Adieu plancher des vaches ! de Otar Iosseliani Sélection Officielle Hors Compétition |
Alerte à marabout... Iosseliani dans un de ses meilleurs crus |
Valérie aime Nicolas ; mais Nicolas aime Paulette qui aime Gaston... Nicolas est né riche et vit dans une sorte de château de Moulinsart, entouré de snobs cupides. Comme c'est toujours mieux ailleurs, il passe ses journées, déguisé en pauvre, à faire des petits boulots dans les quartiers populaires de Paris. Gaston est né pauvre et vit dans une sorte de squat, entouré de pauvres hères. Comme c'est toujours mieux ailleurs, il passe ses fins de journées, déguisé en riche, à ferrer les jeunes filles avec une Harley Davidson empruntée... Mais quitter le plancher des vaches n'est pas si facile ; Iosseliani nous le susurre avec tendresse et humour dans cette fable sur la désillusion. |
Pour son douzième long métrage, le cinéaste Géorgien reste fidèle à quelques principes et figures de style qui donnent à ses films une poésie, un décalage et au final un plaisir de spectateur inouïs. Des acteurs non professionnels ; des plans recherchant le plus possible la longueur d'une scène ou d'une séquence, nous entraînant dans le mouvement des personnages dans, et hors du cadre ; jamais de champ contrechamp et un morcellement du récit le plus réduit possible. Du coup, les personnages ne jouent pas, ils sont. Jusqu'au marabout philosophe, voletant de l'épaule de sa maîtresse survoltée au parquet ciré du château. |
Le père de Nicolas (Iosseliani lui-même), sorte de clochard de luxe, semble préférer ne rien faire que de faire un rien, laissant le temps s'écouler comme le bourgogne dans son verre, le train électrique et le ball-trap suffisant à combler ses poussées d'activité. Il laisse sa femme aux affaires, et les affaires de femmes ne l'atteignent plus. Alors que Nicolas reviendra à son plancher des vaches après l'expérience de l'ailleurs, que Gaston trouvera un "entresol" assez confortable avec Paulette, que Valérie conquerra ses sommets rocheux tant aimés, lui, croisera un autre clochard avec qui il s'adonnera aux plaisirs du bon vin et des chansons d'amour... in vino veritas. Mais tout le plaisir est pour nous devant cette oeuvre originale, drôle et douce-amère, mise en scène avec talent et poésie et qui aurait certainement mis le jury de Cannes dans l'embarras si elle avait été présentée en compétition. Jean Gouny
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1h57 - scénario
& dialogues : Otar Iosseliani - images : William Lubtchansky - décor
: Manu de Chauvigny - musique : Nicolas Zourabichvili - montage : Otar Iosseliani
- interprètes : Nico Tarielaschvili, Lily Lavina... |