À l'origine |
Châteaux en Espagne À l’instar de Quand j’étais chanteur, À l’origine divise la critique. Quelque chose dans l’air qui ressemble à une attente déçue à l’issue de 2 heures 30 de projection et d’une promesse non tenue. Mais peut-être que ladite critique peine à sortir d’une bulle privilégiée pour entrer de plain-pied dans la galère des autres. C’est pourtant ce que propose ce film, inspiré d’une histoire vraie : le quotidien face à l’improbable. Paul, à sa sortie de prison, « seul comme un rat », est confronté au banal phénomène de rejet que lui oppose le monde du travail, puis rencontre Abel, petit magouilleur prônant que « Travailler, c’est se faire avoir. » “Petit” prête ici à caution, puisque Abel est incarné par l’immense et énorme Gérard Depardieu qui n’hésite d’ailleurs plus à porter la robe afin que son opulence y soit plus à son aise. Paul refuse alors l’évidente replongée qui lui est proposée et se contente de chaparder quelques faux papiers à en-tête ou bulletins de paye bricolés par Abel pour faire et valoir ce que de droit à ceux qui en sont dépourvus. Entre cet instant, où Paul, quasiment à son insu, se mute en Philippe Muller l’arnaqueur, et le dénouement, une autoroute, dont le chantier avait déjà avorté il y a deux ans, va se construire, toute une région va croire à une dernière chance. Les sous-traitants, les ouvriers et chefs de chantier, l’agence bancaire locale, Madame le Maire et la population entière de cette zone industrielle de Caudry dans le Nord de la France lourdement frappée par le chômage négligeront toute crédibilité du projet au profit de l’espoir dont il est porteur.
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Si l’on salue la prestation de la toujours impeccable Emmanuelle Devos, celle de François Cluzet s’avère tout à fait remarquable. Se faisant lui-même peur constamment, se méfiant de tout et de tout le monde, Monsieur 15 % a désormais mis en route une machine infernale et navigue à vue en mer agitée, où ses involontaires états d’âme sont autant d’écueil à un égoïsme délibéré qui l’abandonne peu à peu. Ressenti tour à tour comme inquiétant, puis rassurant par ceux qui attendent tout de lui, le “nul” de toute une vie incarne subitement la providence et renoue avec l’humanité. L’homme à la tête de son armada de gigantesques bulldozers, luttant envers et contre tout, sera prétexte par la suite à quelques scènes particulièrement spectaculaires. Trop peut-être au goût de certains. Marie-Jo Astic |
2h30 - France - Scénario : Xavier GIANNOLI - Interprétation : François CLUZET, Emmanuelle DEVOS, Stéphanie SOKOLINSKI, Vincent ROTTIERS, Gérard DEPARDIEU. |