Fantasia
de Wang Chao
Sélection officielle
Un Certain Regard



Sortie en salle : 1er juillet 2015




« J’ai de l’argent, ce n’est pas la question »

Fantasia suit le destin amer du jeune Lin qui voit tout s'écrouler autour de lui. Son père a une leucémie, entraînant de coûteux frais d’hospitalisation (bientôt plus pris en charge par son employeur). Sa mère enchaîne les petits boulots du matin au soir et sa sœur se prostitue pour apporter des revenus à sa famille. Jusqu'au jour où il fait la connaissance d'un homme et d'une fillette très étranges...

4e long métrage du cinéaste chinois (qui avait obtenu en 2006 le Prix Un Certain Regard pour Voiture de luxe), Fantasia est une belle réflexion sur la Chine contemporaine, dont on commence à bien connaître les mutations grâce à l’apport d’un autre cinéaste, l’immense Jia Zhang Ke. Si Wang Chao n’atteint pas les sommets du maître, son film n’en dispose pas moins de très beaux atouts (mise en scène, ellipses et hors champs) pour évoquer cette chronique d’une famille modeste ouvrière confrontée à la maladie et à la dure réalité sociale chinoise. Le film est rythmé par les allers-retours du père à l’hôpital, par les efforts de la mère pour trouver l’argent nécessaire, par l’activité de la fille dans un bar de nuit.


De son côté, le fils, adolescent assez maigre, se rend souvent au bord du fleuve, qui apparaît comme une sorte de refuge lui permettant de rêver d’un ailleurs possible.

Le refrain est bien entendu déjà connu, mais toujours d’actualité : le monde est cruel, la maladie (celui qui la porte, et même ses enfants susceptibles de la porter en eux !) est très mal vue dans une société où le profit est roi. Une réflexion, terrible, peut résumer ce constat : « J’ai de l’argent, ce n’est pas la question. Mais sa leucémie n’est pas guérissable », dit un ami de la famille à la mère venue chercher de l’argent pour les soins de son mari.

Les panoramiques de cette ville industrielle et portuaire (dont le nom n’est pas mentionné) sont splendides, l’image est légèrement bleutée, ce qui renforce cette impression de profonde mélancolie. Grâce à de belles envolées oniriques, la poésie est également présente à plusieurs reprises, notamment lorsqu'un mystérieux trompettiste sur son bateau amarré au port joue It’s now or never d’Elvis. Tout comme l’imagination, seule véritable issue face à l’impuissance et à l’inquiétude ressentie dans la vie quotidienne.

Xavier Affre

 

 


1h25 - Chine - Scénario : Wang CHAO - Interprétation : Ruijie HU, Su SU, Xu ZHANG.

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