Canine |
Hard et essai
Bravo au jury d' « Un Certain Regard » pour avoir distingué cette œuvre sulfureuse non consensuelle, si peu représentative du film « de festival ». D'aucuns ont reproché au cinéaste de se complaire dans une esthétique précieuse, pastiche du Pasolini de Théorème et plagiat inavoué des univers de Haneke, Buñuel, ou Ulrich Seidl. Parions que l'originalité de Canine en a en fait déconcerté plus d'un, le cinéaste n'hésitant pas à se nourrir de ces références pour proposer un film somme toute filmiquement non identifiable.
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Si l'employée qui séduit tous les enfants de la maisonnée s'apparente à l'ange/démon Terence Stamp, si les figures parentales s'avèrent plus effrayantes que Fernando Rey dans Viridiana ou Annie Girardot dans La Pianiste, si certains passages cauchemardesques (le massacre du chat, l'automutilation dentaire) semblent hésiter entre la réalité et le fantasme (à l'instar des songeries de Belle de Jour), le style de Yorgos Lanthimos est bien présent, par ce mélange d'humour pince-sans-rire, de sobriété dans la provocation et d'ellipse narrative. Le rapprochement avec Seidl est plus intéressant, la sexualité sans érotisme des personnages de Canines rejoignant les mondes glauques de Dog Days et Import/Export. On appréciera le parallèle symbolique entre les dépendances familiales et l'aliénation des systèmes totalitaires, ainsi qu'un dénouement ouvert sujet à multiples interprétations. Canine confirme en outre les espoirs que l'on pourrait placer dans un cinéma grec dont on entend peu parler hormis les films du vétéran Angelopoulos. Gérard Crespo |
2h10 - Grèce - Scénario : Efthymis FILIPPOU, Giorgos LANTHIMOS - Interprétation : Anna KALAITZIDOU, Mary TSONI, Michelle VALLEY Aggeliki PAPOULIA, Hristos PASSALIS. |