Apocalypse
now
Francis Ford Coppola Sélection Officielle Hors compétition |
En
1979, Francis Ford Coppola obtenait la Palme d'or du Festival de Cannes
pour Apocalypse now, épopée de 2h30, l'un des meilleurs films jamais tournés
sur la guerre du Viêt-nam et qui est devenu l'une des œuvres cultes du
septième art. Les cinéphiles avaient en mémoire les séquences les plus fameuses
: le générique montrant le visage renversé du capitaine Willard avec en
surimpression une plage tropicale et des hélicoptères « frelons de la mort
», le tout orchestré par Jim Morrison et les Doors, l'anéantissement d'un
village vietnamien scandé par la musique de Wagner, Larry Fishburne se trémoussant
sur l'air de I Can Get No Satisfaction, l'apparition dans l'ombre de
Marlon Brando en guest star et son assassinat perpétré tel un rituel sauvage...
Toutes ces scènes figurent dans le nouveau montage proposé en 2001 par Coppola
qui a sorti du placard plusieurs séquences initialement supprimées. Cet
« opéra de guerre » n'en paraît que plus lyrique et violent et s'avère d'une
saisissante beauté visionnaire, plus proche du trip surréaliste que de la
chronique historique à la Platoon. Rappelons que le film relate la mission
du capitaine Willard (Martin Sheen), chargé de liquider Kurtz, un officier
renégat (Brando) devenu gourou d'une tribu de montagnards cambodgiens. |
La mission
deviendra très vite un voyage physique (l'exploration d'une contrée inconnue)
et spirituel (la découverte par Willard de sa propre animalité qui le
rapproche de l'homme qu'il est censé abattre). Les séquences nouvelles
sont d'une densité remarquable : le vol d'une planche de surf par l'équipage,
premier signe de leur dissidence, le sordide « repos du guerrier », sous
la pluie, auprès des Bunnies de Play Boy, ou Willard capturé dans une
cage à tigres face à Kurtz entouré d'une cohorte d'enfants. Les scènes
de la plantation française n'ajouteront sans doute rien à l'harmonie de
l'ensemble, mais elles permettent de comprendre l'aigreur des anciens
colons (admirablement campés par Christian Marquand et Aurore Clément)
; l'ombre de John Ford effleure en outre le film lors d'une émouvante
séquence d'enterrement. Apocalypse now nous montre diverses facettes de
l'Amérique de l'époque (les années 60 et 70) : l'Amérique impériale et
arrogante, fière de sa technologie avancée, l'Amérique de la contre-culture
emportant avec elle joints et acides et se maquillant de peintures psychédéliques,
l'Amérique partagée entre moralisme puritain et pulsions belliqueuses.
Plus de vingt ans après sa première version, le film (qui est le chef-d'œuvre de son auteur - avec la saga du Parrain -) n'a pas pris une ride et trouve
dans l'actualité internationale de cette fin 2001 de troublantes résonances...
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3h23 - USA - Scénario et dialogues :
John Milius, Francis Ford Coppola, Michael Herr - Images : Vittorio
Storaro
- Musique : Germine Coppola, Francis ford Coppola
- Montage : Richard Marks, Walter Murch - Décors
: Dean Tavoularis - Interprètes : Marlon
Brando, Robert Duvall, Martin Sheen, Frederic Forrest, Albert Hall, Sam
Bottoms, Christian Marquand, Aurore Clément. |