12h08 à l'est de Bucarest
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Après le prix Un Certain
Regard obtenu l’an dernier avec La mort de Dante Lazarescu,
de Cristi Puiu, le cinéma roumain est de nouveau à l’honneur
cette année avec Corneliu Porumboiu qui remporte la Caméra
d’Or pour ce film au titre énigmatique (originalement A
fost sau n-a fost : "Y a-t-il eu ou n’y a-t-il
pas eu ?"). Y a-t-il eu ou n’y a-t-il pas eu… la
révolution en 1989 à Bucarest ? La question n’est
pas tranchée et un journaliste de la télévision
locale compte bien remettre le débat sur le tapis. Mais il est
bien difficile de trouver des invités motivés par la
question à la veille des fêtes de Noël. Le seul politicien
contacté fait faux-bond et Jderescu doit se résoudre à convier
un professeur d’histoire farfelu et quelque peu imbibé (mais
qui, bien sûr, affirme avoir été aux premières
lignes des protestataires du régime communiste !) ainsi
qu’un retraité se souvenant davantage comment faire les
cocottes en papier que des événements du 22 décembre
1989. |
Le pari du film, c’est de tenir trois-quarts d’heure
sur l’émission en temps réel, avec des moyens aussi
modestes que ceux utilisés sur le plateau du pauvre Jderescu,
vite dépassé par la gestion de ses deux invités.
Plan fixe, cadrage unique, en arrière-plan une photo de la place
où la révolution aurait grondé… on se croirait
au Téléphone sonne version spectacle de fin d’année
de collège. Les Roumains sont-ils donc sortis bravement dans la
rue pour renverser Ceaucescu ou bien ne s’agirait-il, comme le
laisse entendre un téléspectateur, qu’une virée
de lâches ivrognes ? |
1h29 – Roumanie - Scénario
: Corneliu Porumboiu - Image : Marius Panduru - Son : Alex Dragomir, Sebastian
Zsemlye - Décors : Daniel Raduta - Montage : Roxana Szel - Musique
: Rotaria – Interprètes : Mircea Andreeseu, Teo Corban, Ion
Sapdaru. |