La Femme est l'avenir de l'homme |
De
tous les cinéastes asiatiques révélés ces dernières années, Hong Sang-soo
est sans doute le plus doué et son dernier film ne méritait pas l'accueil
plutôt tiède qu'il a reçu. Après Le Jour où le cochon est tué dans
le puits, La Vierge mise à nu par ses prétendants, Le
Pouvoir de la province de Kangwon et Turning Gate, ce dernier opus au titre hommage à Aragon
diffuse un charme réel. Nous retrouvons à nouveau une histoire de jeunes adultes un peu paumés et à côté de leurs pompes auxquels sans aucun doute le réalisateur s'identifie. Les retrouvailles d'un cinéaste raté et d'un enseignant en arts plastiques, jadis amoureux de la même femme, et désireux de la retrouver, sont à l'origine d'un scénario qui pourrait tenir en quelques pages tant l'essentiel est ailleurs : marivaudages pitoyables noyés dans les vapeurs de l'alcool, rencontre sordide et quasiment muette dans une chambre d'hôtel, tragi-comédie des amours qui foirent... |
Comme Ophuls,
Hong sang-soo filme les scènes de comédie comme des temps de drame
et les moments mélancoliques comme des instants de comédie. Comme Ozu,
il maîtrise l'art des cadrages et des plans fixes. Comme les cinéastes
de la Nouvelle Vague (la trame rappelle Jules et Jim), il
raconte sans fioritures des histoires simples tirées de son propre
passé. Mais jamais ces références n'écrasent le réalisateur qui s'avère être
le nouveau maître du cinéma de l'incommunicabilité et des passions
manquées. Derrière la banalité de certains dialogues se lit le désarroi
des personnages ; derrière le manque de clarté d'un flash-back apparaît
l'incertitude de la mémoire... |
1h28
- Corée, France - Scénario, dialogues
: Hong Sangsoo - Photo
: Kim Hyung-koo - Montage : Ham
Sung-won - Musique
: Cong Yong-jin - Interprétation
: Yoo Jitae, Sung Hyunah, Kim Taewoo. |