The Search |
« L’endroit le plus merdique du monde » Pour ce changement radical de registre après The Artist, Michel Hazanavicius s’inspire du film The Search (Les Anges marqués) de Fred Zinnerman en 1948 : un mélo (hélas !), dont le réalisateur revendique le genre, ainsi qu’il le fait de la référence à Full Metal Jacket, sans pour autant atteindre cet objectif un peu trop ambitieux. En octobre 1999, la seconde guerre de Tchétchénie fait rage dans l’indifférence générale et l’un des mérites d’Hazanavicius est au moins de la dissocier d’un conflit légitime contre le terrorisme, selon la version officielle perfidement avancée à l’époque par le président russe Elstsine et son premier ministre Poutine. Deux histoires parallèles s’installent qui se rejoignent en boucle dès les premiers, puis les derniers plans du film, parti pris d’un scénario en miettes en guise de symbole du chaos de la guerre. Lorsque le soldat Kolia filme en amateur l’exécution gratuite d’un homme et d’une femme, exaction commise par ses condisciples, il a déjà accompli son parcours. La jeune fille, la grande sœur Raïssa, est « ménagée » afin de satisfaire les appétits de la petite troupe, le petit garçon s’est caché dans la maison, où le bébé est lui aussi épargné. Pour la fratrie, c’est le début de la séparation, de l’errance et de la quête de l’autre. |
Sur leurs destins, vient se greffer celui de Carole, en place à Nazran au nom de la Commission européenne des droits de l’homme et en charge d’un rapport visant à provoquer une intervention de la Communauté européenne. Ainsi que celui d’Helen, localement implantée au sein d’une structure d’accueil des orphelins de la guerre. Le rôle est interprété par Annette Bening, dont la prestation sauve quelque peu le film de son angélisme ambiant. Car Carole va prendre en charge le petit Hadji, mutique, perdu en barbarie. Et Bérénice Bejo se perd dans un rôle d’une platitude désespérante… Parallèlement donc, mais en décalage dans le temps, l’histoire de Kolia commence à Perm, où sous prétexte d’une bêtise il s’engage dans l’armée pour échapper à la prison. Il commence ainsi son apprentissage pour devenir un assassin, se débarrasser de tout état d’âme et tâter de la folie meurtrière. La violence poussée à son paroxysme dénote face à certaines images ou sensations racoleuses – la douceur de la balalaïka en bande son des images « docu », le petit Hadji dans la guerre serrant son petit frère dans ses bras, Carole dans ses instincts maternels – bref… dans cette affaire, le réalisme et le romanesque ne font pas très bon ménage. Sur le mode candide, Hazanivicius pave la violence, la guerre et la mort de trop bonnes intentions. Marie-Jo Astic
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2h29 - France - Scénario : Michel HAZANAVICIUS - Interprétation : Bérénice BEJO, Annette BENING, Maksim EMELYANOV, Zukhra DUISHILI, Abdul Khalim MAMUTSIEV. |