Adossé à un balcon, à un étage d'immeuble que l'on devine assez haut, Jonathan s'adresse à la caméra pour lui parler en apparence de tout et de rien, en fait de lui et de sa famille, d'un air délibérément dégagé, avant de s'installer dans un rôle de narrateur distancié.
Il y a d'abord la scène de rupture entre son frère Paul et Anna, un beau couple a-t-on envie de dire, dont on n'est pas sûr que les deux ne s'aiment vraiment plus, et chez qui la pertinence des propos est systématiquement mâtinée d'une belle élégance de langage. Car chez ces gens-là, on cause bien… et c'est fort agréable, fort rare aussi. Il y a aussi la rencontre entre Jonathan et son ex, Alice, dont il n'a aucun mal à transformer, toujours avec aisance, l'hostilité en quasi-soumission. Il y a enfin la grande et insolite déprime de Paul, qui a rejoint l'appartement familial, dont le père, un intrusif qui sait garder ses distances, tente d'assumer l'intendance. Un milieu sur lequel la mère, après une sorte de dernière approche désespérée, finira sans doute par mettre une croix, une atmosphère sur laquelle pèse sans vouloir se l'avouer le suicide récent d'une jeune sœur âgée dix-sept ans (le balcon…).