It Follows
de David Robert Mitchell
Semaine de la Critique


Sortie en salle : 4 février 2015




L'ombre de Romero, Carpenter et Cronenberg

Pour Jay, 19 ans, l’arrivée de l’automne devait rimer avec école, garçons et weekends au bord du lac. Mais après un rapport sexuel d’apparence anodin, elle se retrouve confrontée à d’étranges visions et l’inextricable impression que quelqu’un, ou quelque chose, la suit. Accablés par cette malédiction, Jay et ses amis doivent trouver une échappatoire à l’horreur qui ne semble jamais loin derrière.

Partant d’un a priori sur le fait présumé d'un ultime film d’horreur primé à Gérardmer, quelle ne fut pas ma surprise dès les premières images de It Follows.
Le quotidien d’une bande d’adolescents morts d’ennui dans la banlieue type américaine va être brutalement abîmé par la métaphore des affres de la jeunesse. Le tout est délicatement couché sur un fond de contamination sexuelle qui reste la base de ce scénario inattendu.

Il n’est aucunement question ici de jets d’hémoglobine et de cadavres zombifiés s’attaquant à de pauvres adolescents.

Non, l’horreur vient particulièrement du jeu sur les sons vrombissants, les apparitions angoissantes de ces êtres au pas lent rappelant Night of the Living Dead de Romero ou encore les mouvements de caméra qui balayent l'espace en englobant un hors-champ effrayant. La tension dense et servile est omniprésente sur des images léchées avec un style substantiel.

Le travail esthétique des plans, la mise en scène lente au hors-champ assidu et la bande sonore aux sonorités eighties sont remarquables. L’utilisation de techniques cinématographiques comme les longs panoramiques circulaires, travellings et zooms rappellent un cinéma des années 80 dans ce qu’il a de plus inventif et appréciable. L’ombre de grands réalisateurs du genre de l’épouvante comme Carpenter, Romero ou encore Cronenberg plane sur ce travail d’une grande originalité, contrastant avec la période actuelle des films d’horreur ennuyeux et redondants.

Un film frais et puissant, qui fait beaucoup parler de lui, et ce pour de très bonnes raisons.

Anthony Mambré


 

 


1h37 - États-Unis - Scénario : David Robert MITCHELL - Interprétation : Maika MONROE, Keir GILCHREST, Danny ZOVATO, Jack WEARY, Olivia LUCCARDI.

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