All is lost
de J.C. Chandor
Sélection officielle
Hors compétition



Sortie en salle : 11 décembre 2013




Fuck !

Lorsque notre navigateur solitaire murmure ce Fuck, c’est déjà au moment où il a tout enduré, que sur son canot de survie il n’a plus une goutte d’eau non salée, plus une miette à avaler. La précédente parole prononcée fut un discret Shit ! alors que le canot a commencé de prendre l’eau. Fin de dialogue. On ne négocie pas avec la mer.

La voix off liminaire sonne comme un journal de bord autant que comme un testament : « Je suis désolé » … « J’ai essayé d’être fort, intègre, juste, d’aimer » … « J’ai lutté jusqu’à la fin » … « Je voulais être meilleur pour vous » … « Je suis désolé… » avant que le flash-back ne nous ramène huit jours en arrière.

1700 miles au large de Sumatra… une grosse et subite voie d’eau s’invite dans le carré. Un container Ho-Won à la dérive déverse sa cargaison de chaussures. La radio et toute l’électronique sont hors d’usage. C’est seul contre tout – le vent forcit, la tempête éclate –qu’il faut tenter de survivre.

Seul avec son savoir-faire, son ingéniosité, son sang froid : réparer le gelcoat, improviser une pompe à main, essayer de sauver ou réparer ce qui peut l’être, consulter les brochures spécialisées, boire un coup de whisky tant qu’il en reste, grimper au mât pour réparer l’émetteur, faire provision d’eau, se raser, braver les trombes d’eau pour arrimer le foc-tempête, tomber à la mer, remonter, récupérer le strict nécessaire avant que d’abandonner le navire pour investir le canot de survie. Tenter d’y pêcher, avant de se faire avaler sa prise par des requins, puis, arrivé au rail de circulation grandes lignes, faire des signes à un porte-container qui, sous pilote automatique, passe sans réaction, tout comme un énorme bateau de croisière. À bout de force et d’espoir, envoyer un SOS dans une bouteille à la mer…

All is lost est une double performance : celle de l’homme Robert Redford et de ses états d’âme, plus encore que de l’acteur, et celle de J.C. Chandor, dont la caméra est partout sans que jamais on ne la devine, au service de ce thriller de la mer dans ce qu’elle peut avoir de plus cauchemardesque.

Seul bémol (sans jeu de mot particulier) à ce formidable récit de la mort en face : la musique additionnelle bien inutilement anxiogène.

Marie-Jo Astic


 

 


1h45 - États-Unis - Scénario : J.C. CHANDOR - Interprétation : Robert REDFORD.

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