Le Sel de la terre
The Salt of the earth
de Wim Wenders, Juliano Ribeiro Salgado
Sélection officielle
Prix spécial du Certain Regard
Mention spéciale Prix oecuménique


Sortie en salle : 15 octobre 2014




De la beauté, de l'Homme, de la Terre

Wim Wenders dévoile un nouveau documentaire dont la description qui va suivre ne saurait rendre toute la magie, la force et l’espoir. Le réalisateur des Ailes du désir et de Paris, Texas nous invite à découvrir le photographe Sebastião Salgado à travers ses photographies, son commentaire, sa voix, et la poésie de sa réflexion. À cela s’ajoutent quelques moments filmés par Juliano Ribeiro Salgado, le fils de l’artiste photographe, et des vidéos d’archives.

Le Sel de la terre, c’est l’Odyssée superbe d’un photographe amoureux de l’homme et de la nature, parti loin de son pays natal, le Brésil, pour venir y renaître après un voyage jusqu’en enfer à travers les grandes guerres, exodes et génocides d’Afrique et d’Europe dans les années 90.

Après plusieurs projets photographiques qui lui permettent de voyager en Amérique latine, où il découvre la vie de plusieurs peuples, Sebastião Salgado s’intéresse progressivement à la détresse humaine : le photographe dévoile ce que nous connaissons aujourd’hui, plus ou moins vaguement : l’horreur de la mort, la misère de la survie dans des contrées arides où les peuples luttent contre la soif, la faim, et le choléra. En Europe comme en Afrique, chacun risque sa vie, et beaucoup n’échappent pas aux massacres.

Pendant de longs mois, l’artiste a suivi les tribulations de ces peuples traqués, en fuite, au Mali, Congo, Rwanda. Il a vu l’horreur des camps de réfugiés où attendaient plusieurs millions de personnes, ces « villes » humaines où la folie prend parfois le dessus sur l’espoir.

Il voyagea jusqu’à l’enfer biblique : la chaleur et les flammes des puits de pétrole incendiés par l'armée irakienne de Saddam Hussein en 1991. Il en gardera des cicatrices effroyablement profondes.

Mais au milieu de cette rétrospective historico-biographique intervient, infatigable, le merveilleux, la surprise de la rencontre inattendue. Qu’il soit sous forme parlée ou imagée, qu’il soit le fruit du père, du fils ou de la femme du photographe, fidèle défenseur de son travail et assistante infatigable, c’est un surgissement fort qui ne peut qu’inviter à verser quelques douces larmes d’enchantement.

Au centre du documentaire, des clichés d’une justesse admirable, un travail du cadre, du noir et blanc, de la composition à couper le souffle. Dans ces images saisissantes, nous voyons encore le mouvement, des moments de vie palpables, une émotion déchirante.

Salgado nous conte son histoire d’une voix au français enchanteur, quel que soit le propos. C’est un homme doté d’une très vaste connaissance du monde, intéressé, cultivé. Chercheur et aventurier, il a fait de sa vie une quête sans fin sur l’Homme et la Terre. Avec Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado, il nous guide sur la voix de l’amour de l’autre : l’être vivant animal comme végétal que l’on côtoie sans cesse.

D’aucuns critiqueront une facilité dans le procédé, mais ce n’est qu’hypocrisie et mauvaise foi. Il fallait dans ce 67e Festival de Cannes un messie cinématographique, un guide vers une pensée optimiste loin des discours unilatéraux sur la détresse de l’humanité, la destruction de la planète et l’extinction des peuples et des espèces. Le Sel de la terre, c’est vous, c’est moi, ce sont eux, c’est Sebastião Salgado, son fils, sa femme ; c’est Wim Wenders.

« Et… Cut ! »

Marc-Aurèle Palla

Lire le blog de Marc-Aurèle Palla : ICI

 

 


1h40 - Brésil, France -Documentaire

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