Le Silence de Lorna
The Silence of Lorna
de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Sélection officielle
Prix du scénario

palme

Sortie en salle : 27 août 2008




« Chez ces gens-là, on triche »

C'est au rythme d'environ un film tous les trois ans que les Dardenne, après Je pense à vous, puis La Promesse qui les a révélés à la Quinzaine, sont invités à Cannes et s'invitent à tous ses palmarès. Ils sont là comme une évidence et une promesse d'excellence.
Après leurs deux Palmes d'or, “les frères”, comme on les appelle en Belgique, s'offrent le prix du scénario pour une nouvelle chronique sociale, cette fois ancrée dans l'univers poisseux de l'exploitation d'une misère bien particulière, celle des immigrants et de leur guerre pour conquérir l'Europe de l'ouest et l'eldorado d'un avenir meilleur, le système le plus classique étant de contracter un mariage blanc pour obtenir la nationalité choisie.
Mais ici le plan se diabolise radicalement. Cette formalité est déjà accomplie lorsqu'on arrive dans l'histoire de Lorna et Claudy, intrigués par l'extrême dureté de cette jeune femme pressée vis-à-vis de la fragilité de son faux époux, dont on devine qu'il vit sous dépendance, de la drogue tout autant que de Lorna.
Les entrevues de Lorna et d'un certain Fabio apportent rapidement des éclaircissements sur une situation, peu reluisante puisque son principal atout est la mort de Claudy, mais qui ne fait qu'être le prélude à un second mariage blanc, arrangé avec un Russe et la mafia qui va avec, lui aussi en quête de belgitude.


Tant que seul l'argent huile les rouages de l'entreprise (un mariage blanc rapporte 10 000 €), tout se passe bien.
Mais il se trouve que, malgré toute sa rage (on pense évidemment à Rosetta) à s'offrir une place au soleil – un petit snack avec son ami Sokol –, il se trouve que Lorna est un être humain et que la détresse de Claudy à laquelle elle participe activement, commence à lui être difficilement supportable. Alors Lorna va tout faire pour modifier les plans, pour au moins se mettre hors champ au plus tôt de cette mort annoncée. Alors la perverse mécanique va se dérégler…
Le choix des sujets n'est jamais anodin chez les Dardenne, qui creusent autant qu'il le faut pour atteindre le point où la douleur devient sensible, voire au-delà.
La virtuosité de leur caméra culmine dans une très belle scène d'amour entre Lorna et Claudy.

Marie-Jo Astic


1h45 – Belgique / Frande / Italie - Scénario et dialogues : Jean-Pierre et Luc DARDENNE - Photo : Alain MARCOEN - Décors : Igor GABRIEL - Musique : - - Montage : Marie-Hélène DOZO - Son : Jean-Pierre DURET - Interprétation : Arta DOBROSHI, Olivier GOURMET, Morgan MARINNE, Jérémie RENIER, Fabrizio RONGIONE, Alban UKAJ.

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