Madame de... |
« Je ne vous aime pas, je ne vous aime pas, je ne vous aime pas... » Une restauration de Gaumont. Séance proposée en hommage à Danielle Darrieux à l’occasion de son anniversaire, et présentée par Dominique Besnehard, Pierre Murat et Henri-Jean Servat qui présentera la dernière interview filmée de Danielle Darrieux. Pour payer une dette de jeu, Madame de... vend les boucles d'oreille en forme de cœur que son mari lui a offertes. Quelque temps plus tard, le baron Donati dont elle est amoureuse lui fait cadeau des mêmes boucles d'oreille. |
La rencontre du bel ambassadeur aux tempes grises (Vittorio De Sica) est le détonateur de l'éveil d'un sentiment amoureux qu'elle ne semblait plus éprouver depuis belle lurette. Une valse, deux valses, un jour, une semaine... « On ne danse plus à Paris »? - C'est pour vous laisser le temps de faire de la politique étrangère ». Au fil des soirs, la futilité de la drague fait vite place à l'amour naissant et aux dangers du risque imminent : « Vous ne me demandez pas des nouvelles de mon mari ? - Non... - Vous avez raison, il rentre demain ». La ronde du rapprochement sentimental transforme Louise : la séductrice frivole devient une femme consumée par la passion amoureuse. Mais le bonheur implose en plein vol, les petits mensonges des compromissions et l'ordre moral imposé par Monsieur l'éloignant inexorablement du baron. « La femme que j'étais a fait le malheur de celle que je suis devenue », susurre Louise à sa fidèle nounou (Mireille Perrey), qui assiste à la décomposition physique et morale de l'éternelle midinette des soirées mondaines. La force du scénario est d'avoir incrusté le « MacGuffin » des boucles d'oreille : objets de luxe source de gains et de déclarations de flammes amoureuses, passant de mains en mains, de Paris à Istanbul, et occasionnant à plusieurs reprises une marge au bijoutier de la famille (Jean Debucourt). Au fil de l'évolution psychologique de Louise, elles deviennent un fétiche dont on ne peut se séparer, puis une relique religieuse. « La vie pour moi, c'est le mouvement », dira plus tard de personnage de Lola Montès : les trajets du bijou sont donc parallèles au cheminement intérieur de Louise, que la caméra suit souvent dans ces travellings qui ont fait la réputation du cinéaste. L’œuvre, d'un montage éblouissant (la séquence du bal) et d'un lyrisme baroque saisissant, est portée par l'interprétation légendaire de Danielle Darrieux, grave dans les scènes de comédie, légère dans des situations dramatiques, et qui incarne à la perfection une certaine image de la féminité. Madame de... est un chef-d’œuvre d'émotion et de grâce, que l'on ne se lasse pas de regarder. Gérard Crespo
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1953 - 1h45 - France - Scénario : Marcel ACHARD, Max OPHULS, Annette WADEMANT, d'après le roman de Louise de Vilmorin - Interprétation : Danielle DARRIEUX, Charles BOYER, Vittorio DE SICA, Jean DEBUCOURT, Lia DI LEO, Mireille PERREY, Jean GALLAND, Paul AZAÏS, Hubert NOËL. |