Ardor |
Un justicier dans la jungle Forêt tropicale de Misiones en Argentine. Kaï (Gael Garcia Bernal), un jeune homme solitaire, assiste à l'attaque sauvage d'une ferme de tabac par des mercenaires qui kidnappent la belle Vania (Alice Braga) dont le père est assassiné sous ses yeux. Kaï se transforme alors en justicier et les traque un par un dans la jungle amazonienne... Auteur de L'Assaillant et La Sangre brota, deux films confidentiels à petits budgets, Pablo Fendrik a bénéficié de moyens plus confortables avec ce western coproduit par l'Argentine, le Brésil, le Mexique et la France. Le projet remonte à 2007, quand le réalisateur avait rencontré Gael Garcia Bernal à la Semaine de la Critique. Ardor, ambitieux sur le papier, ne tient pas ses promesses. L'œuvre se veut d’abord un pamphlet sur la façon dont les agriculteurs de la forêt tropicale argentine sont chassés de leurs terres par des mercenaires criminels travaillant pour des exploitants internationaux. Mais on est loin de la force politique de tout un pan du cinéma sud-américain, d’autant plus que l'outrance des situations rend la dénonciation inefficace. « Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film », affirmait Hitchcock. La bande de bourrins meurtriers qui commet ici ses méfaits donne raison au maître, mais on sauvera le personnage de Tarquinho, plus nuancé, et auquel le comédien de théâtre Claudio Tolcachir donne une certaine prestance. Ardor se veut ensuite une réflexion sur les rapports entre la nature et la civilisation. |
« Le film raconte la lutte entre l'homme et la nature, l'atmosphère conflictuelle de la frontière au sein de laquelle des signes apparents de progrès se heurtent à un état de nature vieux de plusieurs millions d’années », a en effet déclaré le cinéaste. Le héros en apparence positif n’est ainsi pas épargné : Kaï, plutôt asocial, mais choqué par la violence, va agir non pas en alertant la justice mais par un réflexe de révolte. Là encore, Fendrik donne un coup d’épée dans l'eau tant le propos n'est pas novateur. On sent par ailleurs que Fendrik voudrait donner une certaine majesté à son film, accentuant le caractère hostile de l’environnement naturel et humain, selon le modèle des grands classiques que sont Aguirre la colère de Dieu ou Délivrance. La comparaison écrase le cinéaste argentin. Quant au genre du western, il n’est guère renouvelé, Fendrik caricaturant le rythme lent du cinéma de Leone et la violence chorégraphique de celui de Peckinpah. Les ralentis emphatiques, la redondance de certains plans (les tigres à l’affût) et une mollesse ambiante empêchent l'adhésion du spectateur. Et il faut bien admettre que Gael Garcia Bernal, qui se contente de rouler de grands yeux effarouchés et de faire le beau auprès de Braga, n'était pas l'interprète idéal pour un rôle qui nécessitait une réelle présence physique. Ardor avait été sélectionné en séance spéciale du Festival de Cannes 2014. Il n'a pas été distribué dans les salles françaises et connaît seulement une exploitation en DVD et Blu-Ray, à l'initiative de Bac Films. Gérard Crespo |
1h41 - Argentine, France, États-Unis, Brésil - Scénario : Pablo FENDRIK - Interprétation : Gael GARCIA BERNAL, Alice BRAGA, Jorge SESAN. |