Enter the Void
Soudain le vide

de Gaspar Noé
Sélection officielle
palme

Sortie en salle : 5 mai 2010




Fluides fatals

Gaspar Noé, c’est bien connu, on adore ou on déteste. On a donc adoré Seul contre tous, pour arriver, via Irréversible à la détestation de Sous le vide, titre ô combien révélateur et dont il eut été préférable de conserver la version originale, soit Enter the void, puisqu’après tout ce méga bad trip halluciné et déchirant est présenté en anglais.

Hurlant, aveuglant, éreintant, crasseux, glauque, Sous le vide gagne haut la main du film interminable. Pour ceci et sans doute quelques autres excellentes raisons, le protocole en charge de la présentation a jugé opportun de faire sortir les deux acteurs enfants (interprètes d’Oscar et de Linda dans leur jeune âge) avant le lancement de la bobine.

Au cours de ces presque trois heures de fautes de goût, qui auraient grandement contrarié le George Palet des Herbes folles, quasiment deux heures proposent un florilège d’écrans : noir, blanc, rouge, halluciné d’artifices, fluorescent de pieuvres et méduses stroboscopiques…

Entre temps, Noé, tout en essayant en vain de vampiriser Kubrick, prend son public pour des cobayes sur lesquels il teste des “trucs” prêt-à-choquer, qui foirent lamentablement. Fluides en tout genre au menu : curetage et son fœtus bougeant sur haricot, pipes lumineuses, orgasmes incandescents, bite en action in utero façon endoscopie, invasion de spermatos…

Afin toutefois de donner l’illusion d’une certaine cohérence aux effets récurrents, persistants et dévastateurs du MDMA, notre planant cinéaste utilise la méthode des trous, à savoir : un trip – un trou, qui trace un itinéraire original par voie d’entrées et sorties plus variées les unes que les autres : trou de balle, ampoule le lampe, urne funéraire, brûleur de gazinière…

C’est l’histoire de deux enfants dont les parents sont morts dans un crash de voiture et qui se sont jurés de ne pas se quitter. Après l’avoir pourtant fait, ils se retrouvent à Tokyo, où Oscar, grand camé, attend Linda, dès lors gogo-danseuse en puissance. Étant entré au Void pour un deal, Oscar en sort les pieds devant et Linda est alors censée pleurer beaucoup, bien que la bombe sexuelle Paz de la Huerta semble peiner à réussir un tel exercice d’actrice. Mais cette fois-ci ils ne se quitteront pas, car Oscar, dont à part un effet de miroir on ne connaissait jusqu’à présent que la nuque, a une âme que Linda ressent confusément planer au-dessus d’elle. Son frère devient alors voyeur de ses moindres faits, gestes et autres gesticulations au Love Hotel. Et finalement tout se termine bien puisque Linda a un bébé avec Alex, un pote très sympa que son frère lui conseillait depuis le début, au lieu de se maquer avec ce Mario…

Marie-Jo Astic


2h30 - France - Scénario : Gaspar NOE - Interprétation : Nathaniel BROWN, Paz de la HUERTA, Cyril ROY, Emily Alyn LIND, Philippe NAHON.

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