Exil |
Montrer l’indicible Ce nouveau long métrage documentaire de Rithy Panh fut l’un des sommets de cette édition cannoise. Il s’inscrit dans le travail de mémoire qu’accomplit depuis la fin des années 80 le cinéaste cambodgien sur son pays et en particulier sur le génocide des Khmers rouges, entre 1975 et 1979. S21, la machine de mort Khmère rouge, Duch, le maître des forges, ou encore L’Image manquante constituaient des œuvres de référence en la matière. |
Rithy Panh film un jeune homme (lui-même) dans une cabane dont le décor change au gré des situations, grâce à des effets spéciaux rappelant le cinéma primitif (végétation, oiseaux, nuages, nid géant, apparition de la lune…). Dans cette œuvre bouleversante et poétique qui exalte l’imaginaire contre la barbarie, le cinéaste réussit le pari de montrer l’indicible, de faire ressentir aux spectateurs ce qu’il est souvent difficile d’écrire avec des mots. Il faut également souligner la musique sublime qui accompagne ces images et les textes écrits par Christophe Bataille (déjà auteur de L’Image manquante), qui convoque René Char mais aussi Mao, Robespierre et d’autres théoriciens de la révolution. En effet, le film se veut aussi politique avec une réflexion plus générale sur le sens de la révolution, au regard des événements qui se sont produits au Cambodge dans les années 70 : « Quelle révolution voulons-nous ? Une révolution pour l’homme et avec lui ? Une révolution à hauteur d’hommes, dans le respect, la compréhension ? Ou la tentative de destruction dont la pureté fausse eut tant de disciples, en Asie et en Occident ? ». Le cinéaste livre un très bel hommage à tout un peuple et à une civilisation qu’il fait revivre le temps d’une œuvre magnifique et essentielle, grâce à des images d’archives en noir et blanc. Xavier Affre
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1h18 - Cambodge - Documentaire |