Blue Valentine |
Nous ne vieillirons pas ensemble Second film de Derek Cianfrance, Blue Valentine est un exercice de style éblouissant tout autant qu'un mélodrame populaire de qualité. L'originalité du scénario et du montage réside dans la juxtaposition de deux récits : celui de la rupture d'un couple, et, en flash-back, l'histoire de leur rencontre coup de foudre. Moins radical que 5x2 (François Ozon, 2004), dont la narration inversait la chronologie, Blue Valentine réussit à émouvoir au premier degré, tout en suscitant un décalage vertigineux du fait de l'ellipse majeure ne permettant pas de cerner les véritables raisons d'une usure conjugale. À cet égard, la séquence de la nuit d'hôtel de la dernière chance est le sommet du film, par sa violence contenue accentuée par des décors criards. |
Le jeu des acteurs n'est pas pour rien dans la réussite d'une œuvre qui joue sur les ruptures de ton et le décalage temporel : Michelle Williams (nommée aux Oscars pour ce rôle) et Ryan Gosling (Drive), sans céder à la tentation de la performance, forment un beau couple de cinéma. Ils servent à merveille une mise en scène fluide et intelligente permettant la synthèse du cinéma indépendant (Cassavetes, John Sayles) et d'un certain romanesque hollywoodien, tout en se référant aux grands classiques européens de l'incommunicabilité (Antonioni, Pialat). Voilà donc un bien joli film hors normes et attachant ; on peut trouver curieux qu'après sa présentation au Festival de Cannes, nos distributeurs aient attendu un an pour le sortir en salles. Gérard Crespo
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1h34 - Etats-Unis - Scénario : Derek CIANFRANCE, Joey CURTIS, Cami DELAVIGNE - Interprétation : Michelle WILLIAMS, Ryan GOSLING, Mike VOGEL, John DOMAN, Ben SHENKMAN. |