LE STAGE "MOI..., JEUNE CRITIQUE" 2010 DES RENCONTRES CINÉMATOGRAPHIQUES DE CANNES - par Gérard Crespo (13/12/10)
Pour les 23 Rencontres Cinématographiques de Cannes, les élèves de la classe de 1ère L du lycée Stanislas de Cannes se sont imprégnés de la thématique de cette année : Justice, Politique, Société… le Cinéma s'engage. Pendant quatre jours, se sont succédé projections, rencontres et ateliers d'écriture. Accompagnés par Laurence Pelat et Jean Gouny, tous se sont formés à l'argumentation avec Alain Bévérini, journaliste, critique de cinéma et réalisateur.
Baptiste Ellequain, pour sa critique de Douze hommes en colère de Sidney Lumet a remporté le prix du stage « Moi..., Jeune critique » (catégorie 1ère/Terminale) :
« La preuve par 12 ! »
Douze jurés se voient contraints de décider du sort d’un jeune homme, accusé du meurtre de son père, et risquant la peine de mort. Lors du premier vote, onze d’entre eux le déclarent coupable. Cependant, l’unanimité est requise. Le douzième juré va alors tâcher de convaincre chacun de ses adversaires de changer d’opinion...
Autant dire que Sidney Lumet, pour son premier long-métrage, en 1957, n’avait pas choisi la facilité. Tant avec le sujet qu’avec la mise en scène. En effet, la quasi-intégralité du film se déroule dans une seule et même pièce, celle ou délibèrent les jurés. Plus qu’un défi, une gageure, un véritable exercice de style ! Réussi ? Sans aucun doute. L’immersion est totale. On a pour le coup l’impression d’être le treizième juré, le film jouant avec les plans-séquences, de nombreux gros plans, des plongées, des contre-plongées, ainsi que des travellings accompagnant chaque mouvement de personnage, avec une fluidité hors norme. Tiens, les personnages, parlons-en. Chacun des douze jurés a une image et une personnalité bien différenciées. Ainsi, nous pouvons voir converser un architecte calme et droit (Henry Fonda), un vieil homme au sourire communicatif, un agent de pub à l’humour peu prononcé, un fan de baseball aux remarques tout sauf éclairées, ou encore un binoclard dont la voix semble tout droit sortie du Muppet Show. Attention, point de méprise, de peur de causer une trop grande désillusion : un film sur la « justice » ne rime pas toujours avec enquête policière, et vous n’aurez pas l’occasion de voir déambuler Watson dans les rues de Londres à la recherche d’indices à triple sens. Car Douze hommes en colère n’est en rien un film policier, un « whodunit » à la manière d’Hitchcok, et le suspense n’y est pas de mise. Son message est bien plus profond que ça. Il aborde des sujets fondamentaux. Tout d’abord, il traite de la responsabilité qu’engendre la condition de juré et par conséquent, de ce que représente la peine de mort aux Etats-Unis, nation où la sentence ultime subsiste encore et toujours aujourd’hui dans de nombreux États. Le film critique par ailleurs les préjugés, les qualifiant d’« ennemis de la vérité » et remet en question l’authenticité de la notion même de témoignage. Le personnage incarné par Henry Fonda s’engage alors dans une quête morale, cherchant à faire basculer l’issue du vote par la simple contestation de preuves considérées comme irréfutables par ses homologues, peu conscients de la responsabilité qui leur incombe, et de ses conséquences. Ceux-ci prennent alors conscience, tout comme les spectateurs, de l’importance du bénéfice du doute. Importance qui inspirera peut être quelques années plus tard en France l’avocat-cinéaste André Cayatte dans Le Glaive et la Balance avec son lancinant « Le doute doit toujours bénéficier à l’accusé »... Enfin, une réflexion philosophique sur la capacité de jugement de l’être humain nous est proposée, celle-ci étant principalement influencée par le passé, par le vécu de chacun. Il est ainsi difficile de juger autrui sans effectuer de manière inconsciente une projection de ce qui n’est pas résolu en soi. Le juré idéal n’est-il donc pas celui qui a d’abord su se clarifier sur lui-même avant d’être apte à émettre un jugement plus objectif sur l’autre ?
Douze hommes en colère a donc tout d’un grand film. Remarquablement interprété, il offre, en plus de sa dimension esthétique, une véritable leçon d’humanisme.
Baptiste Ellequain
LE RÉALISATEUR OLIVER LAXE RENCONTRE DES LYCÉENS CANNOIS - par Gérard Crespo (21/05/10)
Dans le cadre d'un partenariat entre la Quinzaine des Réalisateurs et le Rectorat de Nice, des lycéens cannois ont assisté à la projection de Vous êtes tous des capitaines (Todos vós sodes capitáns) de Oliver Laxe et ont pu s'entretenir avec le réalisateur à l'occasion d'une rencontre conviviale sur la terrasse du Palais Stéphanie.
LA TOUTE JEUNE CRITIQUE : LE CRU 2010 - par Gérard Crespo (21/05/10)
CinémaS a le plaisir de vous présenter, en partenariat avec la Semaine de la Critique, les articles de lycéens ayant fait partie de la sélection 2010 de la "Toute Jeune critique" : Georges Hauchard-Heutte, Simon Appert, Etienne Chedeville (lycée Pierre Corneille de Rouen), Marie Charlier, Victoria Diaz, Justine Thellier (lycée Henri Martin de Saint Quentin), Laurène Caule, Aurore Marmin, Antoine Calmel (lycée Jean Chassaigne de Saint-Pierre du Mont), Caroline Ghristi, Louisa Soenser, Justine Piron (lycée Carnot de Cannes) :
Armadillo - Janus METZ
Bedevilled - JANG Cheol-so
Belle épine - Rebecca ZLOTOWSKI
Bi, Don't Be Afraid! (Bi, Dung So!) - PHAN Dang Di
Myth of the American Sleepover (The) - David Robert MITCHELL
Sandcastle - BOO Junfeng
Sound of Noise - Ola SIMONSSON & Johannes STARJNE NILSSON
Le Prix de la Meilleure Critique a été décerné à Marie Charlier, Victoria Diaz et Justine Thellier.
© Frédéric Jaeger/Nino Klingler
SÉLECTIONS BIS : CANNES CLASSICS, CINÉMA DE LA PLAGE, LES CINÉMAS DU MONDE, ACID - par Gérard Crespo (27/04/2010, mis à jour le 08/05/2010)
Le Festival de Cannes, ce n'est pas seulement la sélection officielle (dont Un Certain Regard) et les prestigieuses parallèles (Quinzaine des Réalisateurs, Semaine de la Critique). Quatre sections moins médiatisées et davantage méconnues méritent un détour dans le parcours du festivalier.
CANNES CLASSICS : LE CINÉMA RETROUVÉ
La Sélection Cannes Classics, rattachée à la Section officielle, propose en premier lieu chaque année des restaurations de films ; elle permettra de (re)découvrir les œuvres suivantes, projetées au Palais des Festivals puis, en reprise, au Théâtre de La Licorne :
AFRICAN QUEEN (Etats-Unis / Royaume-Uni, 105’, 1951) de John Huston
AU PETIT BONHEUR (France, 102’, 1946) de Marcel L’Herbier
LA BATAILLE DU RAIL (France, 1946, 82’) de René Clément, Prix du Jury en 1946
DIE BLECHTROMEL (Le Tambour) (Allemagne, 140’) de Volker Schlöndorff, Palme d’or en 1979
BOUDU SAUVE DES EAUX (France, 85’, 1932) de Jean Renoir
LA CAMPAGNE DE CICERON (France, 111’, 1989) de Jacques Davila
IL GATTOPARDO (Le Guépard) (Italie, 185’, 1963) de Luchino Visconti, Palme d’or en 1963
LE GRAND AMOUR (France, 87’, 1969) de Pierre Etaix, en compétition à Cannes en 1969
KHANDAHAR (Les Ruines) (Inde, 102’, 1983) de Mrinal Sen
KISS OF THE SPIDERWOMAN (Le Baiser de la femme-araignée) (Etats-Unis / Brésil, 120’) de Hector Babenco, (Prix d’interprétation masculine à Cannes en 1985)
PSYCHOSE (Etats-Unis, 109', 1960) de Alfred Hitchcock
LA 317e SECTION (France, 94’) de Pierre Schoendoerffer, Prix du Scénario en 1965
TRISTANA (Espagne/France/Italie, 99’ 1970) de Luis Buñuel, sélectionné à Cannes en 1970
La Word Cinema Foundation présentera en outre 3 restaurations de la Cinémathèque de Bologne : MEST (La Flute de roseau) de Ermek Shinarbaev, (Kazakhstan, 96’, 1989) ; KÉT LÁNY AZ UTCÁN (Deux filles dans la rue) de Andre de Toth (Hongrie, 85’, 1939,) et TITASH EKTI NADIR NAAM (Une rivière nommé Titash) de Ritwik Ghatak (Inde, 158’, 1973,).
4 documentaires complètent la sélection de Cannes Classics :
CAMERAMAN: THE LIFE AND WORK OF JACK CARDIFF (Royaume-Uni, 2010, 90’) de Craig McCall
HOLLYWOOD DON’T SURF (Etats-Unis, 2010, 85’) de Greg MacGillivray
MEN FILMEN ÄR MIN ÄLSKARINNA (... Mais le cinéma reste ma maîtresse) (Suède, 2010, 66’) de Stig Bjorkman
TOSCAN d’Isabelle Partiot-Pieri (France, 2010, 90’)
Seront enfin présentés à Cannes Classics deux courts métrages : IL RUSCELLO DI RIPASOTTILE (Italie, 1941, 6’) de Roberto Rossellini ; et THE ELOQUENT PEASANT de Chadi Abdel Salam (Egyptien, 1970, 8’).
CINÉMA DE LA PLAGE : LA TOILE ET LE SABLE
Le Cinéma de la plage, dans le cadre de la Sélection officielle, propose des films projetés en plein air et en soirée, sur la plage Macé. Pour les fans ce ce genre de projection, l'expérience constitue un dépaysement convivial, au même titre que la programmation du Cinéma d'été de Monaco, sur le rocher de la Principauté, en juillet-août, mais avec un choix plus audacieux, ouvert comme il se doit à toutes les cinématographies. Classiques restaurés, documentaires et fictions en avant-première seront à l'honneur, souvent en présence de l'équipe des films, et dans la mesure où les conditions météorologiques le permettront... L'an passé, les festivaliers ont ainsi pu découvrir Tengri, sorti en salles en avril 2010. À vos couvertures !
FROM HERE TO ETERNITY (Tant qu’il y aura des hommes)
Un film de Fred Zinnemann (1953, USA, 119’) avec Burt Lancaster, Montgomery Clift, Deborah Kerr, Frank Sinatra
THE GIRL HUNTERS (Solo pour une blonde)
Un film de Roy Rowland (1963, 98’)
HOLLYWOOD DON’T SURF
Un documentaire de Greg MacGillivray et Sam George (2010, 81’)
LA MEUTE
Un film de Franck Richard (2010, Belgique-France, 85’) avec Emilie Dequenne, Yolande Moreau, Benjamin Biolay, Philippe Nahon.
LE MONDE DU SILENCE (The Silent World)
Un film de Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle (1956, 86’) - Palme d'or 1956
LA NUIT DE VARENNES
Un film d’Ettore Scola (1982, France / Italie, 150’) avec Jean-Louis Barrault, Marcello Mastroianni, Hanna Schygulla, Harvey Keitel, Jean-Claude Brialy - Sélection officielle 1982
ROCK ‘N ROLL... OF CORSE !
Un documentaire de Lionel Guedj et Stéphane Bébert (2010, France, 90’)
THE 2 ESCOBARS
Documentaire Jeff Zimbalist et Michael Zimbalist (2010, USA, 90’)
WOMEN ARE HEROES
Un documentaire de JR (2010, 80’, France). Projection en collaboration avec la Semaine de la Critique.
LES CINÉMAS DU MONDE : LA DIVERSITÉ CULTURELLE
Cette section proposée par Gilles Jacob met en avant une sélection internationale basée sur la diversité culturelle, et placée cette année sous le double parrainage de Sandrine Bonnaire (Elle s'appelle Sabine) et Rithy Panh (Les Artistes du Théâtre Brûlé). Nous pourrons y découvrir les longs métrages suivants, projetés au Pavillon Pantiero, près de la plage du Majestic :
IMAGINATIONS de Djo Tunda Wa Munga (Congo)
MER MORTE de Ihab Jadaballah (Territoires palestiniens)
PAR LA FENÊTRE de Caroline Leone (Brésil)
QUELEH de Abraham Halle Biru (Ethiopie)
REY DE Niles Jamil Atallah (Chili)
SLEEPING LEESSONS de Rusudan Pirvell (Géorgie)
TROIS de Anahi Hoenelsen (Equateur)
Les films suivants, de la même section, seront projetés au Marché du film :
ABOUT MY FATHER de Guillaume P. Suon (Cambodge)
FROM A WHISPER de Wanuri Khalu (Kenya)
ITCHOMBI de Gentille Menguizani Assih (Togo)
THE LAST FLIGHT OF FLAMINGO de Joao Ribeiro (Mozambique)
POUR LE MEILLEUR ET POUR L'OIGNON de Elhadj Sani Magori (Niger)
SUSA de Rusudan Pirvell (Géorgie)
Des courts métrages complèteront cette programmation.
ACID : LE LABEL INDÉPENDANT
L'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) présentera 9 films (6 de fiction et 3 documentaires), pour la plupart réalisés par de jeunes cinéastes, et qui seront projetés au Cinéma Les Arcades.
Les 3 documentaires sont :
CUCHILLO DE PALO (Renate Costa - Espagne - 2010 – 93')
ENTRE NOS MAINS (Mariana Otero - France - 2010 – 87')
FIX ME (Raed Andoni - France / Palestine / Suisse - 2009 – 98')
Les 6 fictions sont toutes des premiers longs métrages :
DONOMA (Djinn Carrénard - France - 2009 – 135') avec Emilia Derou-Bernal, Vincent Pérez, Salomé Blechmans
EINE FLEXIBLE FRAU [The Drifter / Une femme flexible] (Tatjana Turanskyj - Allemagne - 2010 – 97') avec Mira Partecke, Laura Tonke, Franziska Dick
FLEURS DU MAL (David Dusa - France - 2010 – 100') avec Rachid Youcef, Alice Belaidi
POURSUITE (Marina Déak - France - 2010 – 90') avec Marina Déak, Yann Guillemot, Aurélien Recoing
ROBERT MITCHUM EST MORT (Olivier Babinet, Fred Kihn - France - 2010 – 91') avec Olivier Gourmet, André Wilms, Wojciech Pszoniak
LA VIE AU RANCH (Sophie Letourneur - France - 2009 – 90') avec Sarah-Jane Sauvegrain, Eulalie Juster, Mahault Mollaret
Pour terminer, signalons que Marco Bellochio présentera la traditionnelle Leçon de cinéma. Le grand cinéaste italien avait présenté à Cannes Le Saut dans le vide (double prix d'interprétation en 1980, pour Michel Piccoli et Anouk Aimée), Le Sourire de ma mère, Le Metteur en scène de mariages et Vincere.
Bon Festival de Cannes 2010 !
Marie-José Astic, Gérard Crespo, Jean-Baptiste Doulcet, Jean Gouny et toute l'équipe de CinémaS
LA SÉLECTION CANNES 2010 : COMMENTAIRES - par Gérard Crespo (24/04/2010)
La Sélection officielle en compétition
Cette année 2010 voit dans la course à la Palme certains habitués de la compétition, avec une ouverture vers des outsiders qui pourraient créer la surprise.
Palme d'or 1997 avec Le Goût de la cerise, Abbas Kiarostami avait aussi présenté ABC Africa (hors compétition, 2001) et Ten (2002). Il concourt cette année pour Copie conforme avec Juliette Binoche. Quant à Mike Leigh, Palme d'or 1996 avec Secrets et mensonges, et auteur de All or Nothing (2002), il sera en lice avec Another Year. Rappelons que Vera Drake, primé à Venise, avait été refusé par les sélectionneurs cannois... *
Prix de la mise en scène en 1984 pour Un dimanche à la campagne, Bertrand Tavernier présentera La Princesse de Montpensier, adaptation de Madame de La Fayette, interprété par des étoiles montantes du cinéma français (Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel, Grégoire Leprince-Ringuet), tandis que Nikita Mikhalkov proposera Soleil trompeur 2, la suite du film qui lui valut le Grand Prix en 1994. Le Mexicain Alejandro González Iñárritu, Prix de la Semaine de la critique en 2000 avec Amours chiennes et Prix de la mise en scène en 2006 pour Babel, sera en compétition avec Biutiful, tandis que le Thaïlandais Apitchatpong Weerasethakul, Prix du Jury en 2004 pour Tropical Malady, présentera une comédie, Uncle Bonmee. Le Coréen Lee Chang-dong , auteur de Secret Sunshine (Prix d'interprétation féminine en 2007), avait brillé à la Quinzaine des Réalisateurs avec Peppermint Candy (2000) et à la Semaine de la Critique avec Oasis (2003) : il dévoile cette année Poetry. Le Chinois Wang Xiaoshuai, Prix du Jury en 2005 pour Shangai Dreams, est cette année l'auteur de Chonqing Blues. Prix FIPRESCI en 2008 pour Delta, le Hongrois Kornél Mundruczó défend en 2010 Tender Son. Xavier Beauvois sera lui en compétition pour Des hommes et des dieux, quinze ans après son Prix du Jury pour N'oublie pas que tu vas mourir. Rachid Bouchareb, enfin, défendra Hors-la-loi, déjà critiqué par certains politiciens en mal de couverture médiatique. Ceux-ci ne pourront que contribuer à favoriser celle du cinéaste dont les interprètes d' Indigènes avaient obtenu un Prix collectif en 2006.
Grand cinéaste dont L'Été de Kikujiro ne fut pas primé en 1999, Takeshi Kitano présentera Outrage. Parti également bredouille en 1991 avec Le Porteur de serviettes, l'Italien Daniele Luchetti retentera sa chance avec La nostra vita. Les deux réalisateurs seront face à des outsiders dont certains ont fait leurs preuves dans les sections parallèles. C'est le cas du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun (Un homme qui qui crie), dont la Quinzaine avait révélé Abouna en 2002. Réalisateur coréen doué, qui avait ébloui la Quinzaine en 2005 avec le polar The President's Last Bang, Im Sang-soo montera les marches pour The Housemaid. Enfin, les sélectionneurs semblent avoir misé sur trois réalisateurs qui créeront peut-être la surprise : Doug Liman (La Vengeance dans la peau), ainsi que Mathieu Amalric et Sergeï Loznitsa qui présenteront respectivement Fair Game, Tournée et You, my Joy.
Sélection officielle hors compétition, séances spéciales et de minuit
Si les fans de Ridley Scott se réjouiront de la sélection de Robin des Bois en Ouverture, on constatera avec plaisir la présence de Woody Allen avec You Will Meet a Tall Dark Stranger : habitué de Cannes, le cinéaste newyorkais y avait projeté La Rose pourpre du Caire (1985), Hollywood ending (2002), Match Point (2005) et Vicky Cristina Barcelona (2008). Quant au cinéma de studio hollywoodien, il aura son représentant en la personne de Oliver Stone pour l'attendu Wall Street 2. Ancien Président de Jury, Stephen Frears dévoilera Tamara Drewe. Les séances de minuit permettront le retour de Gilles Marchand, auteur des jubilatoires Qui a tué Bambi ? (2003) et Lemming (2005), tandis que le déjanté Gregg Araki présentera Kaboom, récit de la sexualité d'étudiants. N'oublions pas Olivier Assayas, enfant chéri du Festival, dont chaque film est systématiquement sélectionné, pour le meilleur comme pour le pire. Son téléfilm Carlos succède ainsi aux Destinées sentimentales (2000), Demonlover (2002) et Clean (2004). Enfin, la soirée de clôture verra la sélection de L'Arbre, de Julie Bertucelli, révélation de la Semaine de la critique 2003 et César du meilleur premier film pour le délicat Depuis qu'Otar est parti... Pour cette dernière projection, Charlotte Gainsbourg, Prix d'interprétation féminine pour Antichrist, montera les marches.
Un Certain Regard
Outre les révélations qui ne manqueront pas de se dévoiler, cette section accueille des cinéastes confirmés dont certains ont un passé cannois. Les deux vétérans les plus attendus sont Manoel de Oliveira et Jean-Luc Godard : le cinéaste portugais avait présenté naguère Non ou la vaine gloire de commander (1990), Val Abraham (1994), La Lettre (Prix du Jury 1999) ou Le Principe de l'incertitude (2002) ; quant à Godard, qui divisa la Croisette avec Passion (1982) et Nouvelle vague (1990), il dévoilera le mystérieux Socialisme, quelques années après les confidentiels Éloge de l'amour (2001) et Notre musique (2004). Le Coréen Hong Sang-soo sera en lice avec Ha ha ha. Cinéaste inégal mais novateur, il avait été remarqué par La Vierge mise à nu par ses prétendants (2000), La Femme est l'avenir de l'homme (2004), et You Don't Even Know (2009). Deux ans près 24 City, Jia Zhangke présentera un nouveau documentaire, I Wish I Knew. Enfin, un vent de jeunesse soufflera sur la Croisette avec la présentation des Amours imaginaires, le nouveau film du Québécois Xavier Dolan, un an après le succès de J'ai tué ma mère.
LES SECTIONS PARALLÈLES
La Quinzaine des Réalisateurs
Cette section a davantage pour objectif de révéler de nouveaux auteurs. Toutefois, certains cinéastes connus présenteront leur nouveau film. Nous attendons ainsi avec curiosité les nouveaux opus du Danois Christoffer Boe (Reconstruction, Caméra d'or 2003), de l'Argentin Diego Lerman (Tan de repente) ou du Français Jean-Paul Civeyrac (Ni d'Eve, ni d'Adam).
La Semaine internationale de la Critique
Spécialisée dans les premiers et seconds films, cette section est un laboratoire de recherche duquel sortiront de futurs grands noms du cinéma mondial. C'est ce qu'on ne peut que souhaiter à Janus Metz, Rebecca Ziotowski, David Robert Mitchell, Cheol So Jang, Phan Dang Di, Boo Junfeng, Ola Sumonsson et Johannes Stjarne Nilsson. Des lycéens sélectionnés pour former le Jury de la ''Toute Jeune critique'', coachés par Julie Lowy, apporteront le talent d'écriture et d'analyse filmique pour CinémaS.
LES JURÉS ET LEUR PASSÉ CANNOIS
Tim Burton est le Président du Jury de la 63e Sélection officielle du Festival de Cannes. Les cinéastes américains ayant eu cette fonction ces dernières décennies avaient été Sydney Pollack, Clint Eastwood, Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, David Lynch, Quentin Tarantino et Sean Penn. Il sera assisté par plusieurs noms importants du cinéma. Le réalisateur espagnol Victor Erice avait présenté à Cannes Le Sud et Le Songe de la lumière (Prix du Jury). Les actrices Kate Beckinsale (Laurel Canyon), et Giovanna Mezzogiorno (Vincere), seront aux côtés du cinéaste et écrivain Emmanuel Carrère (La Moustache), du comédien Benicio Del Toro (Che), du cinéaste et acteur Shekhar Kapur, du directeur de Musée Alberto Barrera et du compositeur Alexandre Desplat (Un prophète).
Le Jury de Un certain Regard est présidé par Claire Denis, réalisatrice indépendante, auteure de plusieurs réussites dont Chocolat, S'en fout la mort, J'ai pas sommeil, Beau travail, 35 rhums et White Material.
Le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages est présidé par le réalisateur Atom Egoyan, cinéaste canadien singulier, réalisateur des remarquables De beaux lendemains (Grand Prix 1997), Ararat et Adoration. Il sera secondé par les réalisateurs Carlos Diegues et Marc Recha (Pau et son frère, Les Mains vides) ainsi que les actrices Emmanuelle Devos (À l'origine) et Dina Droukarova (Depuis qu'Otar est parti...).
Gael Garcia Bernal, acteur talentueux et séduisant, présidera le Jury de la Caméra d'or. Il avait présenté à Cannes Amours chiennes, La Mauvaise éducation, Carnets de voyage, Babel et Blindness. Son premier long métrage en tant que réalisateur, Déficit, avait été sélectionné à la Semaine de la critique.
Enfin, nous citerons l'exquise Kristin Scott Thomas qui ne sera pas dans un Jury mais jouera le rôle la maîtresse des cérémonies d'ouverture et de clôture, onze ans après la mémorable soirée qui vit une Sophie Marceau hallucinée remettre la Palme d'or à Rosetta...
* Nous apprenons deux jours avant l'ouverture la sélection de Route Irish de Ken Loach, Palme d'or 2006 pour Le Vent se lève. Ken Loach, révélé à la Semaine de la Critique avec Kes, a notamment présenté à Cannes Regards et sourires, Hidden Agenda (Prix du jury 1990), Riff-Raff, Raining Stones (Prix du jury 1993), My Name is Joe (Prix d'interprétation masculine 1998), Sweet Sixteen (Prix du scénario 2002) et, l'an passé, Looking for Eric.
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