La Chambre des tortures
Pit and the Pendulum
de Roger Corman
Sélection officielle
Cannes Classics







Les diaboliques

Production de série B librement adaptée d'Edgar Poe, La Chambre des tortures est typique du style gothique épuré de Roger Corman, qui exerça une influence sur bien des cinéastes dont Tim Burton. L'histoire démarre plutôt de façon classique, avec l'enquête menée par l'Anglais Francis Barnard (John Kerr), afin de découvrir les circonstances mystérieuses de la mort de sa sœur Elizabeth (Barbara Steele). Celle-ci était mariée à Nicholas Medina (Vincent Price), un châtelain torturé par le passé de son père, un inquisiteur. Des événements étranges ont alors lieu dans la demeure de Nicholas, dont Francis est l'invité. Le récit qui s'ensuit est filmé avec une économie de moyens évidente, tant le budget était serré et le tournage rapide. De rares plans extérieurs avec vagues et falaises, des décors de carton-pâte et des toiles d'araignée récurrentes sont au service d'une horreur bien plus sobre que celle du cinéma fantastique contemporain, encore que Roger Corman se permettait des scènes audacieuses pour l'époque. On peut penser que le succès de Psychose, sorti un an plus tôt, n'a pas laissé le cinéaste indifférent. Du suspense dans une cave maléfique à l'apparition choc d'un squelette, c'est tout un climat hitchcockien qui est recyclé, d'autant plus que l'ombre de Vertigo est manifeste à l'occasion de terrifiantes résurrections.

En fait, Corman semble connaître ses classiques et Edgar Poe est ici mobilisé autant que Boileau et Narcejac (on songe aussi aux Diaboliques de Clouzot...). Cela n'enlève en rien l'originalité de cette œuvre novatrice et effrayante, à l'ambiance nécrophile et satanique, et au sadisme insidieux. Le film est de surcroît magnifié par les apparitions de la sublime Barbara Steele, créature de l'écran découverte dans Le Masque de démon de Mario Bava. Son jeu élégant et racé contraste avec le cabotinage (certes savoureux) d'un Vincent Price aussi illuminé que son personnage. Au crédit du film, on portera aussi l’ouverture abstraite du pré-générique, le plan final sur les yeux de Barbara Steele digne du dénouement de Freaks, la splendeur esthétique des décors de Daniel Haller, et la beauté d'un Scope mettant en lumière les couleurs bariolées du chef-opérateur Floyd Crosby. Le film inaugura une série d'adaptations de Poe réalisées par Corman, qui retrouvera son scénariste Richard Matheson, ainsi que Vincent Price, dont la carrière trouva un nouveau souffle. Présentée par MGM Studios/Park Circus, la restauration a été réalisée conjointement par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences et le producteur Jon Davison à partir du négatif original chez Fotokem Los Angeles avec Mato DerAvanessian, sous la supervision de Roger Corman.

Gérard Crespo



 

 


1961 - 1h20 - États-Unis - Scénario : Richard MATHESON, d'après le roman d'Edgar Allan Poe - Interprétation : Vincent PRICE, John KERR, Barbara STEELE, Luana ANDERS, Anthony CARBONE, Patrick WESTWOOD, Lynette BERNAY.

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