Yol, la permission
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L'enfermement |
Omer retrouve son village kurde, soumis à l’arbitraire et la répression. Quant à Seyit, il rend visite à son épouse reconnue coupable d’adultère, et qui vit recluse dans un village isolé de montagne. Yilmaz Güney est très critique vis-à-vis de la société turque et dénonce avec force le pouvoir patriarcal, le statut inférieur dans lequel sont assignées les femmes, l’intolérance face à aux minorités, et l’État de police imposé par des militaires pour qui les notions de droits de l’homme et de libertés publiques sont des concepts inconnus. Le montage alterne avec brio le parcours des cinq hommes, les permissions de Mehmet et Seyit étant toutefois davantage valorisées dans le récit. Poème politique d’une grande inventivité visuelle, Yol frappe par la rigueur de sa construction, que le cinéaste montre le cadre urbain dans un style néoréaliste, ou l’aspect angoissant des montagnes enneigées, où même la nature se révèle hostile à l’avancée des hommes. Deux séquences se distinguent en particulier. Dans la première, un couple marié fait l’amour dans les toilettes d’un train, avant d’être pris à partie par les autres voyageurs avec une colère démesurée. Dans la seconde, une femme épuisée et humiliée peine à suivre les pas de son mari et de son fils, avant de connaître la délivrance dans une mort qui semblait pour elle la meilleure issue. Incisif et militant, sans chercher l’efficacité à tout prix, Yol est, avec Le Troupeau (1978), le meilleur film de son auteur. Le jury de Giorgio Strehler lui décerna la Palme d’or, ex-æquo avec Missing de Costa-Gavras. Yilmaz Güney réalisa ensuite Le Mur, sur les prisons d’enfants en Turquie, avant de mourir à Paris en 1984.
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1982 - 1h53 - Suisse, Turquie - Scénario : Yilmaz GÜNEY - Interprétation : Tarik AKAN, Serif SEZER, Halil ERGÜN, Hikmet CELIK, Meral ORHONSAY. |