La Vénus à la fourrure |
Ah je vois ! vous avez vendu votre âme pour une allitération !
Doubler la Palme du Pianiste, pas évident, mais pourquoi pas ? Mais récompenser Emmanuelle Seigner aurait pu être à l’ordre du jour des délibérations, tant Polanski lui a offert un rôle enfin à sa mesure : troublante, érotique, son jeu animal colle au personnage inspiré par la Venus in fur de David Ives, face à un Mathieu Amalric en clone de Polanski, tous deux emportés dans une mise en scène rigoureuse et fluide à la fois, au service d’un texte hilarant de bout en bout, à la faveur de jeux de miroir dans lesquels se délectent les comédiens et du plaisir espiègle que prend le réalisateur de les y perdre. |
Après ? Eh bien après on serait tenté de citer les dialogues dans leur intégralité. Les expressions « nabillesques » de Vanda, opposées au velouté du texte original : « Vous voyez ce que j’veux dire ? » ; « Waouh ! Thomas ! ce passage, il est génial » ; « Si on veut mon cul, faut prendre tout ce qui va avec : c’est bien de ça que parle la pièce ?! » Tandis que Vanda décrypte, puis récrit la pièce à sa façon, règle les éclairages, fournit les costumes qui « le font », se glisse dans le rôle comme dans un gant, elle met Thomas à nu, qui, allant de surprise en surprise, se laisse totalement déposséder de son projet, posséder par une machiavélique inversion des rôles et prendre au piège du rapport domination-soumission : « Mais qui êtes-vous donc Frau Vanda Jourdain ? » Le fabuleux trio nous offre un grand moment de cinéma, de théâtre, de comédie et de rire. Marie-Jo Astic
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1h30 - France - Scénario : Roman POLANSKI, d'après la pièce de David Ives - Interprétation : Emmanuelle SEIGNER, Mathieu AMALRIC. |