Dernier train to Busan
Bu-San-Haeng
de Yeon Sang-ho
Sélection officielle
Hors compétition

Séance de minuit








Embarquez à bord du KTX

Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l'état d'urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité... Yeon Sang-ho est l'auteur de trois longs métrages d'animation, dont The King of Pigs, qui le révéla à la Quinzaine des Réalisateurs, et The Fake, dont Train to Busan constitue la suite. C'est peu dire que cette dernière livraison renouvelle avec bonheur le film de zombies, initié en 1968 par George Romero avec La Nuit des morts vivants. Si elle oscille entre l'hommage au mythe fondateur (à la manière de L'Armée des morts) et la parodie (façon Shaun of the Dead), l'œuvre a son originalité propre, à commencer par l'unité de lieu que constitue un TGV en folie. Passé le prologue, le cinéaste ne quitte l'espace du train qu'à l'occasion de quelques arrêts en gare, d'images de journaux télévisés, et d'un dénouement haletant. Dans ce cadre à la fois statique et en mouvement, des personnages représentatifs de la société coréenne vont s'entraider ou se trahir. La figure centrale est un brillant gestionnaire d'actifs (Gong Yoo) qui voyage avec sa fillette Su-an afin de rejoindre son ex-épouse. Il sera amené à coopérer avec un homme bourru (Ma Dong-seok) et son épouse enceinte (Jung Yu-mi), qui deviendra vite une mère de substitution pour Su-an.

On croise aussi à bord des lycéens membres d'une équipe de base-ball, un directeur de société égoïste et méfiant, deux mamies sympathiques, et bien d'autres voyageurs. L'ironie du cinéaste est ici évidente lorsqu'il oppose les valeurs individualistes du trader ou du chef d'entreprise aux solidarités familiales ou sportives, et la critique des économies émergentes est manifeste : la prolifération du virus est due à une société financière experte en spéculation et qui a surcoté un groupe de biochimie aux profits exponentiels... Mais l'essentiel n'est pas là. La réussite de Train to Busan tient à son rythme effréné, la frayeur causée par la chorégraphie de zombies courant à toute vitesse, et le dosage subtil entre des gros moyens de blockbuster (le déraillement d'un train), et des effets plus artisanaux misant sur un suspense classique mais efficace (la sonnerie d'un téléphone mobile en plein tunnel, l'ouverture inopportune d'une porte de compartiment)... « Je souhaitais montrer un genre qu'on n'aurait jamais vu dans le cinéma coréen, d'une euphorie qui soient complètement différente des films de genres qu'on voit à Hollywood ou autres », a déclaré Yeon Sang-ho. Son pari est gagné.

Gérard Crespo



1h58 - Corée du Sud - Scénario : YEON Sang-ho - Interprétation : GONG Yoo, KIM Su-an, MA Dong-seok, JEONG Yu-mi, CHOI Woo-sik, AHN So-hee, CHOI Woo-sik, KIM Eui-sung.

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