Septième ciel |
Inge, paisible retraitée, passe ses journées entre son tendre époux, sa chorale et ses travaux de couture. La rencontre avec un voisin de qui elle s’éprend ébranle ses certitudes et son couple. Prix coup de cœur de la section « Un Certain Regard », Septième ciel confirme la vitalité d’une certaine nouvelle vague allemande, qui aborde des sujets dérangeants en osant une esthétique originale. Pingpong (Semaine de la Critique 2006) peignait par le marivaudage la liaison amoureuse entre une bourgeoise quadragénaire et un adolescent de seize ans. L’Un contre l’autre (Quinzaine des Réalisateurs 2007) abordait la violence conjugale par un style intimiste captivant. Ici, l’âge des protagonistes, s’il apporte des dilemmes supplémentaires (peut-on refaire sa vie après soixante ans ?), n’est pas prétexte à un film à thèse pour ciné-clubs de maisons de retraite. Le cinéaste aborde frontalement son histoire : les scènes d’amour, assumées, sont d’une beauté et d’une émotion que maints films jeunistes n’atteignent pas ; et les larmes d’Ursula Werner, loin de l’emphase mélodramatique, forment un contrepoint délicat à l’oppression et au malaise des situations. |
On pourrait rattacher aussi l’œuvre à tout un courant du cinéma de la vieillesse, qui va de Place aux jeunes (Leo McCarey, 1937) à Joyeux Noël bonne année (Luigi Comencini, 1989) en passant par Voyage à Tokyo (Yasujirô Ozu, 1953) ou Promesse (Yoshihige Yoshida, 1985). Mais jamais depuis Breezy (Clint Eastwood, 1973), le cinéma n’avait filmé la passion d’amour au troisième âge avec autant d’éclat (encore que dans ce film seul William Holden était l’élément âgé du couple). Pourtant, Inge et son amant, par leurs maladresses et manques d’assurance, feront paradoxalement penser au jeune couple de quinze ans dans Une histoire d’amour suédoise (Roy Andersson, 1970), autre merveille découverte cette année. En dépit d’un dénouement un peu raté, qui contraste avec la finesse de l’ensemble, Septième ciel est donc bien une réussite. Gérard Crespo |
1h38 - Allemagne - Scénario et dialogues : Cooky ZIESCHE, Andreas DRESEN, Laila STIELER, Jörg HAUSCHILD - Photo : Michael HAMMON - Décors : Susanne HOPF - Musique : - - Montage : Jörg HAUSCHILD - Son : Peter SCHMIDT - Interprétation : Steffi KÜHNERT, Horst REHBERG, Ursula WERNER, Horst WESTPHAL. |