Humpday
de Lynn Shelton
Quinzaine des réalisateurs
palme



Sortie en salle : 16 septembre 2009


Le premier mec qu'on a pris dans ses bras

Le premier thème développé n’est pas nouveau et le rapport Kinsey, créant quelque remous dans Landerneau, établissait déjà en 1948 que l’homosexualité était patente chez tout être humain. Le second, qui invite à se tirer, se barrer, se tailler, foutre le camp… bref à passer le pont et franchir le pas était également un des leitmotiv de ce Festival. Lynn Shelton croise les deux dans cette comédie très (trop) estampillée cinéma indépendant américain et par le biais d’un argument assez original.

Pour atteindre les conventions du bonheur auquel tout un chacun aspire, ne manque plus à Ben et Anna qu’un bébé, dernière étape à laquelle s’emploie Anna avec la redoutable pugnacité que l’on reconnaît chez la femme en de telles circonstances, la réussite du projet induisant forcément des comportements qui donnent l’illusion qu’ils sont peut-être encore amoureux. Andrew, vieux copain qui débarque à l’improviste chez le couple au milieu de la nuit, tombe donc à pic et offrira, sans préméditation aucune, l’occasion de tester la solidité de cet amour-là.

Il entraîne Ben à la villa Dionysos (on commence déjà à pressentir une certaine lourdeur de l’humour made in USA) dans une soirée branchée baba, mœurs libérées et compagnie : de fumette en picole, on en arrive à l’inévitable pari stupide. Le deal : deux hétéros, en l’occurrence Ben et Andrew, feront l’expérience d’une relation homo, mais, last but nos least, dans le cadre du Humpday de Seattle, festival de vidéos amateur proposant pléthore d’expériences sexuelles aux fins d’un soit disant projet artistique. Rendez-vous est pris le lendemain. Et, à jeun, dans une petite chambre d’hôtel dépersonnalisée, il faut avoir les c… que les deux amis n’auront pas. En revanche, le désir sera bien au rendez-vous, qui suscitera chez Ben en particulier certains états d’âme et quelques velléités de remise en question.

De préparatifs en accomplissement, le scénario ménage des scènes d’humour plutôt réussies bien que convenues, tandis que les dialogues pourtant serrés ont du mal à s’extirper d’une certaine platitude.

Il reste que, bien qu’opérant sur le terrain du tout permis organisé, Humpday tente une jolie variation sur la solitude et la peur extrême où la réalisation de leurs envies, leurs désirs, leurs rêves plonge bêtement nos contemporains.

Marie-Jo Astic


1h34 - Etats-Unis - Scénario : Lynn SHELTON - Interprétation : Mark DUPLASS, Joshua LEONARD, Alycia DELMORE, Lynn SHELTON, Trina WILLARD.

ACCUEIL

RETOUR A LA LISTE DES FILMS