. Celui-ci semble se concentrer sur la confrontation à teneur comico-dramatique (voire burlesque ?) entre un père et son fils, tous deux enseignant le Talmud à la Hebrew University de Jérusalem. Leurs visions de cet enseignement se séparent puisque l'un est un puriste, l'autre un jeune moderniste remportant un succès fou. Quiproquo : le père, délaissé et attendant malgré tout son heure de gloire, est contacté par l'Académie qui compte lui remettre un prix de reconnaissance pour son travail accompli. Une récompense prestigieuse qui, en fait, est destiné au fils... Notons aussi que cette confrontation comique pourrait donner à ses deux acteurs (Lior Ashkenazi et Shlomo Bar-Aba) de possibles chances de décrocher un prix d'interprétation, à se partager...
We neet to talk about Kevin, de Lynne Ramsay (Grande-Bretagne)
Déjà passé dans quelques festivals avant cette sélection, le nouveau long métrage de la quatrième réalisatrice de la compétition risque fort de faire des ravages. Précédé d'un buzz enthousiasmant, ce drame familial "indé" semble pour le moins cruel et noir, même si personne n'exclut une once de comédie. L'histoire d'un couple (Tilda Swinton, un nom qui sonne bien avec le Prix d'Interprétation, et John C. Reilly, qui retrouve enfin un rôle d'une véritable épaisseur dramatique), et de leur fils (Ezra Miller, révélation de l'impressionnant Afterschool en 2008 à Un Certain Regard). Le cocon familial éclate lorsque l'adolescent décide de massacrer ses camarades de lycée à l'arbalète... Comédie noire très certainement violente et âpre, We need to talk about Kevin pourrait bien être la bombe de ce festival, avec ses élans lyriques et les surprises que réservent souvent le style et les scénarios de Lynne Ramsay, par ailleurs plutôt à l'aise à Cannes puisqu'elle y a débuté. Petites morts, court-métrage de fin d'étude, se retrouve propulsé ici et y remporte en 1996 un Prix du jury. Rebelote deux ans plus tard avec Gasman, un autre court-métrage qui fait fureur. Puis son premier long, Ratcatcher, connaît les honneurs d'Un certain Regard en 1999, partageant vivement la critique qui s'accorde au final pour reconnaître à la cinéaste un véritable style. Tombée quelque peu dans l'oubli malgré les promesses d'un cinéma underground, elle revient en 2002 avec le sublime Voyage de Morvern Callar, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs. Puis la revoilà aujourd'hui avec cette réputation qui depuis a muri, de cinéaste sans peurs. On remarquera par ailleurs qu'elle prend la place d'une cinéaste britannique adorée du festival, qui plus est de la même génération qu'elle : Andrea Arnold, pourtant annoncée avec le très attendu Les Hauts de Hurlevent. Une sélection et un remplacement sûrement révélateurs...
L'Apollonide - Souvenirs de la maison close, de Bertrand Bonello (France)
Dernier film français de la compétition (le quatrième si l'on compte La source des femmes comme une totale production française), L'Apollonide marque le retour d'un cinéaste sulfureux comme seul Cannes sait les dégoter et les marchander face à un public friand de sensations. Attention toutefois aux étiquettes : les bizarreries de Bonello ne sont pas qu'une source de provocation prêtant à rire, mais cette nouvelle œuvre pourrait bien être le film qui se fait remarquer du festival. On sait avec quel plaisir les sélectionneurs aiment remuer les consciences et électrocuter les mœurs. Espérons toutefois que L'Apollonide soit plus que ça, qu'il ne soit pas dénué de propos et de cinéma sous prétexte d'audace. Annoncé comme une œuvre charnelle et sombre, écho que les premières images semblent confirmer, le nouveau film de Bonello narre une période de la vie d'une jeune prostituée défigurée dans une maison close du début du XXème siècle, suscitant diverses réactions face aux pensionnaires au sein de la maison. Sexe débridé ? Réalité malsaine ? Ambition féministe ? Esthétique ? Le casting promet en tout cas sa part de sensualité et de force avec, entre autres Hafsia Herzi (deux fois présente à Cannes cette année puisqu'on la retrouve aussi dans La source des femmes), l'Italienne Jasmine Trinca, Céline Sallette, Adèle Haenel et Noémie Lvovsky. Bonello, lui, commence à être habitué au décor malgré la rigueur et l'étrangeté véhiculée par ses films : Le Pornographe, (Semaine de la Critique 2001) fut suivi en par le choc Tiresia en compétition, film incompris lors de sa projection dans le palais du festival ; en 2005 Cindy, the doll is mine, court-métrage hors compétition, sera remarqué notamment grâce à la présence de la provocatrice Asia Argento ; en 2008, ce sera De la guerre à la Quinzaine des Réalisateurs. L'Apollonide marque un retour en compétition qui, cette fois, pourrait faire effet si le film n'a pas été selectionné pour son seul cachet érotique et sur-esthétique. La puissance narrative habituelle de Bonello, si elle est toujours de mise, pourrait être récompensée d'un beau Prix du scénario. Parallèlement, ses inventions formelles et sa maîtrise des atmosphères pourraient lui ouvrir les portes du Prix de la mise en scène. Mieux encore, on peut rêver un des deux gros prix du festival (Palme d'Or ou Grand Prix) pour ce film dont on parle depuis maintenant longtemps et qui a semble-t-il torturé son auteur, en plein questionnement existentiel durant le tournage au point de n'être pas sûr de finir le film. Finalement le voilà prêt, monté, en selle pour la course à la Palme. Un film qui, au pire des cas, ne devrait pas laisser tout à fait insensible...
CANNES CLASSICS CELEBRE KUBRICK, FASSBINDER ET ROSSELLINI, par Gérard Crespo (26/04/2011)
Nul doute que la version restaurée d' Orange mécanique sera le moment fort de Cannes Classics, section de la Sélection officielle dédiée à l'histoire du cinéma. Une leçon d'acteur sera donnée à cette occasion par Malcolm McDowell, l'interprète du rôle culte d'Alex ; en outre sera projeté le documentaire Il était une fois… Orange Mécanique, d’Antoine de Gaudemar et Michel Ciment. Rappelons par ailleurs que l'exposition Stanley Kubrick organisée par la Cinémathèque française est l'un des événements culturels incontournables de ce printemps.
Cannes Classics propose d'autre rendez-vous de cinéphiles*, dont des restaurations : celles du Voyage dans la lune de Georges Méliès, du Conformiste de Bernardo Bertolucci (qui recevra une Palme d'or d'honneur), de La Machine à tuer les méchants de Roberto Rossellini, des Enfants du paradis de Marcel Carné, du documentaire Chronique d'un été de Jean Rouch et Edgar Morin ou encore de Despair de Rainer Werner Fassbinder. Seront également à l'honneur les cinéastes Elio Petri, Jean-Paul Rappeneau, Jerry Schatzberg et Victor Trivas. Un hommage aux Outre-mer sera rendu à travers la projection de Rue Cases-Nègres tandis que Fatih Akin nous fera découvrir un réalisateur turc méconnu, Lufti O. Akad.
Cannes Classics se veut aussi un espace de présentation de documentaires sur un cinéaste ou un acteur. Cette année, leur programmation mettra en avant Akira Kurosawa, Roger Corman, Charlotte Rampling et Jean-Paul Belmondo.
Films
Le Voyage dans la lune de Georges Mélies (France, 1902, 16’)
Orange Mécanique de Stanley Kubrick (USA, 1971, 137’)
La Machine à tuer les méchants (La Macchina Ammazzacattivi) de Roberto Rossellini (Italie, 1952, 80’)
Il était une fois le Bronx (A Bronx Tale) de Robert De Niro (USA, 1993, 121’)
Le Conformiste (Il Conformista) de Bernardo Bertolucci (Italie, 1970, 118’)
Rue Cases-Nègres d’Euzhan Palcy (France, 1983, 106’)
Portrait d’une enfant déchue (Puzzle of a Donwfall Child) de Jerry Schatzberg (USA, 1970, 105’)
La Loi de la frontière (Hudutlarin Kanunu) de Lufti O. Akad (Turquie, 1966, 74’)
La Zone de la mort (Niemandsland) de Victor Trivas (Allemagne, 1931, 81’)
Les Enfants du paradis de Marcel Carné (France, 1945, 190’)
Despair de Rainer-Werner Fassbinder (Allemagne, 1978, 115’)
Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau (France, 1975, 106’)
Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin (France, 1966, 91’)
L’Assassin (L’Assassino) d’Elio Petri (Italie, 1961, 100’)
Documentaires sur le cinéma
The Look d’Angelica Maccarone (Allemagne / France, 2011, 95’)
Le Monde de Corman: Exploits d’un rebelle hollywoodien (Corman’s World: Exploits of a Hollywood Rebel d’Alex Stapleton) (USA, 2011, 125’)
Belmondo... Itineraire de Vincent Perrot et Jeff Domenech (France, 2011, 86’)
Kurosawa, la Voie de Catherine Cadou (France, 2011, 52’)
Il était une fois… Orange Mécanique d’Antoine de Gaudemar et Michel Ciment (France, 2011, 52’)
* Nous apprenons le 01/05/11 que le Festival de Cannes rendra aussi hommage au cinéma égyptien. Deux longs-métrages seront notamment présentés, l'un dans la sélection "Cannes Classics", avec une copie neuve du Facteur (Al Bostagui) d'Hussein Kamal (1968) et Le Cri d'une fourmi de Sameh Abdel Aziz (2011). Par ailleurs, le festival proposera un documentaire inédit sur la révolution de jasmin, en Tunisie, Plus jamais peur de Mourad Ben Cheikh (Tunisie), et "The Big Fix" (Surdose) de Josh Tickell (USA), documentaire environnemental produit par Peter Fonda.
FESTIVAL DE CANNES 2011 : ALMODOVAR, MALICK, MORETTI, KAURISMAKI ET LES AUTRES - COMMENTAIRES SUR LES SELECTIONS, par Gérard Crespo (21/04/2011)
Le Festival de Cannes fait-il la part trop belle aux mêmes cinéastes depuis des années ? Au vu des sélections, on pourrait être tenté de répondre oui, la relève générationnelle s'effectuant au compte-gouttes, du moins dans la Sélection officielle. Ce serait pourtant oublier que la section Un Certain Regard est riche de découvertes potentielles et que l'on aurait tort de se priver des derniers opus de pointures historiques du cinéma contemporain, même si aucun grand réalisateur n'est à l'abri d'un ratage ou d'un film mineur.
Sélection officielle, en compétition
Terrence Malick est sans doute le cinéaste en compétition le plus attendu. Trente-deux ans après le prix de la mise en scène attribué aux Moissons du ciel, The Tree of Life devrait constituer un moment fort du Festival.
Luc et Jean-Pierre Dardenne, ont obtenu deux fois la Palme d'or, pour Rosetta et L'enfant. Révélés à la Quinzaine des Réalisateurs avec La promesse, les deux cinéastes belges ont permis à Olivier Gourmet d'obtenir le prix d'interprétation masculine pour Le fils et ont été honorés par le prix du scénario avec Le silence de Lorna. Le gamin au vélo, présenté cette année, est interprété par leur compatriote Cécile de France.
Palme d'or pour La chambre du fils, Nanni Moretti sera-t-il aussi incisif envers le pape dans Habemus Papam qu'il le fut envers Berlusconi dans Le Caïman ? Moretti dirigera pour la première fois Michel Piccoli, qui avait obtenu en 1980 le prix d'interprétation masculine pour un autre film italien, Le saut dans le vide.
Palme d'or pour Dancer in the Dark, Grand prix pour Breaking the waves, prix du Jury pour Europa, en compétition avec Dogville et Manderlay, Lars von Trier avait choqué la Croisette il y a deux ans avec Antichrist, qui valut à Charlotte Gainsbourg le prix d'interprétation féminine. Melancholia, qui dispose d'un casting international (John Hurt, Kirsten Dunst, Charlotte Rampling...), fera-t-il partie de ses œuvres consensuelles ou de ses projets davantage sulfureux et subversifs ?
Pedro Almodovar n'a jamais obtenu la Palme d'or et était reparti bredouille il y a deux ans avec Etreintes brisées. Adaptation d'un thriller d'épouvante, Le pied que j'habite peut sembler, a priori, insolite dans sa filmographie. Le cinéaste y retrouve son acteur fétiche, Antonio Banderas. Le plus grand cinéaste espagnol contemporain avait obtenu le prix de la mise en scène pour Tout sur ma mère et le prix du scénario pour Volver, également récompensé pour ses interprètes féminines.
Aki Kaurismäki réussira-t-il avec Le Havre un film aussi abouti et poétique que L'homme sans passé (prix d'interprétation pour Kati Outinen) et Les lumières du faubourg (en compétition officielle) ? Coproduction franco-finlandaise, sa dernière réalisation lui permet de diriger deux ses interprètes de prédilection, Jean-Pierre Léaud et André Wilms.
Vétéran du cinéma français, Alain Cavalier présentera Pater, qui rejoindra sans doute sa série de films radicaux et personnels, comme le furent Libera me (compétition officielle), René (hors compétition), et ses deux beaux documentaires autobiographiques présentés à Un Certain Regard, Le filmeur et Irène. Cavalier avait obtenu en 1986 le prix du Jury pour Thérèse, gros succès critique et public.
Trois autres cinéastes plus jeunes doivent (presque) tout au Festival de Cannes qui les a révélés et a été un tremplin pour leur renommée internationale : Paolo Sorrentino avait été accueilli plutôt tièdement avec Les conséquences de l'amour et L'ami de la famille ; mais depuis le prix du Jury attrivé à Il Divo, il semble que son œuvre soit réévaluée. This must be the place lui a apporté un budget plus confortable pour un film tourné en langue anglaise et interprété par Sean Penn.
Caméra d'or pour Suzaku, Naomi Kawase a présenté Shara en compétition officielle et obtenu le Grand prix pour la Forêt de Mogari, œuvres qui avaient suscité autant de fascination que d'indifférence polie. Elle est sélectionnée cette année pour Hanezu no tsuki.
Quant à Nuri Bilge Ceylan, il est le cinéaste turc le plus en vue depuis une décennie. Il présente Il était une fois en Anatolie, en compétition trois années après le prix de la mise en scène octroyé à Trois singes. Le cinéaste avait été sélectionné pour la première fois avec Uzak (double prix d'interprétation masculine) et a également présenté Les climats en compétition.
Parmi les nouveaux venus en compétition, Takashi Miike et Nicolas Winding Refn sont les cinéastes dont la sélection nous ravis le plus. Le premier, dont une rumeur, semble-t-il infondée, signalait la disparition après le tremblement de terre du mois dernier, présentera Hara-Kiri : death of a samuraï. Miike est l'auteur d'œuvres aussi insolite que Dead or alive ou Gozu, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2002. Et Nicolas Winding Refn a signé deux des plus éblouissantes productions de ces dernières années, Bronson et Le guerrier silencieux (Vahalla Rising). Nous espérons que ces deux artistes seront à la hauteur de nos attentes.
Plus surprenante est la présence, dans cette compétition de haut niveau, de Radu Mihaileanu, cinéaste académique, auteur de Va, vis et deviens et Le concert, récits consensuels larmoyants et boursouflés. Mais ne préjugeons pas des qualités de La source des femmes, qui bénéficie au moins d'un beau trio de comédiennes : Leïla Bekhti, Hafsia Herzi et Sabrina Ouazani.
Parmi les auteurs qui pourraient créer la surprise, nous citerons le cinéaste israélien Joseph Cedar, Ours d'argent à Berlin pour Beaufort, ainsi que Bertrand Bonello, auteur singulier, qui présente le sulfureux L'apollonide - souvenirs de la maison close. Bonello avait été remarqué à la Semaine de la Critique pour Le pornographe, à la Quinzaine des Réalisateurs pour De la guerre et en compétition officielle pour Tiresia.
Restent quatre outsiders dont deux signent leur premier film. Lynne Ramsay s'était distinguée à la section Un certain Regard avec Ratcatcher et à la Quinzaine des Réalisateurs avec Le voyage de Morvern Callar. Elle présente cette année We need to talk about Kevin, interprétée par la lumineuse Tilda Swinton. Quant à l'actrice-réalisatrice Maïwen (Pardonnez-moi, Le bal des actrices), elle montera les marches pour Polisse, accompagnée de ses comédiens, Marina Foïs, Karin Viard et Joey Starr.
Les deux derniers sélectionnés, également en lice pour la Caméra d'or, incarneront-ils la relève artistique du Festival ? L'Autrichien Markus Schleinzer, acteur et directeur de casting pour Haneke et Ulrich Seidl, présentera Michael. El l'Australienne Julia Leigh, également romancière, sera à l'honneur avec Sleeping Beauty annoncé comme un "conte de fée érotique".
Sélection officielle, hors compétition
Que serait une Sélection officielle cannoise sans un Woody Allen ? Si certains s'obstinent à ne voir en lui qu'un cinéaste déclinant et sans âme, tant pis pour eux ! En dépit d'une filmographie certes inégale (mais quel auteur majeur n'a pas connu des hauts et des bas ?), on ne peut que se réjouir de la sélection, annoncée depuis plusieurs semaines, de Minuit à Paris en ouverture. Woody Allen a toujours voulu être hors compétition. Pourtant La rose pourpre du Caire et Match point, deux sommets de son art, auraient été des Palmes d'or idéales et d'autres œuvres personnelles n'auraient pas démérité dans un palmarès : Hollywood ending, Vicky Cristina Barcelona ou encore Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu.
Plus conventionnelle est la présence de Pirates des Caraïbes : la fontaine de jouvence de Rob Marshall, l'inévitable blockbuster annuel, qui garantira toutefois le plaisir des yeux avec la montée des marches de Johnny Depp et Penélope Cruz.
En mode star system, le Festival déploiera aussi son tapis rouge pour Jean Dujardin (The artist*, de Michel Hazanavicus) et, en mode plus prestigieux, pour Jodie Foster et Mel Gibson : l'actrice, qui avait été lancée à Cannes en 1976 avec Taxi Driver, y présentera son premier film en tant que réalisatrice, Le complexe du castor.
Mais le film qui attise le plus la curiosité est sans doute La Conquête, de Xavier Durringer, avec Denis Podalydès, et qui relate l'ascension au pouvoir de l'actuel président de la République. Souhaitons que Durringer renoue avec le style percutant de son meilleur film, le polar J'irai au paradis car l'enfer est ici.
En séance spéciale, le documentariste cambodgien Rithy Panh sera à l'honneur avec Le maître des forges de l'enfer. Le cinéaste avait déjà présenté, hors compétition, le poignant S21, la machine de mort khmère rouge, ainsi que Les artistes du théâtre brûlé. Deux autres documentaires* complètent la programmation : Michel Petrucciani de Michael Radford et Tous au Larzac de Christian Rouad, à qui l'on doit Les Lip, l'imagination au pouvoir. Enfin, Labrador, long métrage danois de Frederikke Aspöck, est également en lice pour la Caméra d'or.
La programmation Séances de minuit, habituellement consacrée au cinéma de genre, permettra de découvrir le thriller Jours de grâce, premier long métrage d'Everardo Gout, avec Carlos Bardem, frère de Javier. Un film d'action chinois, Wu Xia, de Peter Ho-Sun Chan, pourra également attirer l'attention du festivalier couche-tard...
* Nous apprenons le 22/04/11 que Shekkhar Kappoor présentera hors compétition le documentaire qu'il a produit en hommage au cinéma indien populaire : Bollywood, la plus belle histoire d'amour jamais contée, réalisé par Rakeysh Omprakash Mehra et Jeff Zimbalist. Par ailleurs, nous rappelons qu'un hommage sera rendu à Jean-Paul Belmondo avec la projection de Belmondo, itinéraire...
* Nous apprenons le 04/05/11 que The artist rejoint la compétition officielle.
Sélection officielle, Un certain regard
Nous ne faisons pas partie de ceux qui estiment que les grands cinéastes et les films importants doivent automatiquement figurer dans la grande Sélection officielle. Les sections parallèles ne sont pas des programmations mineures, et il est sain que la qualité se répartisse dans les différents chemins du Festival, même si Un Certain Regard et ses sections cousines misent davantage sur les découvertes et l'art et essai.
Aussi, on se réjouira de la présence en ouverture de Gus Van Sant, dont le nouvel opus Restless est très attendu.
De même, Bruno Dumont (plus que Robert Guédiguian), Hong Sang-soo, Kim Ki-duk et Eric Khoo présenteront très certainement des œuvres personnelles qui devraient constituer les mouvements forts de la programmation :
Grand Prix pour L'humanité et pour Flandres, Bruno Dumont est l'un des artistes français les plus exigeants, qui avait été révélé à la Quinzaine des Réalisateurs avec La vie de Jésus. Son dernier film, Hors Satan, devrait rester fidèle à son univers.
Robert Guédiguian est sélectionné pour Les Neiges du Kilimandjaro. Après le triomphe de Marius et Jeannette à Un Certain Regard, le cinéaste marseillais avait présenté Marie-Jo et ses deux amours en compétition officielle et L'armée du crime hors compétition. Pour son dernier film, il retrouve deux de ses acteurs fétiches, Ariane Acaride et Gérard Meylan, entourés de jeunes comédiens dont Anaïs Demoustier et Adrien Jolivet.
Lauréat du Prix Un Certain Regard avec Ha Ha Ha l'an passé, le cinéaste coréen Hong Sang-soo est un habitué de la Croisette. Nous avions pu découvrir dans cette même section La vierge mise à nu par ses prétendants. En compétition officielle, cet admirateur de la Nouvelle Vague avait été sélectionné pour La femme est l'avenir de l'homme et Conte de cinéma. Quant à la Quinzaine des Réalisateurs, elle avait permis d'apprécier Les femmes de mes amis. Cette année, le réalisateur présente The Day he arrives.
Son compatriote Kim Ki-duk est également un familier des lieux. L'auteur de Printemps, été, automne, hiver... et printemps a présenté L'arc dans la section Un Certain Regard et Souffle hors compétition. Il défend cette année Arirang.
Autre grand cinéaste asiatique, le Singapourien Eric Khoo nous fera découvrir un film d'animation, Tatsumi. Révélé par le sublime Be with me à la Quinzaine des Réalisateurs, cet auteur avait présenté My Magic en compétition officielle.
Autrement, sont attendus Yellow Sea de Hong-jing Na (The Chaser, hors compétition), ainsi que trois œuvres de cinéastes déjà familiers d'Un Certain Regard : Halt auf freir Srecke d'Andreas Dresen (Septième ciel), L'exercice de l'Etat de Pierre Schoeller (Versailles) et Loverboy de Catalin Mitulescu (Comment j'ai fêté la fin du monde).
La Quinzaine des Réalisateurs avait déjà révélé Nadine Labaki (Caramel), présente cette année avec Et maintenant, on va où ? ainsi que Bakur Bakuradze (Shultes), dont le dernier film s'intitule The Hunter. Quant à la Semaine de la Critique, elle avait mis en lumière Gerardo Naranjo (Drama/Mex), auteur de Miss Bala.
Un Certain Regard sera aussi l'occasion de découvrir Bonsai de Cristian Jimenez (Ilusiones opticas), Le 31 août à Oslo de Joachim Trier (Nouvelle donne) et Skoonheid de Oliver Hermanus (Shirley Adams).
Enfin, la Caméra d'or permettra peut-être de distinguer les premiers longs métrages Travailler fatigue de Juliana Rojas et Marco Dutra, Martha Marcy May Marlene de Sean Durkin et Toomelah de Ivan Sen.
* Nous apprenons le 04/05/11 qu'Andrei Zvyagintsev, réalisateur de Le retour et Le bannissement (Prix d'interprétation masculine 2007), clôturera Un Certain Regard avec Elena.
Quinzaine des Réalisateurs
Section naguère dissidente, la Quinzaine est devenue plus sage tout en restant fidèle à ses exigences artistiques.
André Téchiné (Impardonnables) est certainement l'auteur le plus prestigieux de ce cru 2011. Le cinéaste avait été présent en compétition officielle avec Rendez-vous (prix de la mise en scène), Le lieu du crime, Ma saison préférée, Les voleurs et Les Egarés, tandis qu'Un Certain Regard avait contribué au triomphe de son plus gros succès, Les roseaux sauvages. C'est un retour aux sources pour Téchiné dont Paulina s'en va en 1969 et Souvenirs d'en France en 1975 avait déjà eu les honneurs de la Quinzaine.
Deux films belges pourraient constituer les moments forts : La Fée, des très créatifs Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy, reproduira-t-il le miracle de L'iceberg et Rumba ? Les Géants devrait permettre de retrouver la verve de Bouli Lanners dont Eldorado avait fait grande sensation à cette même Quinzaine.
Autrement, on attendra avec intérêt le nouveau film de Kamen Kalev, The Island, avec Laetitia Casta, deux ans après le très primé Eastern plays, ainsi que Chatrak, du cinéaste indien Vimukti Jayasundara, qui avait obtenu la Caméra d'or en 2005 pour La terre abandonnée.
Mais il va de soi qu'il faudra se comporter en explorateur pour découvrir les véritables révélations de cette section ambitieuse.
Pour concevoir cette 43e édition, son directeur artistique, Frédéric Boyer, a visionné plus de 1300 films venant des quatre coins de la planète. L'édition 2011 sera notamment marquée par la remise du Carrosse d'or d'honneur au cinéaste iranien Jafar Panahi (Le ballon blanc), toujours retenu dans son pays et sous le coup d'une peine de prison de six ans assortie d'une interdiction de tourner pendant 20 ans.
Semaine de la Critique
Spécialisée dans les premiers et seconds longs métrages de cinéastes internationaux, cette section présentera des productions venant d'Argentine, de Bulgarie, de France, de Chine, d'Australie et des Etats-Unis. Des courts et moyens métrages complèteront la programmation, ainsi que des séances spéciales.
On notera la présence de premiers films de réalisatrices françaises dont certaines sont également comédiennes : Delphine et Muriel Coulin (17 filles), Valérie Donzelli (La guerre est déclarée), Eva Ionesco (My Little Princess, avec Isabelle Huppert), et Katia Lewkowicz (Pourquoi tu pleures ?).
Signalons aussi la présence de Jonathan Caouette, acteur dans Shortbus, auteur de Tarnation (Quinzaine des Réalisateurs 2004) et dont le nouveau documentaire sur sa mère, Walk away Renée, devrait faire sensation.
UMA THURMAN, JUDE LAW ET JOHNNIE TO DANS LE JURY DE LA COMPETITION OFFICIELLE, par Gérard Crespo (20/04/2011)
Robert De Niro, Président du Jury du 64e Festival de Cannes, devra visionner les films et débattre de leur qualité avec les artistes suivants dont le nom vient d'être dévoilé : Martina Gusman, Nansun Shi, Uma Thurman, Linn Ullman, Olivier Assayas, Jude Law, Mahamat Saleh Haroun et Johnnie To.
Actrice argentine, Martina Gusman a été remarquée dans trois films de Pablo Trapero : El bonaerense (Un Certain Regard 2002), Leonera (compétition officielle 2008) et Carancho (2010).
Productrice chinoise, Nanshu Shi a notamment financé deux films de Tsui Hark : Double Team (1997) et Piège à Hong Kong (1998).
Actrice américaine, Uma Thurman a été révélée par Les aventures du baron de Münchausen et Les Liaisons dangereuses (rôle de Cécile de Volanges) en 1988. Elle a ensuite joué le rôle de la junkie de Pulp Fiction (Palme d'or 1994) de Quentin Tarantino, qui la dirigera dans son diptyque Kill Bill dont le volume 2 a été présenté hors compétition en 2004. Uma Thurman a été aussi la vedette de Bienvenue à Gattaca, en 1997.
Dans ce dernier film, elle avait pour partenaires Ethan Hawke et l'acteur anglais Jude Law qui avait été révélé par Bent (Un certain regard 1997) et Minuit dans le jardin du bien et du mal. Son charme vénéneux a ensuite été utilisé dans ExistenZ (1998), Le talentueux Mr. Ripley (1999), A.I. Intelligence artificielle (2001), Closer : entre adultes consentants (2004), My Blueberry Nights (compétition officielle 2007) ou encore L'imaginarium du Docteur Parnassus (sélection officielle 2009).
Fille de Liv Ullman et Ingmar Bergman, l'actrice suédoise Linn Ullmann a collaboré avec ses parents en interprétant des rôles d'enfant dans Cris et chuchotements (Grand prix technique 1972) et Sonate d'automne (1978).
Ancien rédacteur aux Cahiers du cinéma, scénariste, invité récurrent du Festival, Olivier Assayas est l'auteur d'une filmographie abondante et inégale dans un sillage post-Nouvelle Vague. On lui doit notamment Désordre (1986), Paris s'éveille (1991), Irma Vep (1996), Fin août début septembre (1999), Les destinées sentimentales (2000), Demonlover (2002), Clean (2004), Boarding gate (2007), L'heure d'été (2008) et surtout Carlos (2010), son meilleur film selon nous.
Réalisateur tchadien, Mahamat Saleh Haroun, révélé à Cannes avec Abouna (notre père) (Quinzaine des Réalisateurs 2002), a donné le meilleur de lui-même avec Daratt (2006) et Un homme qui crie (Prix du Jury 2010).
Maitre du cinéma d'action stylisé de Chine et de Hong Kong, Johnny To a notamment réalisé The Mission (1999), PTU (2003), Breaking News (sélection officielle 2004), Election (2005) et Election 2 (2006), Vengeance (compétition officielle 2009).
Par ailleurs, nous apprenons que le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages, présidé par Michel Gondry, sera composé de l'actrice française Julie Gayet (Un baiser s'il vous plaît), la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner (Lovely Rita), ainsi que deux brillants représentants des cinémas roumain et portugais : Corneliu Porumboiu (Policier, adjectif) et Joao Pedro Rodrigues (Odete).
LA QUINZAINE DES REALISATEURS : LE CRU 2011, par Gérard Crespo (19/04/2011)
La Quinzaine des réalisateurs annonce sa sélection pour le Festival de Cannes 2011 :
La sélection
Après le Sud de Jean-Jacques Jauffret
Atmen de Karl Markovics
Blue Bird de Gust Van den Berghe
Busong de Auraeus Solito
Mushrooms (Chatrak) de Vimukthi Jayasundara
Code Blue de Urszula Antoniak
Corpo celeste de Alice Rohrwacher
Eldfjall de Rúnar Rúnarsson
En ville de Bertrand Schefer et Valérie Mréjen
Impardonnables d'André Téchiné
Jeanne Captive de Philippe Ramos
La Fée de Fiona Gordon, Dominique Abel, et Bruno Romy
La fin du silence de Roland Edzard
Les Géants de Bouli Lanners
O Abismo prateado (Le Gouffre argenté) de Karim Aïnouz
Play de Ruben Östlund
Porfirio de Alejandro Landes
Return de Liza Johnson
Sur la planche de Leïla Kilani
The Island de Kamen Kalev
The Other Side Of Sleep de Rebecca Daly
Séances spéciales
Des jeunes gens modernes de Jerome de Missolz
Le Veilleur de nuit (El Velador) de Natalia Almada
Koi no Tsumi (Guilty of Romance) de Sion Sono
La Nuit elles dansent de Isabelle Lavigne et Stephane Thibault
Courts métrages
Armand 15 ans l'été de Blaise Harrison - Bielutin, dans le jardin du temps de Clément Cogitore - Boro in the box de Bertrand Mondico - Cigarette at Night de Duane Hopkins - Csiscka de Attila Till - Demain, ça sera bien de Pauline Gay - Fourplay : Tampa de Kyle Henry - Killing the chickens to scare the monkeys de Jens Assur - La conduite de la raison de Aliocha - Las Palmas de Johannes Nyholm - Le songe de Poliphile de Camille Henrot - Mila Caos de Simon Paetau - Nuvem de Basil da Cunha - Vice Versa One de Shahrbanoo Sadat
LES COURTS METRAGES DE LA COMPETITION OFFICIELLE : LE VIVIER DES NOUVEAUX TALENTS
Le Festival de Cannes annonce la liste des courts métrages de la sélection officielle, parallèlement au dispositif Short Film Corner proposant un programme annuel sur mesure mêlant ateliers et conférences. Les courts métrages en compétition sont :
Ghost, de Ma Dahci (Corée du Sud), 10'
Badpakje 46, de Wannes Destoop (Belgique), 15'
Soy tan feliz, de Vladimir Duran (Argentine), 14'
Bear, de Nash Edgerton (Australie), 8'
Kjottsar, de Lisa Marie Gamlem (Norvège), 11'
Meathead, de Sam Holst (Nouvelle-Zélande), 10'
Ce n'est rien, de Nicolas Roy (Canada), 14'
Paternal Womb, de Megumi Tazaki (Japon), 15'
Cross, de Maryna Vroda (France), 14'
LA SEMAINE INTERNATIONALE DE LA CRITIQUE PRESENTE SA SELECTION, par Gérard Crespo (18/04/2011)
La Semaine internationale de la critique annonce sa sélection de films pour le Festival de Cannes 2011 :
Longs-Métrages :
- LAS ACACIAS, de Pablo Giorgelli (Argentine)
- AVE, de Konstantin Bojanov (Bulgarie/Fance)
- 17 FILLES, de Delphine & Muriel Coulin (France)
- THE SLUT (HANOTENET), de Hagar Ben Asher (Israël/Allemagne)
- SNOWTOWN (LES CRIMES DE SNOWTOWN), de Justin Kurzel (Australie)
- SAUNA ON MOON, de Zou Peng (Chine)
- TAKE SHELTER, de Jeff Nichols (Etats-Unis)
Courts-Métrages :
- ALEXIS IVANOVITCH VOUS ETES MON HEROS, de Guillaume Gouix (France)
- BLACK MOON, d’Amie Siegel (Etats-Unis)
- BLUE, de Stephan Kang (Nouvelle-Zelande)
- BOY, de Topaz Adizes (Etats-Unis)
- BUL-MYUL-UI-SA-NA-IE, de Moon Byoung-gon (Corée)
- DIMANCHES, de Valérie Rosier (Belgique)
- IN FRONT OF THE HOUSE, de Lee Tae-ho (Corée)
- LA INVIOLABILIDAD DEL DOMICILIO SE BASA EN EL HOMBRE QUE APARECE EMPUNANDO UN HACHA, de Alex Piperno (Uruguay/Argentine)
- JUNIOR, de Julia Ducournau (France)
- PERMANENCIAS, de Ricardo Alves Junior (Brésil)
Séances Spéciales :
- LA GUERRE EST DECLAREE, de Valérie Donzelli (France) Ouverture
- POURQUOI TU PLEURES ?, de Katia Lewcowicz (France) Clôture
- WALK AWAY RENEE, de Jonathan Caouette (Etats-Unis/France/Belgique)
- MY LITTLE PRINCESS, de Eva Ionesco (France)
Lee Chang-dong présidera le jury du Grand Prix Nespresso. Ancien ministre de la culture coréen, cet auteur singulier a été présent à Cannes avec Peppermint Candy (Quinzaine des Réalisateurs 2000), Oasis (Prix FIPRESCI 2003), Secret Sunshine (Prix d'interprétation 2007) et Poetry (Prix du scénario 2010).
Jerzy Skolimowski présidera le Prix Découverte Kodak du court-métrage. Le dernier film de ce cinéaste polonais créatif, Essential Killing, vient de sortir en salles récemment. Skolimowsli a présenté à Cannes Le cri du sorcier (Grand Prix du Jury 1978), Travail au noir (Prix du scénario 1982) et Quatre nuits avec Anna (Quinzaine des Réalisateurs 2008).
Par ailleurs, un jury de lycéens décernera, comme tous les ans, le Prix de la Toute jeune critique, après avoir rédigé pendant le Festival des critiques sur les films ce cette section. CinémaS mettra en ligne leurs productions. Les lycéens sélectionnés sont cette année :
Diana D'Angelo
Audrey Yaker
Manon Chauvel
Lycée Georges Clémenceau (Nantes)
Salomé Chauveau
Lucie Thumerelle
Laureline Marsault
Lycée Savary de Mauléon (Les Sables d'Olonne)
Alice Egea
Romaric Siennat
Rémy Bastrios
Lycée Pablo Picasso (Perpignan)
Océane Janton
Robin Vial-Pradel
Marina Roman
Lycée Honoré-d'Estienne d'Orves (Nice)
Des élèves des lycées Minuth Wagenburg Gymnasium (Stuttgart), Mainz-Gonsenheim Gymnasium (Mainz), Gymnasium Wilnsdorf (Wilsnsdorf) et Schiller Gymnasium Berlin (Berlin) seront également associés au dispositif.
LA SELECTION OFFICIELLE DU FESTIVAL DE CANNES 2011 DEVOILEE, par Gérard Crespo (14/04/2011)
Voici la liste des films retenus dans la Sélection officielle du 64e Festival de Cannes :
En compétition
La piel que habito de Pedro Almodóvar
Footnote de Joseph Cedar
The tree of life de Terrence Malick
La source des femmes de Radu Mihaileanu
Once upon a time in Anatolia de Nuri Bilge Ceylan
Hanezu No Tsuki de Naomi Kawase
Sleeping beauty de Julia Leigh
Pater d'Alain Cavalier
Melancholia de Lars Von Trier
Polisse de Maïween
We need to talk about Kevin de Lynne Ramsay
This must be the place de Paolo Sorrentino
Le gamin au vélo de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Le Havre de Aki Kaurismäki
L'Apollonide - Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello
Habemus papam de Nanni Moretti
Hara-kiri: Death of a samouraï de Takashi Miike
Drive de Nicolas Winding Refn
Michael de Markus Schleinzer
Hors compétition
Film d'ouverture: Minuit à Paris de Woody Allen
Le complexe du castor de Jodie Foster
The artist de Michel Hazanavicius
La conquête de Xavier Durringer
Pirate des Caraïbes - La fontaine de jouvence de Rob Marshall
Séances de minuit
Wu Xia de Chan Peter Ho-Sun
Jours de grâce de Everardo Gout
Séances spéciales
Labrador de Frederikke Aspöck
Le maître des forges de l'enfer de Rithy Panh
Michel Petrucciani de Michael Radford
Tous au Larzac de Christian Rouaud
Un certain regard
Restless de Gus Van Sant (ouverture)
Oslo 31. august de Joachim Trier
Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian
Arirang de Kim Ki Duk
Travailler fatigue Marco Dutra et Juliana Rojas
Et maintenant on va où ? de Nadine Labaki
The day he arrives de Hong Sang-Soo
Yellow sea de Hong-jin Na
Miss Bala de Gerardo Naranjo
L'exercice d'Etat de Pierre Schoeller
Tatsumi de Eric Khoo
Loverboy de Catalin Mitulescu
Hors-Satan de Bruno Dumont
Toomelah de Ivan Sen
Bonsai de Cristian Jimenez
Skoonheid de Oliver Hermanus
Martha Marcy May Marlene de Sean Dorkin
Halt auf freir Strecke de Andreas Dresen
The Hunter de Bakur Bakuradze
Cinéfondation
Escafandra de Pablo Reyero (Argentine); Now Is The Future Of The Past de Huang Weikai (Chine); Augustine, d'Alice Vinocour (France); Khibula de George Ovashvili (Georgie); Luton de Michalis Konstantatos (Grèce); Hier de Bálint Kenyeres (Hongrie); The Train Station de Mohamed Al-Daradji (Irak); Of Our Economical Situation d'Elad Keidan (Israël); Il Sud è Niente de Fabio Mollo (Italie); La Delgada Línea Amarilla de Celso García (Mexique); Full Contact de David Verbeek (Pays-Bas); El Mudo de Daniel et Diego Vega (Pérou); Wolf de Bogdan Mustata (Roumanie); Romania Kings de Deniz Ergüven (Turquie), Mr Kaplan d'Alvaro Brechner (Uruguay)
Courts métrages
Cagey Tigers de Aramisova (République tchèque); Suu et Uchikawa de Nathanael Carton (Singapour); A Viagem de Simao Cayatte (Etats-Unis); Befetach Beity de Anat Costi (Israël); The agony and sweat of the human spirit de D. Jesse Damazo, Joe Bookman (Etats-Unis); Bento Monogatari de Pieter Dirkk (Belgique); Der Brief de Doroteya Droumeva (Allemagne); Duelo antes da noite de Alice Furtado (Brésil); Drari de Kamal Lazrak (France); Salsipuedes de Mariano Luque (Argentine); La fiesta de casamiento de Gaston Margolin, Martin Morgenfeld (Argentine); L'estate che non viene de Pasquale Marino (Italie); Big Muddy de Jefferson Moneo (Etats-Unis); Al Martha Lauf de Ma'ayan Rypp (Israël); Ya-gan-bi-hang de Son Tae-gyum (Corée du Sud); Der Wechselbalg de Maria Steinmetz (Allemagne)
GUS VAN SANT EN SEANCE D'OUVERTURE DE UN CERTAIN REGARD, par Gérard Crespo (13/04/2011)
Restless de Gus Van Sant a été sélectionné pour l'ouverture d'Un Certain Regard, en sélection officielle. Maître du cinéma indépendant américain et peintre de l'homosexualité et de l'adolescence meurtrie, Gus Van Sant, révélé par My Own Private Idaho (1991), a présenté à Cannes Prête à tout (1995), Elephant (Palme d'or 2003), Last Days (2005), Mala noche (en reprise à la Quinzaine des Réalisateurs 2006) et Paranoid Park (Prix du 60e anniversaire en 2007). Hollywood lui a permis de présenter de réaliser des œuvres à plus large audience à l'instar de Will Hunting (1997) ou Harvey Milk (2008).
BERNARDO BERTOLUCCI, PALME D'HONNEUR EN CEREMONIE D'OUVERTURE, par Gérard Crespo (11/04/2011)
Le cinéaste italien Bernardo Bertolucci, Président du Jury cannois en 1990, recevra une Palme d'or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière lors de la cérémonie d'ouverture du 64e Festival. Cette distinction sera désormais décernée tous les ans à un réalisateur prestigieux qui n'a jamais eu la récompense suprême à Cannes. Woody Allen en 2002 et Clint Eastwood en 2009 avaient déjà obtenu cette consécration. Cinéaste politique traitant aussi bien de l'Histoire italienne que de sujets contemporains, Bertolucci a su allier sobriété narrative et formalisme esthétique. On lui doit des films aussi variés que Prima della rivoluzione, La stratégie de l'araignée, Le conformiste, Le dernier tango à Paris, 1900, Le dernier empereur, Beauté volée ou encore Les innocents/Dreamers
BONG JOON-HO, PRESIDENT COREEN DE LA CAMERA D'OR, par Gérard Crespo (07/04/2011)
Le cinéaste coréen Bong Joon-ho sera le Président de la Caméra d'or, récompense qui honorera le meilleur premier film de toutes les sections du Festival de Cannes*. Bong Joon-ho est l'auteur de Memories of Murder (2004), The Host (Quinzaine des Réalisateurs 2006), Tokyo ! (2008, qui l'associe à Michel Gondry et Leos Carax) et Mother (Un certain regard 2009). Bong Joon-ho succède à Bruno Dumont, Abbas Kiarostami, Pavel Lounguine, Gael Garcia Bernal et Roschdy Zem.
* Nous apprenons le 04/05/11 que le Jury de la Caméra d'or sera composé de Danièle Heymann et Alex Masson, critiques de cinéma, Eva Vezer, directrice de Magyar Filmuno EFP (Hongrie), Robert Alazraki, directeur de la photographie, Daniel Colland, directeur de laboratoire, et Jacques Maillot, réalisateur.
L'AFFICHE DU 64e FESTIVAL DE CANNES : FAYE DUNAWAY PAR JERRY SCHATZBERG, par Gérard Crespo (04/04/2011)
Cette photo de Faye Dunaway a été prise par Jerry Schatzberg en 1970. Les deux artistes se retrouveront sur le tournage de Portrait d'une enfant déchue, premier film du photographe, dont une version restaurée sera projetée cette année en sélection officielle, en présence du réalisateur et de son actrice. En France, le film sera distribué par Carlotta à l'automne 2011. L’agence H5 a réalisé l’affiche et signé la création graphique du Festival 2011, modèle paradoxal de sophistication et de sobriété. Jerry Schatzberg est l'incarnation d'un certain cinéma indépendant américain des années 70.
À deux reprises, il a dirigé Al Pacino : dans Panique à Needle Park (1971) et dans l'épouvantail, qui obtint la Palme d'or en 1973.
LE FESTIVAL DE CANNES REND HOMMAGE A JEAN-PAUL BELMONDO, par Gérard Crespo (30/03/2011)
Jean-Paul Belmondo sera honoré par le Festival de Cannes à l'occasion d'une soirée spéciale le mardi 17 mai. Le documentaire Belmondo, itinéraire... de Vincent Perrot et Jeff Domenech sera projeté et suivi d'un dîner et d'une fête. « Nous sommes heureux qu’il ait accepté d’assister à la soirée festive donnée pour saluer son talent et son itinéraire. L’étendue de son registre, le charisme de sa personnalité, la précision de son jeu, la gouaille de ses propos, l’aisance de son allure en ont fait avec Jean Gabin et Michel Simon, l’un des plus grands comédiens français de tous les temps. », ont déclaré Gilles Jacob et Thierry Frémeaux. Belmondo restera dans l'histoire du cinéma pour ses interprétations légendaires dans
À bout de souffle et Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard ainsi que pour Léon Morin prêtre de Jean-Pierre Melville, La sirène du Mississipi de François Truffaut, ou encore Stavisky d'Alain Resnais. Icône de la Nouvelle Vague, il a aussi connu d'immenses succès populaires sous la direction de de Broca, Deray ou Lelouch.
EMIR KUSTURICA, PRÉSIDENT DE LA SECTION UN CERTAIN
REGARD, par Gérard Crespo (25/03/2011)
Immense cinéaste européen de ces trente dernières années, Emir Kusturica sera le Président de la section Un Certain Regard. Lion d'or à Venise pour Te souviens-tu de Dolly Bell ? (1981), le cinéaste obtient la Palme d'or à Cannes avec Papa est en voyage d'affaires (1985), merveille d'humour et de satire politique. Il confirme ses dons de conteur baroque dans Le temps des gitans (Prix de la mise en scène à Cannes en 1989), poème baroque d'une cruauté lyrique surréaliste. Après une incursion réussie dans le cinéma indépendant américain (Arizona Dream), Emir Kusturica obtient une seconde Palme d'or avec Underground, un huis clos historique qui reste son chef-d'œuvre. Chat noir, chat blanc (1998), La vie est un miracle (2004), Promets-moi (2007), et le documentaire Maradona par Kusturica (2008) complètent la filmographie insolite de cet artiste visionnaire.
* Nous apprenons le 04/05/11 que le Jury d'Un Certain Regard sera composé de l'actrice française Elodie Bouchez (Les roseaux sauvages, La vie rêvée des anges, CQ, Après lui), le critique anglais Peter Bradshaw, le directeur artistique américain Geoffrey Gilmore et Daniela Michel, directrice du Festival de Morelia (Mexique).
BRAD PITT, SEAN PENN ET TERRENCE MALICK : RUMEURS DE PRÉSENCE A CANNES, par Gérard Crespo (24/03/2011)
Selon Variety, The Tree of Life de Terrence Malick, aurait de fortes chances d'être en Sélection officielle au prochain Festival de Cannes. Contre toute attente, le film n'avait pas été sélectionné l'an passé, et la Mostra de Venise l'avait également ignoré. Fox Searchlight a en outre déclaré que le film sortira dans les salles françaises le 18 mai, soit en plein Festival... Cette fresque familiale est interprétée par Brad Pitt, Sean Penn et Jessica Chastain, presigieuses pièces d'un casting dont la montée des marches devrait constituer l'un des moments glamour de l'édition 2011. Terrence Malick est l'un des plus grands artistes du cinéma américain, auteur de quatre films cultes chers aux cinéphiles : La balade sauvage (1973), Les moissons du ciel (Prix de la mise en scène en 1978), La ligne rouge (1998) et Le nouveau monde (2005).
MICHEL GONDRY PRÉSIDENT DU JURY DES COURTS MÉTRAGES ET DE LA CINÉFONDATION, par Gérard Crespo (22/02/2011)
Le cinéaste français Michel Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, La Sciences des rêves), présidera le jury des courts métrages et de la Cinéfondation du 64e Festival de Cannes. Michel Gondry a esquissé une œuvre profondément originale. Son premier long métrage, Human Nature est sélectionné en 2001 au Festival de Cannes. Il revient en 2008 avec le triptyque Tokyo ! au Certain Regard, et présente en 2009 hors compétition le portrait documentaire L’épine dans le cœur. The Green Hornet, sur les écrans français depuis janvier 2011, est à ce jour son plus grand succès en salles. Michel Gondry vient d’ouvrir au Centre Pompidou à Paris, dans le cadre du Nouveau Festival, son « Usine de films amateurs », tout à la fois studio de création et atelier de bricolage, où chacun peut réaliser un film court en trois heures.
WOODY ALLEN ET STANLEY KUBRICK À L'AFFICHE DU 64e FESTIVAL DE CANNES, par Gérard Crespo (02/02/2011)
Après l'annonce de la projection restaurée d'Orange mécanique, le Festival de Cannes informe que le nouveau long métrage de Woody Allen, Minuit à Paris, fera l'ouverture de la 64e édition. Sans doute présenté hors compétition, selon le souhait habituel du cinéaste, le film a été tourné à Paris, près de quinze ans après certaines séquences de Tout le monde dit I love you. Allen a fait appel à un casting international dont Owen Wilson, Rachel McAdams, Michael Sheen, Kathy Bates, Adrien Brody, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Gad Elmaleh, Carla Bruni. Une équipe d'assistants réalisateurs français a épaulé le cinéaste : Franck Allera, Mallorie Ballestra-Duquesnoy, Delphine Bertrand et Aurore Coppa.
ROBERT DE NIRO PRÉSIDENT DU JURY DU FESTIVAL DE CANNES 2011, par Gérard Crespo (09/01/2011)
Nul doute que l'acteur culte et star, qui révolutionna le jeu dramatique dans les années 70 et 80 par des compositions mémorables chez Scorsese, Cimino, Bertolucci, Leone ou, plus tard, Mann et Tarantino, est un choix de qualité. Pour autant, la filmographie de De Niro ces dix dernières années pourra laisser perplexe, le comédien s'étant livré à maints numéros de cabotinage dans des bandes indignes de son talent. Le meilleur comme le pire peuvent donc être prévus pour ce qui est du palmarès qu'il décernera, avec les autres membres du jury cannois. La qualité d'un artiste détermine-t-elle pour autant celle d'un Palmarès ? On peut en douter, au vu de quelques surprises dans l'histoire du Festival de Cannes : Sydney Pollack (On achève bien les chevaux) avait décerné l'une des pires Palmes académiques (Mission), quand Françoise Sagan, femme de lettres talentueuse mais piètre cinéaste, accordait sept ans plus tôt un joli doublon en primant Apocalypse now et Le tambour. C'était la période où pour présider un Jury de grand festival de cinéma, on se devait d'être de préférence un écrivain célèbre, quand les cinéastes ne siégeaient pas dans les Académies Goncourt ou Renaudot... Mais revenons sur les films primés à Cannes par les jurys présidés par de grands acteurs :
1966 - Sophia Loren proclame son palmarès sous les huées : Un homme et une femme de Claude Lelouch et Ces messieurs dames de Pietro Germi obtiennent la Palme d'or. Les réactions sont injustifiées pour le second film, désormais grand classique de la comédie italienne.
1971 - Michèle Morgan promeut Le messager de Joseph Losey, certes grand cinéaste, quand deux films cultes auraient pu prétendre à la Palme d'or : Johnny s'en-va-t-en guerre de Dalton Trumbo (Grand Prix du Jury) et Mort à Venise de Luchino Visconti (Prix du 25e anniversaire).
1973 - Ingrid Bergman, choquée par La maman et la putain (tout de même Prix du Jury), préfère attribuer la Palme d'or à deux autres films : l'excellent L'épouvantail de Jerry Schatzberg et le calamiteux La méprise de Alan Bridges.
1975 - Jeanne Moreau attribue la Palme d'or à un pensum, Chronique des années de braise de Mohammed Lakhdar-Hamina, et le prix d'interprétation féminine à Valerie Perrine, pourtant second rôle dans Lenny.
1980 - Kirk Douglas cède à la pression pour attribuer le Prix du Jury au génial Mon oncle d'Amérique. Mais on lui saura gré d'avoir attribué la Palme à deux autres monuments du 7e art : Kagemusha d'Akira Kurosawa et Que le spectacle commence de Bob Fosse.
1984 - Dirk Bogarde consacre Wim Wenders pour Paris, Texas qui constitue un sommet dans la filmographie du cinéaste allemand. Angelopoulos, Huston et Tavernier sont également au Palmarès.
1987 - Yves Montand crée la surprise en attribuant la Palme d'or à Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat, sous les sifflets de l'assistance. Le film est pourtant une réussite indéniable. Le favori Nikita Mikhalkov se contente d'un Prix d'interprétation pour Mastroianni dans le consensuel Les Yeux noirs.
1992 - Gérard Depardieu attribue ce qui restera sans doute la pire récompense suprême décernée par un acteur : Les meilleures intentions de Bille August (sur un scénario de Bergman), récidiviste de la Palme d'or surévaluée. The Player de Robert Altman se contente du Grand Prix.
1994 - Clint Eastwod (et sa vice-présidente Catherine Deneuve) consacrent Quentin Tarantino pour le désormais culte Pulp Fiction, mais n'oublient pas Nikita Mikhalkhov, Nanni Moretti et Patrice Chéreau au Palmarès. Virna Lisi obtient le prix d'interprétation féminine pour sa composition de Catherine de Médicis dans La Reine Margot, éclipsant l'actrice du rôle-titre, Isabelle Adjani.
1995 - Jeanne Moreau répare sa bévue en attribuant la Palme d'or au très beau Underground d'Emir Kusturica, mais son prix d'interprétation récompense à nouveau une actrice dans un second rôle : Helen Mirren pour La folie du roi George.
1997 - Isabelle Adjani opte pour un choix radical en donnant la Palme à deux films magistraux mais austères : Le goût de la cerise d'Abbas Kiarostami et L'anguille de Shohei Imamura. D'autres prix récompensent Atom Egoyan et Wong Kar-wai. Kathy Burke est primée pour un second rôle dans Ne pas avaler. Les actrices présidentes font-elle un blocage avec le prix d'interprétation féminine ?
2001 - Liv Ullmann ne cache pas sa préférence pour La pianiste de Michael Haneke (Grand Prix et double prix d'interprétation) mais c'est le consensuel (et très beau) La chambre du fils de Nanni Moretti qui obtient la Palme d'or.
2008 - Sean Penn attribue la Palme d'or à Entre les murs, "grand petit film" coup de poing de Laurent Cantet. Matteo Garrone, Nuri Bilge Ceylan et les frères Dardenne ne sont pas oubliés mais Clint Eastwood (L'échange) repart bredouille.
2009 - Isabelle Huppert est accusée de copinage en donnant la Palme à Michael Haneke pour Le ruban blanc, qui s'avèrera très vite une pièce majeure dans sa filmographie. Jacques Audiard et Brillante Mendoza figurent dans un Palmarès qui a oublié Marco Bellochio (Vincere) et Jane Campion (Bright Star).
Bobby De Niro, vous êtes attendu au tournant !
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