Oslo, 31 août
Oslo, 31. August
de Joachim Trier
Sélection officielle
Un certain regard



Sortie en salle : 29 février 2012




« J’ai toujours pensé que les gens heureux étaient bêtes »

Inspiré du Feu Follet de Drieu la Rochelle, que Louis Malle tourna en 1963, Oslo, 31 août explore une crise existentielle, un accès de mélancolie et un excès de solitude dont l’issue donne la matière des premiers plans d’un film soigné aux accents bressonniens.

Avant cela, des voix amies se souviennent, racontent le disparu et tentent de mesurer la souffrance qui l’a amené à mettre fin à sa route ce 31 août, tout en entretenant le ton de la fatalité.

Une semaine plus tôt, Anders, en fin de cure de désintoxication, se rend en ville pour passer un entretien d’embauche, dont l’issue est précipitée par son incapacité et son aversion à expliquer le trou de deux ans qui tronque un curriculum vitæ pourtant plus qu’honorable.

Ces deux ans de plongée aux enfers, puis de tentative de rémission, représentent pour Anders un obstacle infranchissable qui se dresse sur la voie d’une vie « normale », celle de ceux qui travaillent, celle que mènent ses amis, et surtout sur la voie d’un quelconque futur dont il se sent irrémédiablement exclu, d’une réconciliation avec sa sœur et ses parents, de retrouvailles avec Iselin, d’un nouvel amour.

Les projets ne sont pas pour lui, sa sœur Nina lui envoie une émissaire, il ne reverra pas son amie de cœur. Anders fait peur, tout autant qu’il a peur, persuadé que la vie ne veut plus de lui.

Sur une mise en scène bien réglée, mettant en situation les scènes de vie faussement anodines avec les « vivants », les images chaotiques viennent lancer les appels au secours et ce sentiment obsédant de s’être perdu et d’un immense gâchis. Le crescendo avance avec la nuit qui décidera ou non d’un improbable lendemain.

Cette errance, cette quête désabusée, cette manière d’adieu désespéré que fait Anders à sa ville, Joachim Trier les filme avec une extrême finesse, la caméra tenant toujours son personnage à distance, pour mieux l’enfermer dans son isolement. C’est en toute sobriété qu’il renvoie le vide de l’écho au cri qu’Anders lance vers les siens, vers son enfance, vers sa désespérance.

Marie-Jo Astic


1h35 - Norvège, - Scénario : Joachim TRIER, Eskil VOGT - Interprétation : Anders DANIELSEN LIE, Hans Olav BRENNER, Ingrid OLAVA.

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