Samson et Delilah
Samson and Delilah
de Warwick Thornton
Sélection officielle
Un certain regard

Caméra d'or
palme
Sortie en salle : 25 novembre 2009




Chiens perdus sans collier

Samson et Delilah cerne deux adolescents aborigènes qui seront rejetés par une communauté elle-même perdue au sein du désert de l'Australie centrale. Le jeune homme se réveillait chaque matin au son de la musique pop tout en inhalant de l'essence pour combler la monotonie quotidienne ; la jeune fille s'occupait de sa grand-mère souffrante jusqu'à sa mort. Expulsés du village, ils se rendent dans une agglomération urbaine. C'est alors le début du repli sur soi, de la mendicité et de la désaffiliation menant à la déchéance...

Loin de la métaphore biblique à laquelle le titre pouvait laisser songer, le récit fait de Delilah l'archétype du rôle assuré par ses pairs dans la société aborigène : le soutien aux proches ; après la grand-mère malade, ce sera au tour de Samson miné par l'alcool, la solitude et le désespoir. Elle-même tabassée, violée et rejetée, Delilah témoigne d'une force morale exemplaire, n'hésitant pas à assumer a fonction masculine de chasse au kangourou quand elle seule sera en état de le faire.

Nul doute que ce premier film sincère et respectable propose une réflexion louable sur l'art aborigène et son exploitation lucrative par des galeristes bobos (les œuvres picturales produites par la grand-mère se revendent à prix d’or sur le marché de l’art, quand Delilah peine à proposer ses dessins sur les terrasses des cafés...). On admettra aussi que Warwick Thornton sait filmer l'ennui, le vide de l'existence, et l'incommunicabilité, ignorant le hors-champ, et ce près d'un demi-siècle après L'Avventura. Mais suite à maints films sur l'adolescence flouée, et les éclatantes réussites de Los Olvidados, Rosetta ou Sweet Sixteen, qu'apporte de plus cette œuvre consensuelle, révélatrice d'un certain « cinéma de festival » ? On eut aimé voir primer un premier long métrage plus personnel et défiant les canons de l'esthétiquement et politiquement correct.

Gérard Crespo


1h41 - Australie - Scénario : Warwick THORNTON - Interprétation : Rowan McNAMARA, Marissa GIBSON, Mitjili Napanangka GIBSON, Scott THORNTON, Matthew GIBSON.

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