Les Guerriers de la nuit |
« Si les gangs s'unissaient... » Série B d'action qui connut un certain culte chez les amateurs du genre, Les Guerriers de la nuit révéla le solide artisan Walter Hill, qui réalisera les agréables Sans retour et 48 heures, avant de s'orienter vers un cinéma plus bourrin. Les Guerriers de la nuit est adapté d'un roman de Sol Yurick, lui-même inspiré de L'Arnabase de Xénophon. On se doute que Walter Hill ne suit pas ici la trace d'un Jean-Marie Straub et adopte une démarche grand public, faisant d'un récit à la base mythologique une métaphore de l'enfer urbain. Le film respecte les trois règles de la tragédie classique. L'unité de lieu nous transporte à New York, et en particulier les quartiers du Bronx et de Coney Island. L'unité de temps nous vaut de belles séquences nocturnes, avec une trame se déroulant jusqu'à l'aube. L'unité d'action offre une lutte pour la survie entre plusieurs gangs, après le meurtre de Cyrus (Roger Hill), le chef des Gramercy Riffs, qui avait tenté un rassemblement pacifique. Les Warriors sont injustement accusés et devront effectuer un trajet de quarante kilomètres pour rejoindre leur quartier général. Le film est célèbre pour avoir eu des problèmes avec la censure dans plusieurs pays (dont la France), du fait d'une affiche et d'une réplique assurant que « si les gangs s'unissaient, la police et l'ordre seraient impuissants ». De ce fait, il existe plusieurs versions de l'œuvre, auxquelles il faudra rajouter celle du director's cut, sortie quelques années plus tard, et qui déplut aux fans. |
On trouve dans Les Guerriers de la nuit l'influence manifeste de West Side Story, mais le film s'inscrit surtout dans ce nouveau courant d'action de la fin des années 70 et du début années 80, qui virent le triomphe des Mad Max et autres films survitaminés. La psychologie est sommaire, les bons et les méchants sont bien identifiés et la castagne est reine, mais le tout est filmé avec rythme, efficacité et élégance, notamment pour les scènes de foules et de combat. On peut toutefois estimer que Les Guerriers de la nuit est aujourd'hui dépassé sur son propre terrain, tant Hollywood a défriché de nouvelles voies dans ce domaine. Mais ces Warriors gardent la pêche trente-cinq ans après leur sortie, et on ne se lasse pas de revoir certaines séquences, à l'image des passages où une animatrice de radio dont on n'entrevoit que les lèvres (Lynne Thigpen) appelle à poursuivre le combat... Le casting, inégal, révéla une nouvelle génération d'acteurs dont peu perceront véritablement. Notre préférence va vers Michael Beck, sérieux comme un pape en chef des Warriors, David Harris en « Cochise » black, symbole de l'oppression de deux minorités, et surtout James Remar : l'interprète d'Ajax, beau gosse arrogant qui aura la mauvaise idée de draguer lourdement une inconnue qui s'avérera être une policière, a une présence magnétique qui aurait dû lui valoir une carrière à la Willem Dafoe. Gérard Crespo
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1979 - 1h32 - États-Unis - Scénario : Walter HILL, David SHABER, d'après le roman de Sol Yurick - Interprétation : Michael BECK, Dorsey WRIGHT, Roger HILL, James REMAR, David HARRIS, Marcelino SANCHEZ, Deborah Van VALKENBURGH, David Patrick KELLY, Lynne THIGPEN, Mercedes RUEHL, Steve JAMES, Irwin KEYES, Sonny LANDHAM. |