Les Combattants |
« Moi, je vous le dis, ça va péter ! » Présenté par son réalisateur Thomas Cailley comme une histoire d’amour et de survie, Les Combattants a été une des très belles surprises de ce Festival, coup de cœur offert par la Quinzaine, comédie romantique détonante. Dans les Landes, deux frères sont en deuil de leur père et trouvent les prix des cercueils très surfaits. Le travail du bois, ça les connaît. D’ailleurs, il leur faut à présent reprendre l’entreprise familiale d’abris de jardin. Ils investissent donc la pelouse d’une famille plutôt bourgeoise pour en construire un, immédiatement jugé nul à chier et inutile par la fille de la maison, Madeleine, au caractère résolument entier. Le comportement de celle-ci, qui fait des longueurs de piscine lesté d’un sac à dos empli de briques, laisse le plus jeune des frères, Arnaud, pour le moins rêveur et interrogateur. Un premier contact, très physique, a lieu lorsque Arnaud se trouve propulsé contre son gré dans un combat organisé en bord de mer, où un lieutenant recrute de jeunes candidats à un commando de survie. Madeleine, baraquée, tout en muscles, a largement le dessus jusqu’à ce qu’Arnaud ne la fasse céder traîtreusement par morsure. De quoi éloigner encore un peu plus du doux et lunaire Arnaud, cette drôle de fille qui a tout du garçon manqué, titulaire d’un master de macro-économie qui bien évidemment ne sert à rien, pessimiste quand au futur proche de la planète, àquoiboniste vis-à-vis de la vanité des agissements de ses contemporains, persuadée que l’apocalypse est pour demain.
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Bien décidée à suivre la formation, elle s’apprête à en baver en avalant à l’occasion un breuvage à base de maquereaux crus liquéfiés au blender. Une histoire mettant en présence deux caractères que tout oppose, c’est loin d’être nouveau, mais pour ces deux-là les mutations respectives s’avéreront peu ordinaires. Très relativement motivé par son travail d’assemblage de poutres, interpelé par le pragmatisme et les arguments massue de la donzelle en matière de fin du monde imminente, Arnaud plante son frère et nos deux engagés se retrouvent dans le train, direction le 1er régiment de paras. Toujours grande gueule, Madeleine s’y affrontera copieusement avec le lieutenant instructeur Schleiffer, avant que les deux enrôlés volontaires ne désertent pour organiser leur survie dans un petit coin de « paradis » improvisé. Un coup de poing, une caresse. Plus qu’une simple comédie, où le réalisateur passe d’un registre à l’autre avec une aisance peu commune, l’œuvre est lumineuse, à l’instar de ses acteurs, avec une mention très spéciale pour Adèle Haenel, actrice unique, tout en vigueur et en franc-parler. Tous deux magnifient des dialogues brillants d’un humour qui ne laisse aucune place au gag gratuit. Un film qui sonne juste et met dans le mille. Marie-Jo Astic
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1h38 - France - Scénario : Claude LE PAPE, Thomas CAILLEY - Interprétation : Adèle HAENEL, Kevin AZAÏS. |