Laisse un peu d'amour
de Zaïda Ghorab-Volta
avec Andrée Damant, Aurélia
Peti, Lise Payen...
Cinémas en France
 

Le travail comme présence sociale

Monique, 57 ans, est ouvrière en banlieue parisienne. Ou plutôt était, puisqu'elle est obligée d'accepter son départ en pré-retraite, compromis à son licenciement économique. Elle vit avec ses deux filles : Gisèle et Sandra. Monique préférerait que Gisèle essaie de trouver un " vrai travail " plutôt que de persister à vouloir suivre des cours de théâtre qu'elle juge sans avenir. Quant à Sandra, à sa sortie de l'hôpital où elle séjournait à la suite d'une tentative de suicide, elle part à la mer avec ses amis. Monique, qui doit déjà faire le deuil de sa vie professionnelle, semble tout porter sur ses épaules, tout en composant avec l'égoïsme apparent de ses filles et leurs divergences de points de vue. Quoi qu'il arrive, Gisèle n'envisage pas une seconde de vivre l'existence humble, soumise et laborieuse qu'a acceptée sa mère.

Monique aurait pourtant bien voulu rester encore un peu dans son usine, d'où elle se sent chassée après tant d'années de bons et loyaux services. Elle doit à présent suivre l'habituel parcours du combattant, préparer sa future retraite, mais aussi son dossier d'allocations chômage à l'A.N.P.E. : elle y est reçue par une employée standard qui la considère comme une sous-douée et lui explique en-ar-ti-cu-lant-bien-ce-qu'el-le-doit-fai-re : une brève, mais réjouissante rencontre avec Ariane Ascaride. Robert Guediguian, c'est Sandra qui le trouvera sur sa route en vendeur de saucisses frites, "émigré" du sud de la France. Et puis, sur la base de ce chacun pour soi et du non-dit, les trois femmes aux personnalités bien marquées vont évoluer : Monique s'habitue à sa condition, Gisèle réussit son concours d'entrée au Conservatoire, Sandra semble aller beaucoup mieux. Le tout est entrecoupé d'intermèdes musicaux qui

donnent une place grandissante au plaisir de profiter de la vie. Zaïda Ghorab-Volta excelle à analyser cet univers familial et social, chasse le misérabilisme et la fatalité et prend le parti de l'espoir. La tendresse, le bonheur d'être ensemble et surtout l'optimisme ont raison des tracasseries de l'existence.

Marie-Jo Astic


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