Ma vie avec Liberace
Behind the Candelabra
de Steven Soderbergh
Sélection officielle
Hors compétition



Sortie en salle : 18 septembre 2013




J’adore donner du plaisir aux gens

Près de vingt-cinq ans après Sexe, mensonges et vidéo, il manquait à l’éclectique cinématographie de Steven Soderbergh cette facette indissociable de l’image que renvoie l’Amérique au monde : la démesure dans la réussite, le paroxysme dans le mensonge. Il offre à deux grands d’Hollywood (Michael Douglas et Matt Damon) ce qui sera peut-être le rôle de leur carrière, en retraçant avec une bienveillance affichée pour ses personnages la splendeur de Liberace, légende du music-hall, et son idylle avec celui qui aura sans doute été la plus aimée de ses nombreuses jeunes proies.

1977, Vegas. Sur une scène immense, Liberace le magnifique, tout en débauche de paillettes, satins et fourrures, parle et chante au piano où trône son fameux chandelier de cristal. Les notes déferlent, ruissellent, dégoulinent comme des rivières de strass, suscitant l’émoi de riches vieilles déguisées en arbre de Noël.

À l’issue du concert, bluffés par la performance, Bob et Scott vont le saluer dans sa loge, où la diva flashe sur le blondinet mignon et dodu à souhait. Devant la proposition alléchante que lui fait Liberace de devenir son secrétaire, et malgré l’évidence que le job comportera quelques à-côtés, Scott a tôt fait de donner son accord. Enfant adopté par les modestes Rose et Joe, il opère un grand écart entre le rudimentaire de la ferme de ses parents et l’inénarrable palacial kitsch de la demeure de son nouveau protecteur, où le mauvais goût atteint des sommets dans l’ostentation, alors que se noue une belle histoire d’amour et de tendresse.

L’humour est omniprésent, étayé de références cinématographiques ininterrompues que Liberace déverse avec opulence, à peu près comme il le fait de ses partitions.
Aimer même trop, même mal… Pendant deux ans, Scott est gâté jusqu’à la déraison, tout en devenant la cible de tous les caprices de son mentor et de sa prétention sans borne, jusqu’à faire appel à la chirurgie plastique pour que le protégé soit refait à l’image du maître.

Deux ans après, un certain Cary vient pourtant prendre la place de Scott. Viré de force, il s’accroche, ce qui nous vaut une scène qui n’est pas sans rappeler celle où Adèle se fait violemment lourder par Emma (La Vie d’Adèle).

Tenter d’atteindre l’inaccessible étoile… Liberace, lui, a atteint son rêve de toujours : accompagner la cérémonie des Academy Awards. Il peut mourir et c’est le sida qui s’en charge, maladie honteuse en ces années-là et totalement incompatible avec l’aura immaculée de l’idole… une vérité à occulter à tout prix.

Les dernières images nous renvoient au temps de la gloire de Liberace quand sur scène il chante The Quest (dont les sous-titres, au lieu de livrer le texte français original, transcrivent les paroles directement traduites du texte anglais ! Pauvre Jacques Brel…).

Marie-Jo Astic


 

 


1h58 - États-Unis - Scénario : Richard LaGRAVENESE - Interprétation : Michael DOUGLAS, Matt Damon, Dan AYKROYD, Debbie REYNOLDS, Rob LOWE, Scott BAKULA, Paul REISER.

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