« Ami, remplis mon verre »
Construit autour d'un personnage hallucinant de médiocrité et d'incurie, My magic raconte le parcours d'un enfant, dont la vision du père va évoluer du profond mépris à l'admiration.
Francis, en pleine déchéance, fait honte à son fils, lequel gagne de quoi payer son école en vendant ses services de courageux petit élève studieux à ses “copains”, puisque lui, le père, ne sait que boire le peu d'argent qu'il gagne piteusement au bar qui l'emploie et où, en plus, il finit les verres des clients.
Sa femme est morte, mais l'enfant croit qu'elle l'a quitté à juste raison. Mais plus que sa mère, c'est la tendresse de sa grand-mère qui manque terriblement à l'enfant . Il lui parle, tandis que Francis continue de supplier « Reviens » à sa femme au bout d'un téléphone dont le fil a été coupé, pour non paiement de la ligne.
« Tu n'es bon à rien » sera la phrase qui déclenchera enfin quelque chose chez Francis. Car, à quelque chose, il fut bon il y a longtemps, au temps où il était beau, « au temps qu'il était pas poivrot », au temps où avec sa femme ils formaient un duo épatant de magie.
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Pour regagner la considération de son fils, tandis qu'il lui montre quelques petits tours anodins pour l'épater, il va renouer avec son ancien métier, particulièrement dur, puisque sa magie consiste à se percer le corps de part en part, marcher sur des tisons ardents, avaler du verre… pour rapporter de l'argent.
D'autant plus dur qu'il se fait exploiter par son patron, toujours prêt à reculer les limites supportables de l'exercice.
Au-delà de démonstrations spectaculaires qui ont fait frémir quelques âmes sensibles, c'est justement une intense sensibilité qui émane de ce film, une belle histoire de rédemption doublée d'une belle performance d'acteur… ou plutôt de magicien.
Marie-Jo Astic
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