La Mort de Dante Lazarescu The Death of Mr Lazrescu - Moarta domnului Lazarescu Cristi Puiu Sélection officielle Un Certain Regard Prix Un Certain Regard
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On
pourrait multiplier les références à propos de
cette œuvre maîtrisée, peut-être le chef-d’œuvre
du cinéma roumain : Rohmer pour le dialogue savoureux entre
un ingénieur retraité et ses deux voisins volubiles,
Scorsese pour la vision d’une ambulance nocturne, Kieslowski
pour la sécheresse documentaire. Et pourtant, le style de Cristi
Puiu, scénariste de son compatriote Lucian Pintilié, est
unique. Ces 2h30 de déambulations entre trois hôpitaux
sont filmées avec brio et intelligence. Nous suivons l’agonie
de Dante Remus Lazarescu, dit « le Professeur », qui a
dans un premier temps un mal fou à contacter un médecin.
Après une demi-heure de dialogues dans un espace clos, notre
anti-héros est ballotté entre plusieurs centres hospitaliers
où il ne rencontre qu’incompétence, indifférence
et condescendance. Le cinéaste force-t-il le trait dans cette
descente aux enfers ?
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Sans
doute mais au-delà d’un cri d’alerte pour un service
médical plus efficace et humain, La Mort de Dante Lazarescu se veut un réquisitoire pour une société roumaine
moins individualiste et hautaine. Seul personnage positif, l’infirmière
(étonnante Luminita Gheorghiu) apporte une lueur d’espoir
en voulant à tout prix lutter contre une bureaucratie médicale
absurde et cruelle, mais elle sera bien malgré elle l’ange
de la mort de ce Lazarescu non ressuscité. Un scénario élaboré (le
malaise du Professeur coïncide avec un grave accident de la circulation
qui provoque vite un encombrement des urgences), des silhouettes bien
croquées (jeunes internes cyniques), et une caméra qui
donne l’illusion de temps réel font de cette « mort
en direct » une réussite incontestable. |
2h34 - Roumanie - Scénario, dialogues : Cristi Puiu, Razvan Radulescu - Photo : Oleg Mutu - Décors : Cristina Barbu - Interprétation : Ioan Fiscuteanu, Luminita Gheorghiu, Mimi Branescu. |