Hara-Kiri : mort d'un samouraï
Hara-Kiri: Death of a Samurai
Ichimei - Seppuku
de Takashi Miike
Sélection officielle
En compétition



Sortie en salle : 7 décembre 2011




L'universalité de la souffrance humaine

Adaptation d'un classique de la littérature japonaise, déjà porté à l'écran par Masaki Kobayashi, le film pourra surprendre de la part de Takashi Miike, cinéaste réputé pour ses cauchemars visionnaires et ses récits d'un irréalisme saisissant, dont Gozu était représentatif. À l'instar de Pialat délaissant les psychodrames contemporains pour se ressourcer chez Bernanos (Sous le soleil de Satan) ou de Lynch réalisant un road movie en apparence bien éloigné de son univers (Une histoire vraie), Miike prend le risque de se renouveler tout en déconcertant ses fans : ici point de lait maternel servi par des aubergistes ou d'accouplements gore mais une normalité apparente incrustée dans une tragédie traitée dans un style classique sans être (toujours) académique. Mais là ou Pialat et Lynch restaient fidèles à leurs thématiques au-delà d'un contexte dépaysant, Miike semble se cantonner dans un rôle de brillant illustrateur à cent lieues de ses audaces passées. Il y avait pourtant beaucoup à tirer de ce récit d'un samouraï désargenté demandant à accomplir un suicide rituel, à commencer par cette violence extrême qui rappelle les antécédentes réussites de Miike, et que le cinéaste filme certes toujours aussi bien :

Le film s'ouvre sur le supplice d'une victime contrainte de s'enfoncer un sabre dans le ventre : séquence magistrale, presque insoutenable, et qui réussit à elle seule à distiller une tension permanente tout au long d'un récit qui s'avérera plus serein et sentimental. Refusant le spectaculaire et préférant une sobriété shakespearienne, Miike fait du bon travail mais sans ses fulgurances passées. En fait, il s'offre une œuvre mineure et se fait plaisir, tout en rendant hommage à un certain cinéma de studio japonais qui vit les heures de gloire d'un artiste comme Kurosawa mais aussi de plusieurs artisans talentueux mais moins prestigieux, tel Kobayashi : « Je n'ai pas la nostalgie des vieux films japonais mais j'en suis jaloux », affirme d'ailleurs Miike. La seule concession au cinéma contemporain est de nature technique et concerne la 3D, qui n'apporte aucune véritable valeur ajoutée artistique et visuelle au film.

Gérard Crespo


2h06 - Japon - Scénario : Kikumi YAMAGISHI, d'après l'oeuvre "Ibun Roninki" de Yasuhiko Takigushi - Interprétation : Ebizo ICHIKAWA, EITA, Koji YAKUSHO.

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