Gimme Danger
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« Quand la musique est bonne » L'univers musical du rock, de la pop ou du rhythm and blues a toujours été une constante du cinéma de Jarmusch, de Stranger than Paradise au récent Paterson en passant par Mystery Train. Il n'est donc pas étonnant que le réalisateur ait voulu consacrer un documentaire à Iggy Pop et au groupe mythique The Stooges. À la fois admiré et sous-estimé en son temps, le groupe a suscité l'enthousiasme d'une nouvelle génération depuis une quinzaine d'années, ce qui a incité Iggy Pop à le reconstituer, réveillant l'enthousiasme des fans de la première heure. Alternant interviews de la star, extraits de concerts et d'archives, Gimme Danger est classique dans sa forme, loin des envolées poétiques et expérimentales de l'auteur de Only Lovers Left Alive. Mais la personnalité et l'art d'Iggy et ses collaborateurs sont suffisamment forts pour que Jarmusch puisse se permettre de s'effacer derrière son sujet. Le film est en tout cas d'une efficacité certaine, usant d'un montage à la fois sobre et flamboyant, mêlant anecdotes et analyse réflexive sur des artistes qui ont marqué leur temps. |
On peut alors juger que Gimme Danger égale voire surpasse les biopics The Rose ou The Doors, et révèle de troublantes correspondances avec le magnifique Velvet Goldmine, qui évoquait déjà, en mode implicite, l'aventure musicale d'Iggy Pop. « Depuis les débuts du rock'n'roll, peu de groupes peuvent se comparer aux Stooges avec leur mélange incomparable de pulsations viscérales, de psychédélisme déjanté, de rythmes à la fois blues et country et de paroles névrotiques minimalistes. Sans oublier Iggy Pop […], fauve grognant mais soucieux de son apparence qui réincarne aussi bien Nijinski, Bruce Lee et Harpo Marx qu'Arthur Rimbaud ». Ces notes d'intention de l'auteur résument parfaitement la teneur du portrait qu'a souhaité brosser Jarmusch, qui a l'intelligence de ne dévier ni dans l'enthousiasme béat, ni dans l'hagiographie académique, ce dont on se doutait. Gimme Danger est en outre un témoignage précieux sur la fin des années 60 et le début des années 70, période phare de contre-cultures et contestations plurielles. Gérard Crespo
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1h48 - États-Unis - Documentaire - Producteur : Carter LOGAN, Fernando SULICHIN, Rob WILSON - Photo : Tom KRUEGER - Montage : Affonso GONÇALVES, Adam KURNITZ. |