Belle épine |
Imprudence Comment aborder le thème de l’adolescence ? C’est la question que s’est posée Rebecca Zlotowski avant de réaliser ce film. Nous avons souvent vu des films traitant ce sujet et finalement décevant à cause du stéréotype. Ce film au contraire a su l’exploiter autrement et d’une manière beaucoup moins commune. Prudence, jeune adolescente de 17 ans à perdu sa mère il y a seize jours. Un vide qu’elle n’arrive pas à combler d’autant plus que son père et sa sœur ne vivent plus à la maison. Elle se retrouve donc seule, livrée aux autres au moment où elle aurait le plus besoin de quelqu’un pour la soutenir. Seulement voilà, face à elle-même, elle ne prend pas toujours les bonnes décisions. Prudence arrête l’école et on la prend même à voler à l’étalage. Cet état d’esprit est très bien représenté dans ce film ; comme elle, la caméra à l’épaule semble perdue, instable. Elle la suit, mais sans vraiment savoir où elle va. Victoria Diaz, Lycée Henri Martin de Saint Quentin
Ce film ancré dans une période vague, séduit par l'actualité et l'universalité des sujets qu'il touche. Belle épine : c'est le deuil, l'adolescence, l'abandon, le besoin d'intégration et ses risques. Il accorde une place prépondérante à la psychologie de personnages en jouant sur le motif de l'individu qui se construit grâce aux autres. Les acteurs, subtils et profonds, donnent une intensité, une véracité et une force aux dialogues. La réalisatrice nous montre une approche intéressante d'utilisation de la caméra qui devient alors un réel outil de narration et d'expression de sentiments. Cependant, elle s'emploie maladroitement à un mélange de genre sans grande cohérence où le spectateur s'égare entre le tean movie américain et les descriptions profondes d'atmosphère ; trop occupé à essayer d'interpréter, il en oublie de ressentir. L'étonnante alliance entre le film d'auteur et le cinéma de genre aurait pu constituer une innovation intéressante mais l'expérience reste vague et noie un spectateur blasé avec des effets poétiques stéréotypés : la pluie sur le pavé... Bref, un arrière-goût de déjà vu néanmoins mis au service d'un sujet d'actualité intéressant : la jeunesse. On finit par obtenir un drame peu vraisemblable et totalement décousu. La fin ouverte reste ambiguë et laisse le spectateur perplexe quant au sens. La réalisatrice n'a pas tout dit avec ce film de fin d’étude, qui bien que fragile, reste prometteur tant sur le fond que sur la forme. Caroline Ghristi, Justine Piron, Lycée Carnot de Cannes |
Sentiments partagés Par une nuit où ne scintillent dans le ciel que les lumières de la ville, une moto file rapidement sur l'autoroute. S'agrippant au motard, une jeune fille perdue tente de trouver sa personnalité. Se cherchant dans ce personnage qu'elle admire, ainsi que dans tous ceux qui l'entourent, elle est partagée entre l'univers de son amie rebelle, celui des motards « au goût du risque », celui de sa famille, et celui de sa cousine juive... L'histoire se passe pendant le deuil de sa mère, ce qui aggrave son instabilité. C'est une sorte de voyage dans l'intime, où le temps et les distances se perdent au fil des ellipses... Elle vagabonde entre ces différentes personnalités, elle se perd dans ses sentiments par l'impulsivité de l'adolescence que traduit avec une sensible intimité cette jeune réalisatrice française. La sensibilité de la narration pour ce thème difficile à traiter au cinéma vient de tous les procédés cinématographiques très maîtrisés pour un premier film. La lumière nous plonge dans un univers d'un froid hivernal, où les sentiments apparaissent plus forts. Une caméra à l'épaule très exploitée rend très bien l'effet de la déstabilisation et de subjectivité de l'héroïne, Prudence. Un nom bien en décalage avec le personnage, obnubilée par le danger des motos. Cette passion est représentée par de magnifiques tableaux, où la caméra se stabilise, symbolisant la canalisation de ses sentiments agités, le rythme rapide se casse pour créer des respirations. La musique vient elle aussi rythmer ce voyage, et inspire au spectateur l'énergie et la fureur de vivre. Cette intensité est malheureusement parfois un peu faible, et il peut être difficile pour certains de se plonger dans cet univers d'une adolescence très personnelle. Le mal-être, la pluie accompagnant la tristesse, et le caractère irresponsable de la jeune fille peuvent empêcher certains de s'identifier à elle. Belle épine est un film très réussi, mais avec des moments plus faibles, bien que la qualité des idées exploitées nous laisse optimiste pour l'avenir prometteur de cette jeune réalisatrice... Georges Hauchard-Heutte, Etienne Chédeville, Lycée Pierre Corneille de Rouen
Les piquants de la jeunesse Prudence, 17 ans, vient de perdre sa mère. Plongée dans les tourmentes du deuil, elle se retrouve livrée à elle-même face à l’abandon de sa propre famille. Bienvenue dans l’univers hermétique d’une jeune adolescente bouleversée. Belle épine met en scène un personnage froid et mutique, qui empêche toute identification ou compassion de la part du spectateur. Prudence s’invente une carapace à l’intérieur de laquelle personne ne pourra entrer, se détachant de la réalité jusqu’à un point de non retour. Détruite par la mort d’une mère qu’elle adulait sans aucun doute, elle cherche à s’évader, à s’enfuir d’un quotidien qu’elle ne supporte plus. S’offre alors à elle le monde de la nuit, matérialisé par un singulier circuit motos où la vie côtoie innocemment la mort, où tout semble illusoire, fictif, rêvé. L’énorme travail sonore et esthétique du film vient ici appuyer la naissance de cet « ailleurs », cet univers parallèle dans lequel se réfugie Prudence. La voilà qui se maquille, se « déguise », enfilant le collier de sa mère, créant à sa façon un autre personnage pour échapper à ses démons intérieurs. Lumières de la ville, ambiance surréaliste et situations symboliques font dériver le film le long d’un parcours mental dont l’aboutissement pourrait être la renaissance de Prudence : ne voit-on pas, à travers la pluie qui inonde l’écran, son véritable visage surgir ? Écho au récit biblique d’Abigaïl abordé au cours d’une étrange discussion, l’image semble nous renvoyer le reflet d’un être que la vie ne motive plus. L’apparence est ainsi brisée, ne restent que les sentiments, le désespoir mis à vif, l’adolescente en deuil. Celle que l’on croyait détachée de tout cherchait au contraire à se rattacher à tout, n’importe quoi, n’importe qui. Mais devant une grande sœur qui extériorise tellement plus sa douleur, de prétendues « amies » qui ne semblent pas saisir le caractère dramatique de sa situation, des motards en qui elle espère retrouver la protection d’un père qui l’a abandonnée, ou encore une famille de substitution idéalisée, Prudence est définitivement, terriblement seule. Rebecca Zlotowski emmène une galerie d’acteurs très doués au cœur d’un film soigné et percutant, à qui l’on pourra bien sûr reprocher un thème maintes fois traité mais dont elle parvient à livrer une vision originale et poignante. Semblable à une rose, Belle épine séduit et pique tout à la fois… Antoine Calmel, Laurène Caule, Lycée Lycée Jean Cassaigne de Saint-Pierre du Mont |
1h20 - France - Scénario : Rebecca ZIOTOWSKI, Gaëlle MACE - Interprétation : Léa SEYDOUX, Anaïs DEMOUSTIER, Johan LIBEREAU. |