Mariage à l'italienne
Matrimonio all'italiana
de Vittorio De Sica
Sélection officielle
Cannes Classics
Sortie en salle : 17 décembre 2014
Mariage à l'italienne |
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Nous nous sommes tant aimés Après avoir été un réalisateur phare du néoréalisme (Le Voleur de bicyclette, 1948), Vittorio De Sica voulut s'orienter vers un autre registre et explorer les voies de la comédie italienne. Celle-ci était alors florissante, et les années 60 furent capitales pour Dino Risi, Mario Monicelli ou Luigi Comencini. De Sica lui-même en tant qu'acteur avait naguère côtoyé le genre, trouvant l'un de ses plus gros succès dans Pain, amour et fantaisie (1953). Mariage à l'italienne lui permet aussi de diriger à nouveau Sophia Loren et Marcello Mastroianni, deux de ses acteurs de prédilection. À vrai dire, le film peut au premier abord être appréhendé comme une commande du producteur Carlo Ponti, époux de Sophia Loren, et qui souhaitait un nouveau carton adapté cette fois d'une pièce à succès. Celle-ci fut trouvée avec un matériau du célèbre auteur et acteur napolitain Eduardo De Filippo. Le scénario en est un mélange de comédie dramatique familiale et de critique sociale. Durant de nombreuses années, Filumena (Sophia Loren) à a été à la fois servante et maîtresse de Domenico (Marcello Mastroianni). Ce dernier a finalement décidé de se marier avec une jeune fille de bonne famille (Marilu Tolo). C'est alors qu'elle décide de lui tendre un piège en lui faisant croire qu'elle est mourante et que son dernier désir est de se faire épouser. Dès que l'homme cède, la mourante ressuscite et lui apprend qu'elle a trois enfants... Les critiques de l'époque s'acharnèrent sur le film, y voyant une trahison de l'auteur de Sciuscia, coupable d'avoir renié son âme d'auteur néoréaliste au profit d'une variation commerciale axée sur le vaudeville et le chantage à l'émotion. C'était fort injuste. S'il est vrai que Mariage à l'italienne peut paraître mineur, eu égard aux œuvres d'après-guerre de De Sica, et de l'effervescence créatrice du cinéma italien de l'époque (Fellini, Antonioni...), le film n'en demeure pas moins une réussite. |
De Sica a bâti son récit en tenant compte du contexte économique des années 60, période de croissance qui a vu la transformation de l'Italie, y compris des villes du Mezzogiorno comme Naples. Une judicieuse construction en deux flash-back remonte aux années de guerre, quand les privations et le manque de nourriture amenaient la population à survivre, par les combines ou la prostitution. Le premier flash-back, axé du point de vue de Domenico, révèle l'assurance d'un petit bourgeois qui n'a jamais voulu assumer son amour de jeunesse. Le second montre la dignité et le désarroi d'une femme du peuple, mère de trois enfants qu'elle ne peut rencontrer qu'occasionnellement. Des quiproquos burlesques, dignes des situations de la commedia dell'arte, parsèment les quatre segments narratifs, dont un prologue irrésistible. Le rapport du réalisateur avec le théâtre filmé est subtil et cohérent, les mouvements de caméra, le montage, et la variété des décors créant une dimension véritablement cinématographique, sans vouloir « aérer » l'action de façon artificielle. De Sica est bien aidé par son couple vedette. Sophia Loren, alors première star européenne, au sommet de sa beauté, confirmait des talents d'actrice aussi à l'aise dans le registre comique que le jeu dramatique. Maquillée ou sans fard, jeune fille ou quadragénaire, insouciante ou grave, elle fait ressentir avec classe la pluralité de son personnage. Mastroianni quant à lui poursuivait à vouloir casser son image de séducteur intellectuel, et montrait un réel bonheur à se risquer dans le registre bouffon. Modèle de fusion entre un cinéma populaire et une exigence artistique, Mariage à l'italienne est un film à redécouvrir. Cannes Classics en a présenté une version restaurée en collaboration entre la Cinémathèque de Bologne pour Surf Film et la Technicolor Foundation pour Cinema Heritage, avec la contribution de Memory Cinema au laboratoire L'Immagine Ritrovata. Gérard Crespo
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1964 - 1h42 - Italie - Scénario : Renato CASTELLANI, Tonino GUERRA, Leonardo BENVENUTI, Piero DE BERNARDI, d'après la pièce de Eduardo De Filippo - Interprétation : Sophia LOREN, Marcello MASTROIANNI, Aglo PUGLISI, Tecla SCARANO, Mailu TOLO. |