Une semaine et un jour
Shavua Ve Yom
Asaph Polonsky
Semaine de la Critique
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Le jour d'après

À la fin du Shiv’ah - les sept jours de deuil dans la tradition juive - l’existence doit reprendre son cours. Tandis que Vicky, sa femme, se réfugie dans les obligations du quotidien, Eyal, lui, décide de lâcher prise… Avec un ami de son fils défunt, il partage un moment de liberté salvateur et poétique, pour mieux renouer avec les vivants... Ce premier long métrage d'un jeune cinéaste israélo-américain s'inscrit dans la lignée des films traitant sur un ton de comédie le thème du deuil. Moins romanesque et plus décalé que 4 mariages et un enterrement (Mike Newell, 1994), moins burlesque que Guantanamera (Tomás Gutiérrez Alea & Juan Carlos Tabío, 1995), plus second degré que Harold et Maude (Hal Ashby, 1971), l'œuvre d'Asaph Polonky est résolument intimiste et propose de cerner trois personnages excentriques. Eyal, le père pince-sans-rire et faussement taciturne, noie son chagrin dans des facéties et un comportement provocateur, tandis que Vicky, son épouse, plus sereine en apparence, trouve dans la banalité du quotidien un dérivatif, jusqu'à sombrer elle-même dans l'absurde (vouloir évincer sans préavis le professeur remplaçant de l'école où elle travaille).

Face à ces deux époux, Zooler, le fils des voisins et ancien pote du fils disparu, incarne moins le substitut d'enfant que la volonté de trouver un sens à la vie, fut-elle bordélique et oisive. Remarquablement interprété par Tomer Kapon, ce personnage est l'objet de la séquence la plus décapante du film, qui le voit improviser un morceau de rock sans instrument de musique. On sera plus dubitatif sur la subtilité et l'efficacité des scènes d'hôpital, le réalisateur évitant de justesse le sentimentalisme, et sur la lourdeur d'un comique de répétition (les démêlés avec le couple de voisins). One Day and a Week ne tient donc pas toutes ses promesses, malgré ses qualités d'écriture et la sobriété de sa mise en scène. Il faut dire que le cinéma israélien traitant du thème de la famille nous avait habitués à des sommets, des films d'Amos Gitaï à L'Institutrice de Nadad Lapid, en passant par le cinéma poignant de Ronit & Shlomi Elkabetz (Le Procès de Viviane Ansalem). One Day and a Week n'en demeure pas moins un film estimable et attachant.

Gérard Crespo

 



 

 


1h38 - Israël - Scénario : Asaph POLONSKY - Interprétation : Shai AVIVI, Evgenia DODINA, Tomer KAPON, Uri GAVRIEL.

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