Les Moissonneurs |
Le monde perdu des Afrikaners |
Mais c’est surtout dans le rapport complexe entre le fils de la famille, Janno, et ce « frère » d’adoption, Pieter, que réside l’intérêt de l’œuvre. Entre ces deux jeunes hommes qui se cherchent une identité (avec en toile de fond la thématique du désir homosexuel de Janno) et un avenir dans un pays qui se métamorphose, s’immiscent la jalousie, la haine, le rejet, des secrets dévoilés et les tensions entre le groupe et les individus. Janno, qui fait tout pour être un bon fils (il est sage, obéissant et très attaché aux terres qui un jour seront les siennes), est persuadé que Pieter (qui retient l’attention des parents) est là pour le remplacer dans la structure familiale (le film adopte son point de vue, et reste ambigu à ce sujet). Le réalisateur précise : « J’ai écrit les personnages comme deux parties de la même âme, divisée entre deux parties en guerre, l’amour et la haine mêlés, enfermés dans une quête de domination éternelle et insatiable. » Ce que met en scène Kallos est le passage à l’âge adulte de ces deux demi-frères en terrain hostile, sans pour autant juger ses personnages. Il le fait avec talent : une mise en scène maîtrisée s’appuyant sur de grands espaces, une très belle photographie (signée Michal Englert, chef opérateur polonais) et une excellente musique de Evgueni Galperine qui renforce le côté menacant et anxiogène de l’ensemble. Non dénuée de défauts inhérents à tout premier film, bercé par des influences cinématographiques, cette plongée dans une culture inconnue et ce voyage intérieur méritent le détour et donne envie de découvrir la suite de la carrière d’Etienne Kallos. Xavier Affre
|
1h44 - Afrique du Sud - Scénario : Etienne KALLOS - Interprétation : Brent VERMEULEN, Alex van DYK, Juliana VENTER. |