Whisper with the Wind |
Des messages dans la plaine Une plume de colombe. Des fers barbelés. La paix menacée. Voilà le thème qu’a choisi Shahran Alidi pour ce long-métrage traitant de la persécution du peuple Kurde en Irak. Le principal intérêt de ce film réside dans son esthétique impressionnante. De ces images d’une beauté extraordinaire se dégage également un poésie magnifique qui s’accorde parfaitement avec la musique envoûtante transmettant tantôt l’espoir, tantôt la douleur. Même la mort semble être d’une esthétique, certes terrible, mais également admirable. À travers les gros plans sur les visages, les émotions sont exposées au spectateur, sans toutefois motiver l’apparition des siennes. Le protagoniste, Mam Baldar, est un messager d’espoir, tel Pégase fixé au capot de sa voiture. Il est indispensable à la vie quotidienne du peuple dont il est l’unique moyen de communication. La voix des proches, est, dans ces situations de vie précaires, la seule source d’espoir. Ces paroles enregistrées constituent en réalité les seules paroles de Sirta la gal ba. Ces soixante dix-sept minutes sont d’une indéniable beauté. Il est malgré tout regrettable que le thème ait été traité d’une manière aussi abstraite. En effet, un spectateur n’ayant aucune connaissance spécifique sur le conflit entre Kurdes et Irakiens pourrait se retrouver confronté à quelques problèmes de compréhension. Une image spécifique nous restera malgré tout en mémoire : celles des routes qui s’étendent vers l’infini, qu’il faudra parcourir dans l’espoir d’un avenir meilleur. Marie Kolbenstetter, Lycée Bartholdi de Colmar Le cri d'un nouveau né signe la renaissance du monde Un film fort et beau qui décrit l'itinéraire, le carnet de voyage d'un messager qui a pour mission d'enregistrer le premier cri d'un enfant. Le titre Sirta la gal ba – à traduire Des murmures dans le vent - s'explique par les différents plans filmés à travers des éléments comme de l'eau ou de la fumée, et par le son de la radio qui sillonne le Kurdistan avec Mam Balda, le héros du film. Tout est extrêmement bien filmé. Chaque plan pourrait être regardé au cinéma comme on contemple un tableau dans un musée, avec de grands yeux écarquillés. La quasi totalité des scènes a été tournée à l'extérieur, la lumière est donc remarquable et les paysages époustouflants. Alliées à la perfection de la musique, les émotions des personnages submergent le spectateur. On comprend la misère, la désolation, le désarroi sans que le film ne tombe une seule fois dans un pathétique redoutable. On dénote certains symboles forts : une plume de colombe sur un barbelé, message d'espoir face au génocide kurde ; un arbre auquel sont pendues des radios, image représentative de la culture orale et seul moyen de communiquer au Kurdistan en temps de guerre ; le cri d'un bébé, symbole de communication avec le monde extérieur. Le film a un côté documentaire : les situations sont réelles, les messages forts et la question de la liberté de l'information dans ces régions du monde y est très intelligemment posée. Shahram Alidi, à la fois réalisateur et scénariste, a décidé de ne pas donner à son film une construction classique (problème posé au début du film et résolu à la fin). Il y a très peu d'action à proprement parler, mais le film n'en est pas pour autant sans intérêt. Il nous invite à voir de splendides images et à entendre des sons venus d'ailleurs, des murmures dans le vent.
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Pigeon, va fourrer ton bec ailleurs ! Dur à entendre pour quelqu’un qui sacrifie sa vie à transmettre les messages des gens qu’il rencontre… Car oui, Mam Baldar est « facteur » mais pas tout à fait comme on l’entend : ce ne sont pas des lettres qu’il transporte mais des cassettes. Sillonnant villes et villages dans son camion, il n’est accompagné que de sa radio qui lui permet d’enregistrer quiconque le souhaite. Ainsi, il rassemble les témoignages d’une vie dure et crue que la guerre entre les Kurdes et l’Irak est loin d’améliorer…. C’est ce conflit que nous présente Shahram Alidi dans son dernier film,cependant loin d’être violent. Car si ce sujet est évoqué, il est traité de manière douce et poétique. Aucun acte brutal n’est montré à l’écran. On n’a pas besoin de voir la souffrance pour la sentir. Un arbre se dresse au milieu d’un champ. On s’approche. Un homme est ficelé au tronc. Des radios sont suspendues aux branches et produisent un brouhaha infernal. Ca grésille. Ca fait mal. On se tortille dans son fauteuil, mal à l’aise. Le « sorna » émet un cri et lance une musique joyeuse. L’atmosphère est détendue et l’on assiste à un mariage. La vie semble reprendre le dessus. C’est à travers toutes ces scènes parfois farfelues – comme un coiffeur installé au milieu de nulle part - que le réalisateur nous délivre un message d’union et de résistance. Un vieil aveugle est assis dans le noir. On lui rend visite, il renseigne. Les fréquences censurées, lui, il les connait… Ce sont des personnages rocambolesques que l’on suit au milieu de paysages irakiens grandioses soulignés par le cinémascope. Désertiques, ils sont éloquents. Les acteurs y évoluent de manière sincère et profonde. Le jeu de lumière sublime le tout. On est scotché devant de vraies peintures. Un trait presque droit, une croix, un bras. C’est une page d’histoire que l’on connait mal. Tous ces conflits, on en entend parler mais de loin. Tous ces barbelés, on ne les voit pas. Toutes ces personnes qui errent entre deux frontières, jamais. C’est peut être grâce au petit budget accordé à l’œuvre que l’on nous expose une vision concrète et sincère d’événements flous et lointains. Shahram Alidi réussit son coup, des messages passent –ne pas jouer en tongs sur un terrain de foot - et l’on est remué et attendri par l’histoire de ce vieil homme. Un bébé hurle. Espoir ? Désespoir ? Mais qui a dit que « le facteur n’est pas passé » et qu’ « il ne passera jamais » ? Inès L’Hénoret, Lycée Paul Valéry de Sète
Mon Dieu, viens-moi en aide ! Messager de l’espoir durant le génocide irako-kurde, il enregistre des sons, des paroles sur sa radio, qui doivent être écoutés par des destinataires de toute part dans le pays. Le réalisateur, Shahram Alidi, joue avec la transparence des plans : les fumées opaques et le verre, s’interposent entre le spectateur et le paysage, métaphorisant le vent, thème apparent dans le titre. Le réalisateur, dans son premier long métrage, choisit d’aborder des thèmes politiques, notamment la guerre, mais de façon implicite : on ne verra pas d’images de combat, d’affrontement ou de persécution. On nous montrera simplement des maisons dévastées, un cimetière pillé, des radios confisquées. Les paysages prennent des allures de peinture aux couleurs chatoyantes. La musique, très travaillée, est en harmonie avec les images et donne une dimension poétique au film. Beaucoup d’émotions sont perceptibles dans ce long métrage mais tout en finesse : on éprouve de la compassion pour les personnages pourtant loin d’être pathétiques. Un film touchant, dont les images sont d’une rare beauté, et qui dénonce la guerre de manière recherchée et implicite. Laura Desèbe et Marlyne Spendeler, Lycée Louis Armand de Chambéry
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1h27 - Irak - Scénario : Shahram ALIDI - Interprétation : Omar CHAWSHIN, Maryam BOUBANI, Fakher Mohammad BARZANI, Valid Marouf JAROU, Moharam Hossein GADER. |