Policier, Adjectif |
"On a conscience avant, on prend conscience après."(Oscar Wilde)
Après 12h08 à l'est de Bucarest (Caméra d'or 2006), Corneliu Porumboiu a de nouveau étonné avec ce récit de Cristi, un jeune policier taciturne hésitant à faire mettre en prison un lycéen consommateur de haschisch, et s'attirant par là même les foudres de sa hiérarchie. À l'instar de ses compatriotes Cristian Mungiu (4 mois, 3 semaines, 2 jours), Cristi Piu (La mort de Dante Lazarescu) ou Radu Muntean (Mardi après Noël), le cinéaste prend son temps et opte pour le minimalisme dramaturgique, axant son énergie créatrice sur des dialogues intelligents et ironiques et l'art de capter des visages perturbés en proie au doute. Le dispositif est honorable, présentant une belle réflexion sur la sémantique et, accessoirement, sur la conscience morale policière. "J'ai voulu faire un film sur le langage, sur son sens ou plutôt son manque de sens", précise le réalisateur dans le dossier de presse.
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À cet égard, le meilleur de l'œuvre réside dans ces filatures filmées presque en temps réel, suivies systématiquement de rapports où Cristi comprend le pouvoir des mots. Intègre et idéaliste, le policier se fera-t-il absorber par le système et noiera-t-il toute velléité réflexive ? Le propos est, nous n'en doutons pas, d'une ambition certaine. Reste que Porumboiu n'échappe pas aux travers d'un certain cinéma contemporain, le nombrilisme et la pose, et que ces interminables plans-séquences aux airs de déjà-vu laisseront plus d'un spectateur sur le carreau. Dommage, car l'auteur a un style bien personnel au-delà des références et de son insertion dans un certain dispositif collectif de la nouvelle vague roumaine. Gérard Crespo
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1h55 - Roumanie - Scénario : Corneliu POEUMBOIU - Interprétation : Dragos BUCUR, Vlad IVANOV, Cosmin SELESI, Irina SAULESCU, Adina DULCU. |