Paul Auster était attendu avec beaucoup d'impatience. Après ses participations prestigieuses aux scénarios de nombreux films (dont Smoke), avec un casting de rêve qui réunissait Keitel, Mira Sorvino, Willem Dafoe et Vanessa Redgrave, on salivait d'avance de son passage de Juré 1997 à celui de réalisateur sélectionné à Un Certain Regard en 1998. Encore un qui aura déçu. Comment s'y retrouver dans cette histoire aux relents "new age" qui, à partir d'une remarquable introduction, un Harvey Keitel fatigué qui souffle dans son saxo et se fait descendre par un illuminé,

débouche sur un salmigondis très mode où l'auteur se sent obligé d'introduire une pierre bleue qui vole, rend les gens amoureux et leur fait obtenir des grands rôles au cinéma... Paul Auster, assurément a dû consommer quelque quantité trop importante de substance bleue et ne trouve son salut que dans la fuite en avant. Un docteur nazi, Van Horn voit s'envoler toutes les promesses de ce film au fur et à mesure que Paul Auster tire sur les fils de son imagination qui fut plus inspirée et fertile en de nombreuses occasions. Il est parfois délicat de porter trop de casquettes.

Cela empêche de discerner ses propres fourvoiements et ni le scénariste, ni le réalisateur, n'ont trouvé la parade afin d'éviter que le film, petit à petit, ne s'enlise et ne tourne au cauchemar absolu.

Jean-Paul Icardi