The Tree of life
L'arbre de vie
de Terrence Malick
Sélection officielle
En compétition
Palme d'or




Sortie en salle : 17 mai 2011




« Fais-moi bon, courageux »

Tout ça pour tout ça ! Annoncé comme LE film du Festival, il fut aussi malheureusement LE film du palmarès, une arrogance à la hauteur de celle que son auteur tire d’un talent qu’il pense lui être dû et d’une rareté intelligemment calculée : les moissons du Festival furent donc excellentes pour le grand maître.

C’est le moment ou jamais le moment de le dire, le scénario est biblique : un frère regretté – « Brother ! » –, une mère courage soumise – « Mother !» –, un père maltraitant et légitimement abhorré par Jack, le fils aîné des O’Brien – une famille formidable – dont la voix off raconte le calvaire d’une enfance envahie par l’éternelle question de savoir pourquoi il est sur terre.

Après un verset de Job en apéritif, c’est avec une force démonstratrice peu commune que le réalisateur s’ingénie à lui livrer la réponse sur fond de recherche du disparu dans la nuit des temps, plat de résistance reproduisant ni plus moins la création du monde, un catalogue « Géo » à faire pâlir Arthus-Bertrand, dont les courbes et méandres d’Upper Antelope Canyon servent d’interactes.

De l’infiniment petit à l’infiniment grand, le grand œuvre de Terrence Malick, grandiloquent tant en musique qu’en images, s’habille de toute évidence d’une infinie prétention. Il fallait au moins cela pour que la mère accepte enfin de donner son fils à Dieu, telle une offrande… en guise de dessert.

Mais fallait-il vraiment tant en faire pour dire que chez ces gens-là, chez ces agenouillés pour rien regardant le ciel parce que « c’est là que vit Dieu », on ne pense pas, on prie ; on n’entend pas, on punit ; on fabrique des monstres. Enfant, Jack demandait à Dieu de tuer son père. Adulte, il sait que non seulement son vœu n’a pas été exaucé, mais que le temps a accompli son œuvre à l’inverse : « Je suis aussi méchant que toi » confesse-t-il.

Bien sûr les qualités artistiques et techniques du film se situent au-delà de toute espérance, bien sûr l’interprétation est en tous points parfaite, avec une mention spéciale pour Jessica Chastain, que l’on a également fortement appréciée dans Take shelter : ou comment une fin du monde, à l’instar de celle de Melancholia, vient faire la pige à celle de sa naissance version Malick. Quand le diable s’en mêle…

Marie-Jo Astic


2h18 - Etats-Unis - Scénario : Terrence MALICK - Interprétation : Brad PITT, Sean PENN, Jessica CHASTAIN.

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