Les Egarés
André Téchiné
Sélection Officielle
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Les Egarés illustrent quelques thèmes récurrents de ce Festival : effroi et angoisse, troubles caractériels, mort, cheminement vers autre chose. Téchiné y ajoute le suspense, ouvrant dans la période de l'exil de juin 40, illustrée de scènes terrifiantes et d'images d'archives, une parenthèse intemporelle.
Une fois n'est pas coutume — et film de commande oblige — il adapte très personnellement le roman de Gilles Perrault, Le Garçon aux yeux gris. Le réalisateur a ainsi une façon bien particulière de s'approprier le sujet, d'opérer un cheminement que les personnages de l'histoire auront eux aussi à accomplir.
Lors de la débâcle, Odile et ses deux enfants, Philippe et Cathy, suivent comme bien d'autres la route de l'exode vers le sud de la France. La violence d'un terrifiant bombardement les fait rencontrer Yvan, qui tentera de les persuader de se retrancher dans la forêt, puis dans une maison désertée, au lieu de continuer de suivre un itinéraire meurtrier.

Des relations particulières commencent alors à s'installer entre les trois personnages principaux, Odile, Philippe et Yvan : fascination, rejet, curiosité, trouble prennent le relais dans un jeu souvent cruel où, tour à tour, chacun se retrouvera seul et où la confiance changera dangereusement de camp. Odile revisite ses convictions d'institutrice, Philippe devient adulte avant l'âge, Yvan, fil conducteur du film, instille à la fois le réconfort dans un monde apocalyptique et une indicible mais réelle menace. Livia (voir Ce jour-là) dirait d'Yvan que c'est un ange, car il lui arrive de tomber… et partant de ne pas voir les choses de la même façon que les autres.
Vivre ensemble lorsqu'on est seul au monde, s'approprier un lieu, mais aussi un être : c'est par cette intrusion à la fois fragile et déterminée que la caméra de Téchiné, servie par une très belle image, impose comme lui seul sait le faire, l'improbable reconstruction d'une cellule humaine, forte tout autant qu'éphémère.

Marie-Jo Astic


1h35 - France - Scénario et dialogues : André Téchiné, Gilles Taurand - Images : Agnès Godard - Décors : Zé Branco - Musique : Philippe Sarde - Montage : Martine Giordano - Interprétation : Emmanuelle Béart, Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet, Clémence Meyer.

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