Dance Me to My Song
de Rolf Heer
avec Heather Rose, Joey
Kennedy, John Brumplan,
Rena Owen
Sélection officielle
 

Un corps étendu sur un lit. Le souffle rauque d'une respiration. La femme que l'on découvre est handicapée. Elle est née avec une paralysie cérébrale grave. Incapable de parler, de se prendre en charge, elle communique à l'aide d'un synthétiseur vocal et subit les caprices d'une garde-malade qui ne s'intéresse qu'à elle-même. Le lever, la toilette, De Heer ne nous épargne rien. En longs plans fixes douloureux, gênants, il nous oblige à regarder la souffrance quotidienne de Julia. Voyeurisme?
L'idée nous effleure devant cette détermination implacable.
Et puis, brutalement, au détour d'un regard, d'un sourire, nous devons nous rendre à l'évidence, Heather Rose, véritablement handicapée, scénariste et actrice du film, joue son rôle. Le film prend alors une autre dimension. Plus question de voyeurisme entomologiste, nous entrons dans une fiction. Les images très crues, particulièrement réalistes, sont au service d'un conte, d'une histoire d'amour magnifique. Et lorsque Julia qui a subi la violence sadique de sa garde-malade, lui rétorque par synthétiseur interposé :

" t'es furieuse parce que je t'ai piqué ton petit ami ", l'entreprise périlleuse du réalisateur de Bad Boy Bubby et de La chambre tranquille, deux films déjà difficiles, s'avère une extraordinaire réussite. La froideur apparente des images, la chaleur et la sensibilté du regard, se mêlent avec bonheur et donnent à cette œuvre une énergie peu commune conclue par un dernier plan lumineux, hymne radieux à l'amour, à la vie.

Gérard Camy


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