Les Deux amis |
Les caprices de Mona Clément (Vincent Macaigne), un figurant de cinéma cynique et joyeusement mélancolique, est fou amoureux de Mona (Golshiftey Farahani), vendeuse dans une sandwicherie de la gare du Nord. Mais Mona a un secret, qui la rend obscure et évanescente. Quand Clément désespère d’obtenir ses faveurs, son seul et meilleur ami, Abel (Louis Garrel), vient l’aider. Les deux copains se lancent ensemble dans l’aventure de la conquête amoureuse... Libre adaptation des Caprices de Marianne d'Alfred de Musset, il s'agit du premier long métrage de Louis Garrel en tant que réalisateur. Les Deux amis se présente sous les signes de la légèreté et de la grâce, dans un hommage prévisible mais inspiré au ton de la Nouvelle Vague, ce qui n'est pas surprenant de la part de l'interprète de Doillon, Bonello, Honoré, et bien sûr Philippe Garrel. On songe forcément à Jules et Jim de Truffaut de par cet improbable trio amoureux mais aussi à Demy ou Rohmer, auxquels fait songer le marivaudage amoureux. Louis Garrel a pourtant reconnu s'être aussi inspiré de César et Rosalie de Claude Sautet, même si ce cinéma semble aux antipodes de son univers. Co-écrit par l'auteur des Chansons d'amour, le scénario ne manque pas de qualités même s'il tourne un peu en rond. Les thèmes de l'amitié, de l'infidélité, de la culpabilité et de la liberté des sentiments y sont traités avec finesse. |
On suit sans déplaisir les frasques des trois personnages, d'une cellule de prison à celle d'un commissariat, d'un studio de tournage à un petit hôtel où Abel subira sans trop de résistances les avances d'un réceptionniste affable. Mais c'est curieusement par ses qualités techniques que Garrel convainc le plus. Il faut dire qu'il est entouré de collaborateurs chevronnés, de Claire Mathon (L'Inconnu du lac) à la photo à Joëlle Hache (Ridicule) pour le montage, en passant par Philippe Sarde, dont les musiques ont illuminé des œuvres de Polanski ou Téchiné. Et Louis Garrel dirige admirablement Vincent Macaigne, aussi space que dans La Bataille de Solférino, et surtout Golshiftey Farahanini, dont on sait depuis À propos d'Elly qu'elle est l'une des plus grandes actrices de sa génération. On sera également reconnaissant à Louis Garrel d'avoir évité le nombrilisme d'un certain jeune cinéma parisien, au profit d'une intrigue modeste mais subtile. Cette simplicité se révèle aussi à travers le choix du 35 mm, non par fétichisme, mais pour des raisons de concentration. « Il y a l’idée que quelque chose de précieux se déroule pendant la prise », a ainsi déclaré Louis Garrel. Sans être un coup de maître, ce coup d'essai sympathique confirme les espoirs qu'avaient pu susciter Petit tailleur et autres courts métrages du cinéaste. Gérard Crespo
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1h40 - France - Scénario : Louis GARREL, Christophe HONORÉ, d'après la pièce ''Les Caprices de Marianne'' d'Alfred de Musset - Interprétation : Golshifteh FARAHANI, Louis GARREL, Vincent MACAIGNE. |