Polisse
de Maïwenn
Sélection officielle
En compétition
Prix du Jury




Sortie en salle : 19 octobre 2011




« Dès que y’a un gosse qui pleure, ça y est ! clac, clac, clac ! »

En implantant le personnage de Melissa –  son propre rôle (reporter pour le compte du ministère de l’Intérieur) – dans Polisse, Maïwenn fait par anticipation un pied de nez à ses futurs détracteurs. Et si elle-même avoue qu’il pourrait s’agir d’une erreur de casting –  tout de même rattrapée au montage – pour les pauses atones que le rôle génère dans une démonstration qu’elle aurait voulu tout en nerf et en tension, il se pourrait qu’elle se trompe, puisque ce personnage « voyeur » favorise d’autant mieux l’émergence principale de son propos : la passion pour leur métier des policiers de la Brigade de protection des mineurs, le ressenti face à leurs victoires et leurs défaites, les armes qu’ils fourbissent pour se protéger de la misère qu’ils côtoient au quotidien.

Sauvage, brut, le film tire justement ses qualités de ce que d’aucuns ont pris pour des défauts : « brouillon, immature » pouvait-on entendre. Après Pardonnez-moi et Le Bal des actrices, la jeune réalisatrice s’éloigne de l’autobiographie mais reprend ses thèmes : l’enfance, la maternité, la paternité.

L’humanité selon Maïwenn est bruyante, bavarde, à fleur de peau, violente, à l’instar de ses acteurs, qu’elle dirige avec une grande acuité. Un sans faute pour Karin Viard, Marina Foïs, Naidra Ayadi, Carole Rocher… et Emmanuelle Bercot, également coscénariste et codialoguiste. Mais une mention très spéciale pour Joey Starr et Frédéric Pierrot, qui crèvent l’écran.

Face à la pédophile qui frappe partout, à la mère dangereuse - antécédents psy - toxico, à celle qui doit se résoudre à l’abandon, à celle encore qui ne comprendra décidément jamais rien, aux parents esclavagistes, la brigade, avec des moyens dérisoires, multiplie enquêtes, auditions, interventions sur le terrain, procédures d’urgence, interpellations… En exutoire aux infinies précautions à observer lors des entretiens avec les très jeunes enfants, à la maîtrise qu’il faut garder quoiqu’on entende, le parler cru, les engueulades, les pétages de plomb et quelquefois les fous rires procurent les respirations nécessaires et donnent à Polisse son empreinte spécifique par rapport aux innombrables reportages et documentaires qui fleurissent sur le sujet. C’est là que Maïwenn réussit parfaitement sa peinture d’une Île aux enfants un peu différente que celle que chante l’ouverture du film.

Marie-Jo Astic


2h14 - France - Scénario : MAIWENN, Emmanuelle BERCOT - Interprétation : MAIWENN, Karin VIARD, Riccardo SCARMACIO, Marina FOIS, Nicolas DUVAUCHELLE, Sandrine KIBERLAIN, Jérémie ELKAIM, Joey STARR, Naydra AYADI, Carole ROCHER, Frédéric PIERROT.

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