Limpide, dépouillé, minimaliste, le récit dénonce sans lourdeurs la violence morale et physique dont sont victimes Maria et ses pairs, sans jouer la carte du chantage à l'émotion et de la démonstration facile. C'est que José Luis Rugeles a un vrai sens de la narration et du montage, qui culmine dans les séquences de fuite et de poursuites dans la forêt. Les plans larges sur la végétation étouffante, l'éclairage réduit ou ces images récurrentes de colonies de fourmis rouges ne constituent ni une coquetterie stylistique, ni une volonté de se la jouer esthète. On trouve dans les meilleurs passages de Alias Maria la grâce du cinéma de Terrence Malick, celui des Moissons du ciel plus que l'auteur de Tree of Life. Ce qui n'ôte rien à la charge militante que le réalisateur assume pleinement. En dépit d'un dénouement un brin prévisible et emphatique qui tranche avec la sobriété de l'ensemble, l'œuvre mérite le détour. Elle a été sélectionnée par Amnesty International pour son Festival « Au cœur des droits humains », qui se déroule dans une vingtaine de villes françaises dont Cannes, où le film avait déjà été montré dans la section Un Certain Regard.

Gérard Crespo