Pater |
« Tout est faux, c'est du cinéma ! » Bel objet atypique, comme souvent chez Cavalier, Pater s'inscrit dans la lignée d'un cinéma décloisonnant fiction et documentaire et alliant réflexion artistique et politique. Un projet ambitieux sur lequel beaucoup ont ou auraient trébuché, et que le cinéaste maîtrise de bout en bout. On jubile près de deux heures face un Cavalier incarnant rien que moins le président de la République, et dialoguant avec un Vincent Lindon nommé chef de gouvernement... Loin de l'émotion autobiographique du Filmeur et de Irène, le cinéaste opte pour le dispositif du work in progress qui dépasse largement le cadre étriqué de l'exercice de style. De la dispute entre Lindon et un propriétaire d'immeubles rapace à l'évocation d'une photo compromettante non divulguée au nom de la dignité de l'adversaire politique, Pater est une succession de saynètes intelligentes à l'humour décalé jouissif, et qui trouve de glaciales résonances dans l'actualité. |
Vincent Lindon, acteur populaire et comédien subtil, se meut avec délectation de ce jeu de mise en abîme alternant improvisation et préparation, sincérité et artifice, premier et second degrés. À l'image de Catherine Deneuve accompagnant les cinéastes libanais de Je veux voir, Lindon est ici le partenaire complice d'Un étrange voyage filmique, ses échanges avec le cinéaste culminant dans un face à face final : "Tout est faux, c'est du cinéma !", affirme Cavalier ; ce à quoi Lindon lui rétorque :''Non, c'est vrai puisque c'est du cinéma !". Jeux de mots et jeux de rôles se répondent ainsi dans ce que Thierry Frémeaux, délégué général du Festival, avait à juste titre présenté comme "l'une des choses les plus bizarres de l'histoire du Festival". Gérard Crespo |
1h45 - France - Interprétation : Vincent LINDON, Alain CAVALIER. |